ça existe aussi chez l’homme

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Quelle est la proportion de cancers du sein chez les hommes par rapport à tous les cancers du sein ?

Dr Alessandro Viansone : Le cancer du sein masculin reste rare, représentant moins de 1 à 2 % de tous les cancers du sein. Ces statistiques proviennent principalement des pays occidentaux, dont l’Amérique du Nord. Dans les pays les moins développés, elle est encore sous-diagnostiquée car elle n’est pas systématiquement prise en compte et les moyens de diagnostic font défaut.

Quels hommes sont touchés par le cancer du sein ?

Elles ont généralement plus de 60 ans, ce qui contraste avec les femmes où le dépistage se concentre sur la tranche d’âge de 50 à 70 ans. Cependant, cette possibilité ne doit pas être exclue chez les hommes jeunes.

Les facteurs de risque sont connus, comme la consommation d’alcool, notamment en cas de cirrhose. Cela peut endommager le foie, augmenter les niveaux d’œstrogènes et abaisser les niveaux d’androgènes, ce qui augmente le risque de cancer du sein. Par ailleurs, la gynécomastie, ou développement excessif des seins chez l’homme, est un facteur de risque, au même titre que l’obésité ou certains problèmes testiculaires comme la cryptorchidie (testicule non descendu).

L’augmentation de certains facteurs de risque couplée à une meilleure détection signifie que le nombre absolu de cancers du sein chez les hommes va probablement augmenter.

La génétique joue-t-elle un rôle majeur dans la survenue du cancer du sein chez l’homme ?

Les mutations génétiques semblent en effet jouer un rôle important dans ce type de cancer, et a priori encore plus que chez la femme. Environ 15 à 20 % des cancers du sein chez l’homme sont liés à des mutations génétiques. Mais le taux exact reste à déterminer.

Je m’explique : jusqu’à récemment, les tests génétiques étaient réservés à certains types de patients, notamment les jeunes femmes ou les cancers triples négatifs.

Depuis 2022, et l’arrivée des traitements ciblant les mutations génétiques, des tests sont prescrits à la plupart des patientes atteintes d’un cancer du sein. Ainsi, d’ici cinq ans, nous aurons une idée plus précise de l’incidence de ces mutations dans la population générale. Et donc aussi chez l’homme.

Les cancers du sein chez l’homme sont-ils les mêmes que chez la femme ?

Le principal type histologique de cancer du sein chez l’homme est le carcinome canalaire infiltrant, qui représente environ 85 % des cas. Ce type de cancer est également fréquent chez la femme, où il constitue la majorité des cancers du sein, mais dans des proportions différentes. Chez la femme, environ 70 à 75 % des cancers du sein sont des carcinomes canalaires infiltrants, tandis que les 25 à 30 % restants comprennent des carcinomes lobulaires, des carcinomes in situ et d’autres types de cancer. 90 % de ces cancers sont hormono-dépendants.

Pourquoi le carcinome canalaire est-il si fréquent ?

Il semble que cela soit en grande partie lié aux caractéristiques biologiques du tissu mammaire, tant masculin que féminin. Quoi qu’il en soit, la distinction entre les types de cancer (canalaire ou lobulaire) n’a pas encore d’impact majeur sur les traitements actuels, mais les recherches se poursuivent. Homme ou femme, le traitement est principalement déterminé par l’expression des récepteurs hormonaux, le statut HER2 et les cancers dits « triples négatifs ».

Nous traitons donc le cancer du sein masculin de la même manière que le cancer du sein féminin ?

En termes de traitement et donc lié au profil hormonal, on considère l’homme comme une femme préménopausée, prescrivant principalement du tamoxifène, un anti-œstrogène. Lorsqu’il s’agit de chimiothérapie ou de thérapies ciblées, par exemple dans le cas des cancers triples négatifs ou HER2 positifs, ce sont les mêmes

soins pour hommes et femmes. Lorsqu’un homme présente des symptômes évocateurs d’un cancer du sein, la démarche diagnostique inclut nécessairement la recherche de mutations génétiques.

C’est sur le plan chirurgical qu’il y a une différence : chez la femme, on privilégie souvent la tumorectomie, qui consiste à enlever uniquement la tumeur tout en préservant le reste du sein. Chez l’homme en revanche, la mastectomie est généralement choisie d’emblée, car la glande mammaire est plus petite, ce qui permet de l’ablation dans sa totalité avec des résultats esthétiques moins impactants que chez la femme.

Qu’en est-il du pronostic du cancer du sein chez l’homme ?

Le pronostic dépend essentiellement du type de cancer traité, tout comme chez la femme. Les traitements récents ciblant les mutations génétiques (thérapies ciblées) ont un impact considérable sur le pronostic du cancer du sein. Ces avancées thérapeutiques réduisent non seulement le risque de récidive, mais améliorent également la survie globale des patients. Tant chez les hommes que chez les femmes.

Les chiffres varient en fonction de l’histologie et du stade de la maladie au moment du diagnostic. Pour les cancers du sein détectés à un stade précoce (stades I et II), la survie globale peut atteindre entre 60 et 98 %, selon les sous-types histologiques, qu’il s’agisse de cancers HER2-positifs (le plus fréquent chez l’homme), triples négatifs ou hormono-dépendants. .

En revanche, pour les cancers du sein métastatiques, la situation est plus préoccupante, avec une survie globale de l’ordre de 30 à 50 % sur cinq ans, tous sous-types confondus. Cette différence met en évidence l’importance cruciale d’un dépistage précoce, que l’on soit une femme ou un homme.

Quels sont les signes chez l’homme ?

Chez l’homme, même si un dépistage systématique n’existe pas, la glande mammaire étant moins développée, la palpation d’une masse ou d’une grosseur est souvent plus évidente. C’est aussi pourquoi on découvre moins de cancers au stade métastatique chez l’homme. Les symptômes sont identiques à ceux de la femme : masse, écoulement du mamelon, rougeur du sein.

Si tel est le cas, rendez-vous chez le médecin généraliste, car il n’existe pas d’équivalent « gynécologue » pour les hommes. Le parcours de soins sera alors identique et dans les mêmes centres que ceux suivant les femmes. Une fois en rémission, le suivi est également identique à celui des femmes : une mammographie annuelle sur le sein « controlatéral » (qui n’a pas été touché par le cancer).

Il est donc essentiel que tout homme, surtout de plus de 60 ans, qui constate une masse mammaire, consulte rapidement un professionnel de santé. Une échographie peut permettre de déterminer la nature de cette masse (kystes, anomalies bénignes, tumeur). De plus, une IRM peut aider à clarifier la nature de ces anomalies. Si une masse est suspectée, une biopsie sera réalisée pour confirmer le diagnostic par analyse histologique. Et une cytoponction des ganglions lymphatiques de l’aisselle, éventuellement si des métastases sont suspectées.

Les enfants d’une femme ayant eu un cancer du sein avec mutation génétique présentent-ils les mêmes risques, qu’ils soient filles ou garçons ?

Oui. Si une mère ayant eu un cancer du sein est porteuse d’une mutation génétique, comme celle des gènes BRCA1 ou BRCA2, la probabilité de la transmettre à ses enfants est la même (50 %), qu’il s’agisse d’une fille ou d’une mère. ‘un garçon. Ces dernières présentent une susceptibilité accrue au cancer du sein.

En pratique, lorsqu’une mutation est détectée chez la mère, le service de génétique recommande d’évoquer cette situation avec les enfants. Ces derniers, âgés de 18 à 25 ans, peuvent, s’ils le souhaitent, prendre l’initiative de consulter le service de génétique pour évaluer leur propre risque.

 
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