La fait face à un triste bilan

La fait face à un triste bilan
La France fait face à un triste bilan

La est désormais le pays où le taux d’incidence du cancer du sein est le plus élevé au , selon le CIRC*. Comment expliquer cette malheureuse pole position ? Si un tiers des cancers du sein sont dus à des causes évitables, et 5 à 10 % sont d’origine génétique, il reste plus de 50 % de cas sur lesquels on a encore trop peu de connaissances ou trop peu de marges de manœuvre. . Est-ce plutôt l’eau que l’on boit, l’air que l’on respire, les aliments que l’on ingère qui expliquent l’augmentation, à travers le monde, du nombre de cancers et cet excès de risque français ? D’où vient le danger et comment s’en protéger ?

Facteurs de risque connus

Les facteurs de risque de développer un cancer du sein sont nombreux et pour certains ils sont corrélés au mode de vie. Le CIRC estime par exemple qu’en 2015, 15 % des cancers du sein étaient imputables à la consommation d’alcool. Par ailleurs, le surpoids et l’obésité, une alimentation déséquilibrée, la prise de contraceptifs estro-progestatifs, certains traitements hormonaux de la ménopause, le travail de nuit, la sédentarité, sont des causes de cancer du sein de plus en plus connues. Hormis notre mode de vie, le facteur génétique représente 5 à 10 % des cancers du sein. Alors d’où viennent les 55 à 60 % des cancers du sein restants ? Des perturbateurs endocriniens cachés dans nos plastiques, meubles, cosmétiques, produits ménagers, etc. ? Des pesticides et des aliments ultra-transformés et donc ultra-dégradés saturés de conservateurs et d’additifs ? Pollution atmosphérique ? Les causes sont multiples, les mécanismes de contamination sont complexes et selon le professeur Francelyne Marano, biologiste et toxicologue environnementale et présidente du comité directeur « Cancer et Environnement » de la Ligue contre le cancer, la synergie de toutes ces causes potentialise leur impact sur la survenance. des cancers. Concernant la pollution de l’air, l’étude XENAIR réalisée sur 8 polluants atmosphériques montre que 9% des cas de cancer du sein pourraient être évités si l’on approchait des seuils d’exposition recommandés en 2021 par l’OMS pour le dioxyde d’azote (NO2), à savoir 10 µg/m3. Cette question de notre exposition aux substances toxiques devient aussi un sujet de combat pour de nombreuses femmes (et hommes car moins de 1% des cas de cancer du sein touchent des hommes) qui sont pourtant actives, ne boivent pas, ne fument pas, ont une alimentation équilibrée et qui découvrent pourtant, de plus en plus jeunes, qu’elles sont atteintes d’un cancer du sein. Ces femmes montent aujourd’hui au créneau, sous l’impulsion notamment de Fanny Arnaud, co-auteure d’une tribune publiée le 19 octobre 2024 dans le journal Le Monde et signée par plus de 1 000 femmes de moins de 40 ans touchées par un cancer du sein. . Les auteurs soulignent que : « Les pesticides, la pollution de l’air ou encore les composants en plastique sont incriminés ou suspectés dans le développement et l’agressivité du cancer du sein. […] Or, les substances chimiques issues de nos sociétés hyperindustrialisées se comptent par centaines de milliers, et seule une petite partie a fait l’objet d’une évaluation approfondie en termes de toxicité. « . Ces femmes qui font partie des 6% qui développent un cancer avant 40 ans sont toutes confrontées à cette même question légitime. Pourquoi nous ? « . Pourquoi eux, qui ne présentent pas particulièrement de causes apparentes ? Que doivent-ils faire pour arrêter de respirer, de boire ou de manger pour ne pas risquer une récidive ou voir davantage de leurs jeunes amis touchés à leur tour ?

Coïncidence géographique ?

