Guidon, fer à cheval, trait de crayon, croc, style anglais… Une fois de plus, la moustache, quelle que soit sa forme, fait son grand retour cet automne. Si le nombre de «moustache» explose ces jours-ci, n’y voyez pas un excès de virilité. Le retour de la pilosité faciale chez les hommes se veut avant tout protestataire et s’inscrit dans la campagne Movember. Contraction de la moustache et novembre, cette opération organisée par la Fondation Movember Charity, depuis 2003, encourage les hommes à laisser pousser leurs cheveux pendant quatre semaines.
Son objectif principal est de sensibiliser les hommes aux maladies masculines. Concrètement, cela les incite à prendre soin de leurs attributs. Tout comme Octobre Rose, la campagne de dépistage du cancer du sein, les hommes sont encouragés à surveiller leur prostate et leurs testicules.
“La mortalité devrait même baisser”
Avec 59 800 nouveaux cas traités en 2018, le cancer de la prostate est le plus fréquent chez les hommes. Avec un décès toutes les heures suite à un cancer de la prostate, selon l’alerte de l’Association française d’urologie, on comprend mieux l’urgence d’en parler.
Situé sous la vessie, il fait parler de lui à l’approche de la soixantaine. “C’est une maladie des personnes âgées. L’augmentation de l’espérance de vie et un diagnostic de plus en plus précoce expliquent l’augmentation de son incidencedéveloppe le Docteur Jochen Walz, chirurgien-urologue à l’Institut Paoli-Calmettes de Marseille. En revanche, la mortalité est stable, elle devrait même baisser.“
Asymptomatique, le cancer de la prostate est souvent découvert fortuitement lors d’une prise de sang de PSA (antigène spécifique de la prostate) ou suite à des troubles urinaires. “Une envie d’uriner fréquemment est souvent un motif de consultation», concède le spécialiste, mais il n’y a pas vraiment de lien de cause à effet établi.
Un autre problème est le niveau de PSA. Il faut se méfier de ce dernier. Cela nous donne une probabilité, jamais une certitude. Cela fluctue en fonction de notre mode de vie. “Faire du vélo, avoir une relation… influence le résultat. En revanche, une IRM permet de mieux identifier le patient à risque et ainsi d’éviter le surdiagnostic et le surtraitement. C’est l’un des objectifs à améliorer dans la prise en charge de cette pathologie.“
Concernant la stratégie de soins, le choix est adapté au cas personnel de chaque patient du lieu, sa localisation, sa gravité. “Dans une grande majorité des cas, nous devons le surveiller par des examens réguliers. Nous ne réagissons que si la maladie change de caractère. Pour les formes locales agressives, la chirurgie constitue le traitement de référence. L’apparition de la chirurgie robotisée, devenue la norme du geste chirurgical, a eu l’avantage de réduire ces effets secondaires comme l’incontinence urinaire ou les troubles de la fonction érectile. Nous essayons de trouver le bon compromis, les bénéfices risques.»
Autre avancée notable avec la radiothérapie stéréotaxique qui permet d’irradier la tumeur avec une efficacité optimale et de réduire le nombre de séances : «Cinq à sept jours contre sept semaines auparavant.»
Pourtant, bien que le cancer de la prostate soit plus fréquent chez les hommes d’âge mûr, son pronostic est très bon. 95 % des personnes diagnostiquées sont en vie cinq ans plus tard et 80 % dix ans plus tard.
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