lever le tabou de l’incontinence masculine

lever le tabou de l’incontinence masculine
lever le tabou de l’incontinence masculine

Messieurs, à vos moustaches. Pour le 21e année, Movember vous invite à le laisser grandir tout au long du mois de novembre dans le but de sensibiliser le public et de récolter des fonds pour la recherche sur les maladies masculines comme le cancer des testicules ou de la prostate. Un rendez-vous annuel qui a mis ces pathologies sur le devant de la scène “mais malheureusement pas celles des conséquences des traitements, notamment dans le cas d’une prostatectomie pouvant conduire à une incontinence, sujet qui reste extrêmement tabou”indiquent Gilles Thibaudault et Jean-Bernard Villesange, respectivement président et secrétaire général de l’Association des Patients atteints d’un cancer localisé de la prostate (APCLP) de Vienne.

“Il y a une forme de honte”

Tous deux rencontrent des patients touchés par cette pathologie lors de cliniques mensuelles mises en place par l’association. » Ce qui perturbe profondément et parfois durablement la vie sociale et même la vie amoureuse. Beaucoup n’osent pas en parler même à leurs proches, s’empêchent de faire certaines activités ou vont jusqu’à s’isoler. Il y a une forme de honte. Les hommes ne sont pas toujours informés des conséquences postopératoires pouvant entraîner des problèmes érectiles et de l’incontinence. Les praticiens n’en parlent pas forcément ou n’y sont pas formés. »

En plus d’apporter des informations, des conseils et une aide dans le choix des thérapies possibles contre le cancer de la prostate, l’association offre un soutien moral et un soutien aux patients. « Parce que l’incontinence n’est pas une fatalité. Après une prostatectomie, 45 % des hommes en souffrent ; à six mois, ce n’est que 20 %. Et seulement 5 % des patients opérés ne pourraient pas la subir à vie si le traitement était complètement adapté. »

Au menu des solutions pour lutter contre l’incontinence chez l’homme, les pinces péniennes (ou pinces à pénis), la pose de ballons, de bandelettes ou encore le port de protections spécifiques. « Selon moi, ces dernières ont tendance à banaliser les fuites urinaires, Anne-Cécile Pizzoferrato, professeur d’obstétrique et de gynécologie au CHU de Poitiers, spécialiste en pelvi-périnéologie, professeur des universités et membre du collectif Education et Prévention en Pelvi-Périnéologie (E3P), intervient. Cela me semble contre-productif car il vaut mieux lutter contre eux que les collecter. L’une des vraies solutions est la rééducation périnéale. »

Renforcez votre périnée

En effet, c’est le périnée, cet ensemble de muscles qui ferme le fond du bassin, qu’il faut soigner. « Mais les trois quarts des hommes ignorent qu’ils ont un périnée, et il manque cruellement de créneaux parmi les kinés pour assurer ces séances. Le périnée a un rôle fondamental dans la continence urinaire et anale en soutenant notamment la vessie (l’utérus) et les intestins. Malheureusement, elle est négligée par nos modes de vie. Et les patients réagissent souvent trop tard, alors que les problèmes sont déjà installés. »

De gauche à droite : Gilles Thibaudault, Jean-Bernard Villesange et Jean-Luc Herpin, respectivement président, secrétaire général et coordonnateur du groupe Incontinence de l’Association viennoise des patients atteints d’un cancer localisé de la prostate, encadrent la professeure Anne-Cécile Pizzoferrato.
© Photo NR-CP, Delphine Léger

Cependant, assure le praticien, des informations claires et des changements simples minimisent les risques. « On boit au hasard, soit trop, soit pas assez, soit pas au bon moment. Il n’est pas non plus bon de s’abstenir d’uriner ou de déféquer, d’autant que la constipation favorise grandement les fuites urinaires. Certes, le vieillissement des tissus ou la consommation récurrente de soda ou de café rendent la vessie plus sensible, mais changer ses habitudes, notamment alimentaires, peut apporter de réelles améliorations. Il est possible de réduire par exemple les fuites urinaires de 50 % rien qu’en travaillant sur la constipation. L’incontinence est étroitement liée aux problèmes de comportement. L’éducation sur le périnée doit être généralisée. »

“L’incontinence est étroitement liée aux problèmes de comportement”

Un message que l’APCLP entend relayer en levant le tabou et en informant toujours plus sur l’incontinence masculine. Autour d’un « groupe incontinence » coordonné par l’un de ses membres, Jean-Luc Herpin, elle a organisé le 26 septembre une première demi-journée intitulée « Incontinence urinaire, brisons le silence » au CHU de Poitiers.

Une prochaine réunion devrait avoir lieu en mars 2025 autour du thème de la prévention et de la prise en charge de l’incontinence. « Il faut faire avancer les choses, reprend Anne-Cécile Pizzoferrato, mais malheureusement en nous n’avons pas de culture du pipi. »

APCLP 86, 13, rue des Deux-Communes in Buxerolles. Email: [email protected] Site : www.cancer-prostate-patients.fr Prochaine assemblée générale de l’association vendredi 8 novembre à 9h30 à l’Atelier du Grand Large à Saint-Benoit.

apprendre encore plus

L’incontinence touche 25 à 45 % de la population générale, hommes et femmes confondus. “Bien sûr, la gravité et la fréquence sont généralement plus importantes chez les personnes âgées, mais entre 10 à 15 % des jeunes de moins de 25 ans, notamment de nombreux sportifs, sont concernés par cette pathologie”, explique Anne-Cécile Pizzoferrato. Chez les femmes, on n’en parle généralement qu’après l’accouchement, mais c’est tout au long de la vie qu’il faut prendre soin de son périnée. » Le sport, le port de charges lourdes, les travaux de jardinage ou de bricolage répétés peuvent favoriser l’apparition de fuites urinaires. Par ailleurs, l’association APCLP pointe le manque de toilettes dans les espaces publics.

 
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