Revenons maintenant à notre triste record du monde. Avec 105,4 cas de cancer du sein pour 100 000 habitants, la France vient de dépasser la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg, qui avaient jusqu’ici une incidence plus élevée que nous. La France forme aujourd’hui, avec ses voisins proches, le premier quatuor mondial en matière d’incidence du cancer du sein. ” On peut s’interroger sur la proximité géographique de ce malheureux peloton de tête. », lance André Cicolella, président du Réseau Santé Environnement (RES) lors de la conférence que l’association a organisée lors d’Octobre Rose 2024 sur les causes environnementales du cancer. Les similitudes et les disparités dans l’incidence du cancer du sein, d’une région du monde à l’autre, sont déjà connues. Par exemple, alors qu’en Europe, l’incidence du cancer du sein était de 75,6 pour 100 000 habitants en 2022, à la même période elle était de 34,3 en Asie et précisons que le Japon et la Corée, proches des pays d’Europe occidentale en termes de niveau d’incidence, L’industrialisation est également celle dont l’incidence est la plus élevée en Asie. Même au sein des pays européens, les disparités peuvent être assez marquées puisque l’incidence du cancer du sein est de 94 pour 100 000 habitants au Royaume-Uni, 87 en Italie, 81 en Espagne, 77 en Allemagne et 69,5 en Autriche (découvrez la carte du CIRC ici). Le cancer du sein est-il une fatalité géographique ? La question est d’actualité pour les Parisiennes qui ont un risque accru de cancer du sein de 15% (Source) ! Concernant cette particularité parisienne, il faut noter que la concentration de NO2 à Paris était en moyenne de 51 µg/m3 en 2022 (sources Airparif), donc encore loin des 10 µg/m3 recommandés par l’OMS, malgré les progrès réalisés ces dernières années. . dernières années.

Comment agir ?

Le nombre de cancers du sein a doublé au cours des 30 dernières années et le CIRC estime que d’ici 2050, l’incidence du cancer aura augmenté de 77 % dans le monde. Si nous n’agissons pas maintenant, en France, nous pourrions atteindre 75 000 nouveaux cas de cancer du sein et plus de 20 000 décès par an (contre 61 214 nouveaux cas en 2023 et 12 146 décès en 2018 selon Santé publique France).

La prise de conscience est réelle et de plus en plus accompagnée d’actions concrètes. Ainsi, à Paris par exemple, la concentration de NO2 est passée de 73 µg/m3 en 2015 à 51 µg/m3 en 2022. Mais parallèlement, les connaissances s’affine sur les niveaux de toxicité des polluants et des perturbateurs endocriniens. et l’OMS a justement abaissé les seuils de concentration de NO2 de 40 à 10 µg/m3 en 2021. Cela peut donner l’impression de nager à contre-courant mais il y a de l’espoir. ” Il est vrai que nous atteignons aujourd’hui un plateau et que pour inverser la tendance de notre exposition aux substances toxiques, nous devons agir avec plus d’ambition. Cependant, des villes comme Stockholm parviennent à atteindre des niveaux de pollution atmosphérique très raisonnables. Pourquoi pas nous ? », lance le professeur Francelyne Marano. S’il est essentiel que les pouvoirs publics prennent des décisions fortes pour nous protéger des substances toxiques présentes dans nos environnements externes et internes, chacun peut aussi apporter sa contribution. La Ligue contre le cancer espère aussi faire enfin bouger les lignes grâce à son projet « Mes Ligues de Ville », à destination des élus dans le but de les sensibiliser à la prévention primaire dans le contexte du cancer.

« Nous formons les représentants de la Ligue partout en France et publions brochures sur les causes environnementales du cancerafin d’envoyer les bons messages aux communautés et aux écoles. Nous soutenons également le programme » Rues scolaires » qui consiste à interdire la circulation des voitures dans les rues où se trouvent les écoles maternelles et primaires, au moment de leur ouverture et fermeture. Bien sûr cela n’est pas du goût de tous les usagers de la route et ce n’est pas simple à mettre en place car cela nécessite des agents de réguler les écarts mais c’est possible depuis que Paris l’a mis en place. Cela évite les nombreuses voitures garées devant les écoles avec le moteur en marche, qui provoquent une pollution atmosphérique importante pour les riverains et notamment pour les enfants. Or, on sait que plus l’exposition à des substances toxiques intervient tôt dans la vie d’un individu, plus le risque de développer un cancer à l’âge adulte est grand. De plus, cela encourage la marche alors qu’il a été prouvé qu’une activité physique régulière contribue à réduire les risques de cancer. », complète l’expert, concluant par une invitation à consulter une liste d’actions individuelles au quotidien proposées par La Ligue pour contribuer à réduire l’exposition à la pollution de l’environnement et que nous reproduisons ici :

  • limiter les déplacements en voiture thermique de moins de 5km ;
  • pratiquer l’écoconduite ;
  • favoriser les mobilités douces (marche, vélo, transports en commun…) ;
  • réduire ou éviter la pratique de sports de plein air à forte intensité lors des pics de pollution, notamment pour les personnes vulnérables ;
  • améliorer le système de chauffage de votre maison;
  • isoler votre maison ;
  • limiter l’utilisation de la climatisation;
  • entretenir votre foyer ou poêle à bois;
  • consommer local et de saison.

*Centre international de recherche sur le cancer

 
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