Marc Agron pose un regard humoristique sur le monde littéraire

Marc Agron huile la mécanique littéraire avec humour

Publié aujourd’hui à 10h55

Pourquoi dans « La Vie des choses », titre du dernier roman de Marc Agron, on a très envie de lire… « Les choses de la vie », une page emblématique du cinéma de Claude Sautet sur le regret de ces petites choses qui disparaissent trop vite ? Car l’auteur lausannois adore altérer les noms propres pour nous inciter à confondre encore davantage fiction et réalité !

Mais aussi parce que dans la trajectoire de Yann Mendelec, romancier déchu des best-sellers dont il raconte la chute libre d’une encre aussi bile que caustique, il insiste sur ce rempart du quotidien, même le plus banal, qui relie l’humain à sa propre existence.

Ce n’est peut-être pas le thème principal de « La vie des choses », également dû au fait que ce quatrième titre de Marc Agron en burine beaucoup, dont la vanité ou la très contemporaine addiction aux apparences. En même temps qu’il démasque le monde de l’édition littéraire avec le détachement d’une fine lame d’investigation psychologique et, en même temps, la sensibilité inquiète d’un être qui s’y confronte.

Un double point de vue, souvent cynique, parfois déchirant, qui suscite peu de compassion dans la vérité et beaucoup d’incrédulité face à ces personnages sans limites. Et surtout pas moral quand il s’agit de pouvoir, d’argent et d’ego.

Il se passe des choses

Ce roman qui devient thriller au fil des pages, écrit avec la fougue de l’écrivain qui sculpte ses personnages comme un sculpteur se mesurant avec la pierre, aurait pu tomber dans le burlesque, il reste dans une tragi-comique triomphante. Mais il faut le mériter !

Lecteur, on entre dans cette « Vie des choses » par une sorte de sas tandis que l’auteur nous promène, ravi de mots et de références culturelles. Une sorte de tactique ? A la fois si loin dans la manière mais si proche dans le fond, de celui qu’il attribue à son double papier capable d’écrire « ses premières pages comme un pied pour décourager les idiots ».

Ce « qui est qui ? », jeu de rôle, jeu des apparences, jeu des affaires littéraires reste tendu et constant, jusqu’à la dernière phrase. Et on ne peut pas dire que l’apparition dans l’intrigue de Norga Abraham, signature empruntée cachant le palindrome d’Agron, ne nous avait pas prévenus…

Marc Agron, « La vie des choses », Éd. La Veilleuse, 211 p.

Florence Millioud a rejoint la section culturelle en 2011 par passion pour les gens de culture, après avoir couvert la politique et l’économie locales depuis 1994. Historienne de l’art, elle collabore à la rédaction de catalogues d’expositions et d’ouvrages monographiques sur des artistes.Plus d’informations

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