Encourager le dépistage pour réduire la propagation du cancer du sein

La Journée internationale de sensibilisation au cancer du sein a été célébrée le mercredi 19 octobre 2024. Malgré les formidables découvertes dans le domaine médical, le cancer du sein représente 16 % de tous les cancers chez la femme, selon les données de l’OMS. Face à cette prévalence qui semble augmenter depuis des années, « les campagnes de détection précoce sont fortement encouragées afin de faire face efficacement à ce fléau », estime le gynécologue-obstétricien Tendobi Mbamba Céline.

Entretien réalisé par Christian Losambe, SJ – Cité du Vatican

Organisée chaque mois d’octobre, la campagne mondiale annuelle «Octobre rose» vise à sensibiliser les femmes au dépistage du cancer du sein et à récolter des fonds pour la recherche. Aujourd’hui, le cancer du sein reste l’un des problèmes de santé majeurs, à la fois le plus répandu et le plus mortel chez les femmes. L’OMS estime qu’une femme sur huit souffrira de cette maladie au cours de sa vie, c’est pourquoi les femmes devraient se soumettre régulièrement à un dépistage.

Dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de sensibilisation au cancer du sein, lors d’un entretien avec Radio Vatican – Vatican News, l’obstétricienne-gynécologue Tendobi Mbamba Céline, du Centre Hospitalier Monkole de Kinshasa, RD Congo, a souligné que «Il est possible de réduire la prévalence du cancer du sein en mettant en œuvre des stratégies solides de prévention, de dépistage, de détection précoce et de traitement.« . Voici l’intégralité de l’entretien.

Suivre Docteur Tendobi Mbama Céline est gynécologue et obstétricienne au Centre Hospitalier Monkole de Kinshasa en RD Congo.

Quelle pourrait être la base de la prévalence croissante des cas de femmes atteintes de cancer du sein, alors que chaque année une campagne de sensibilisation est organisée ?

En effet, nous constatons qu’il y a de plus en plus de jeunes femmes qui présentent des problèmes de cancer du sein. Autrefois, nous avions des patientes qui présentaient un cancer du sein à un âge assez avancé, mais aujourd’hui, nous avons des jeunes femmes de moins de 40 ans qui en souffrent. Je pense qu’il faut examiner les raisons en termes de facteurs de risque. Nous avons remarqué que le mode de vie a beaucoup changé : nous sommes devenus de plus en plus sédentaires avec un excès de poids, ce qui fait qu’il y a de plus en plus de cas de cancer du sein chez les jeunes femmes. Parmi les étiologies, on retrouve également les mutations génétiques. Il y a en effet 10 à 30 % de femmes qui subissent des mutations génétiques, mutations BRCA1 et BRCA2, qui sont à l’origine du cancer du sein.

À cela s’ajoutent des facteurs hormonaux, notamment une puberté précoce, une ménopause tardive, la multiparité et une première grossesse tardive. C’est également dans ce groupe de facteurs hormonaux que l’on retrouve un nombre très élevé de femmes souffrant d’un cancer du sein.

Pourquoi le cancer du sein menace-t-il toujours la santé malgré les progrès de la science et les prodigieuses découvertes du domaine médical ?

Lorsqu’on organise des campagnes de dépistage du cancer du sein, on s’attend à ce que des femmes en bonne santé, ou présumées en bonne santé, viennent consulter. Malheureusement, on constate que ce sont majoritairement des femmes atteintes de cancers déjà avancés qui se présentent. Je pense donc que le problème réside du côté de l’information. Or, lorsque la maladie est déjà très avancée, on peut la soigner mais on n’est pas sûr de la guérir. En revanche, lorsqu’une femme arrive tôt, elle a beaucoup plus de chances d’être guérie. Même si elle s’estime en bonne santé, elle vient se faire dépister, des lésions suspectes sont constatées, le bilan est établi et quand on se rend compte qu’elle est malade, elle est soignée à temps. Il existe également une complexité biologique et d’autres facteurs environnementaux qui pourraient expliquer cette prévalence croissante de cas chez les femmes atteintes de cancer du sein.

L’OMS estime qu’une femme sur huit développera un cancer du sein au cours de sa vie. Expliquez-vous également aux femmes comment elles peuvent elles-mêmes détecter l’apparition d’un cancer du sein à un stade précoce pour éviter de le découvrir tardivement ?

Oui en effet! Il faut toutefois souligner une chose : chez les jeunes filles ou les demoiselles, les seins sont beaucoup plus denses. Il y a beaucoup d’eau et il est donc difficile de poser un diagnostic de cancer au stade initial. Avec l’âge, c’est beaucoup plus facile, notamment avec la mammographie, indiquée chez les femmes de plus de 40 ans, où les seins sont moins denses et les lésions beaucoup plus visualisées. Mais le plus important est la conscience de l’auto-examen.

La femme, une fois par mois ou tous les deux à trois mois, doit palper ses seins pour rechercher d’éventuelles bosses. Lorsqu’elle constate une situation anormale, elle doit consulter un médecin pour lui présenter ce qu’elle a constaté. Et c’est le médecin qui lui dira, après l’examen clinique, si c’est normal ou pas. Et s’il a besoin d’explorations, par exemple une échographie ou une mammographie, il le fera pour confirmer la lésion ou dire que ce n’est pas une lésion suspecte.

Le 19 octobre 2024, une autre journée pour parler davantage de sensibilisation au cancer du sein. Quels seraient vos derniers mots et quel message pourriez-vous adresser à toutes ces femmes qui luttent contre cette maladie ?

Je précise tout d’abord que le cancer du sein existe et qu’il est mortel. Si vous ne recevez pas un traitement approprié, vous pouvez mourir car le cancer du sein tue. L’opportunité qu’il faut saisir est de détecter la pathologie à temps pour augmenter les chances de survie. J’inviterais alors tout le monde à prendre conscience de l’importance du dépistage précoce.

Concernant les personnes atteintes d’un cancer du sein, je leur témoigne toute ma compassion et toute ma sympathie. Ils doivent se battre, tenir bon et savoir que leur résilience inspire de nombreuses personnes. Ils ne sont pas seuls. J’encourage également toutes les personnes impliquées dans leur domaine à sauver de nombreuses vies. Nous comptons sur eux, sur leur courage, sur leur bravoure pour qu’ils continuent à se battre pour trouver les molécules adéquates pour continuer à soigner les femmes atteintes de cette maladie.

 
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