Au Printemps des Comédiens, le théâtre est en fête, de Tchekhov à Atrides

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Muriel Sago dans « Gaviota (Seagull) », de Guillermo Cacace, en mai 2024, à la salle Apacheta, à Buenos Aires. PIZZO FRANCISCO CATROS

L’air était frais, pour ne pas dire frais, sous la magnifique pinède du Domaine d’O à Montpellier, où professionnels et spectateurs ont pris plaisir à se retrouver pour les deux soirées d’ouverture du Printemps des Acteurs, jeudi 30 et vendredi 31 mai. Et ce fut une belle ouverture, qui offrait des joies variées de découverte et de retrouvailles avec des valeurs sûres, à l’image du cocktail soigneusement dosé offert par le festival jusqu’à sa clôture le 21 juin. Formidable découverte, avec Gaviota (Mouette), signé par l’Argentin Guillermo Cacace. Joyeuses retrouvailles avec les Atrides et Jean-François Sivadier pour Portrait de famille. Une histoire des Atréidesun spectacle positivement brillant, élevant les standards du théâtre populaire.

Lire le rapport : Article réservé à nos abonnés Au Printemps des Comédiens, Cyril Teste invoque les monstres de « Platonov »

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Sur l’autre rivela pièce de Cyril Teste d’après Platonov, de Tchekhov, a souffert pour sa première montpelliéraine des conditions de représentation en plein air dans l’amphithéâtre du domaine, pénalisée par un mistral pas vraiment gagnant. On reviendra sur ce spectacle plus que prometteur lors de sa représentation au Théâtre des Amandiers de Nanterre (Hauts-de-Seine), en salles, à la rentrée.

Le festival a commencé dans une cabane, avec ceci Gaviota également adapté de Tchekhov, qui a saisi les tripes et le cœur des spectateurs. Rien de plus simple pourtant, en apparence, que cette proposition du metteur en scène Guillermo Cacace, qui a fondé, en 2003, à Buenos Aires, un studio de création et de recherche théâtrale. Lorsqu’on entre dans la cabane Napo, cinq actrices sont déjà assises autour d’une grande table parsemée de verres et de paquets de chips, et nous nous asseyons à leurs côtés, dans une proximité qui serait celle d’une rencontre entre amis.

Intensité du jeu

C’est peu dire que Guillermo Cacace ramène La Mouette à son essence, en le concentrant sur ses cinq protagonistes majeurs : Nina, Kostia, Arkadina, Boris et Macha. Macha qui, ici, devient le personnage principal, en qui s’incarnent à la fois la douleur d’aimer sans retour et celle de ne pas avoir accès à la transcendance qu’offre l’art : un de ces « personnages secondaires » sans qui les autres, les grands de ce monde, ne pourrait pas vivre, mais qu’ils effacent néanmoins. À ces personnages, Tchekhov a donné une grandeur que Guillermo Cacace et Clarisa Korovsky, l’actrice qui l’incarne, amplifient encore.

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Haini Wang (Sacha) dans « Sur l'autre rive », de Cyril Teste d'après « Platonov », de Tchekhov, sur la Scène nationale d'Annecy, en avril 2024, à Bonlieu (Jura).

Haini Wang (Sacha) dans « Sur l’autre rive », de Cyril Teste d’après « Platonov », de Tchekhov, sur la Scène nationale d’Annecy, en avril 2024, à Bonlieu (Jura). SIMON GOSSELIN

Tout ici repose sur l’intelligence dans la lecture de la pièce, sur la manière d’en vivre les enjeux fondamentaux, sur sa profonde humanité et sur le jeu des acteurs. Libérées de tous les bibelots théâtraux possibles, les comédiennes, habillées comme vous et moi, se concentrent sur l’intensité de ce jeu qui passe par la voix et les regards, et sur une économie de gestes puisqu’elles restent assises tout au long de la représentation – ce qui ne veut pas dire que ce n’est pas le cas, il n’y a pas de corps là-dedans Gaviota. C’est un tour de force, apparemment rien, accompli, en plus de Clarisa Korovsky, Marcela Guerty (Boris), Paula Fernandez MBarak (Arkadina), Muriel Sago (Kostia) et Romina Padoan (Nina).

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