Pour s’implanter sur un marché déjà très concurrentiel et proposer une alternative aux grands groupes de conseil en informatique, Yuma, créée au printemps 2022, a opté pour un modèle économique atypique. « Nous nous considérons comme une plateforme, un écosystème, d’entreprises reconnues comme excellentes dans leur domaine d’expertise »explique Pascal Laffineur, ancien patron du groupe informatique wallon NRB qui a rejoint Yuma en tant que CEO en juin 2023.
Un projet ambitieux initié par M80
A l’origine de Yuma, on retrouve le fonds de capital-investissement M80, basée à Bruxelles, active depuis fin 2018 et connue notamment pour ses investissements dans Le Pain Quotidien, SD Worx et Lasea. C’est l’équipe de M80, actionnaire majoritaire de Yuma avec environ 60% du capital (le solde est entre les mains des fondateurs, des dirigeants et d’une partie des salariés des six sociétés rachetées), qui a réalisé les quatre premières acquisitions, avant de recruter Pascal Laffineur. C’est cette dernière, entourée d’une petite équipe, qui pilote désormais le développement et la croissance de l’écosystème Yuma.
mouette« Ce qui nous unit et nous différencie des acteurs traditionnels, c’est le côté humain de la transformation digitale. Nous croyons en la création d’un avenir non seulement technologiquement avancé, mais fondamentalement humain.
L’ambition de Yuma est de proposer, grâce à la combinaison de différentes équipes d’experts préservant leur autonomie et leur identité, toute une gamme de services liés à la transformation numérique des entreprises : solutions cloud, architecture informatique, développement logiciel, conception, gestion des données, etc.Ce qui nous rassemble et nous distingue des acteurs traditionnels, insiste le PDG de Yuma, c’est le côté humain de la transformation numérique. Nous croyons en la création d’un avenir non seulement technologiquement avancé, mais fondamentalement humain. ».
Associez le « best in class »
Partant d’une page (presque) vierge, M80 a dans un premier temps opté pour une stratégie de croissance externe. Dans chaque domaine de transformation numérique, l’équipe fondée et dirigée par Peter Maenhout (ex-Gimv) a identifié des entreprises répondant à des critères d’excellence susceptibles de rejoindre le groupe en construction. Entre mi-2022 et mi-2023, M80 a réussi à convaincre quatre entreprises de rejoindre l’aventure : XPlus (entreprise belge experte en architecture informatique), les sociétés néerlandaises Luminis (développement de solutions cloud et data), BPSolutions (gestion des systèmes critiques) et Total Design (stratégie et design digital).
“Quand je suis arrivé (mi-2023), souligne Pascal Laffineur, il restait encore quelques trous dans la raquette pour faire de Yuma un groupe capable d’accompagner la transformation numérique des entreprises avec une offre de solutions de bout en bout (couvrant toute la chaîne de valeur numérique, de la stratégie et de l’idéation à l’exécution et à l’exploitation, en utilisant différentes technologies, NDLR)». Il y a deux mois, la société belge Aprico Consultants, spécialisée dans le conseil en stratégie digitale et active principalement dans le sud du pays, a embarqué sur Yuma.
B12, un concentré de matière grise
Restait à trouver la perle rare capable d’apporter une expertise en intelligence artificielle (IA), un domaine de plus en plus stratégique pour les entreprises. “Nous avons passé au crible le marché de l’IA au Benelux, zone dans laquelle nous souhaitons ancrer Yuma, et B12 est apparu comme l’acteur répondant le mieux à nos critères d’excellence. C’est une entreprise qui se démarque tant par ses compétences techniques que par sa capacité à transformer l’IA en solutions solides et matures – bien au-delà des modes. Leurs travaux visant à améliorer le développement de vaccins à ARNm ou à surveiller de manière proactive l’infrastructure du tramway bruxellois en sont deux exemples concrets.précise Pascal Laffineur, qui ne communique pas le montant de la transaction.
B12 Consulting est une PME wallonne pionnière en intelligence artificielle (IA) et en science des données. Créé à Louvain-la-Neuve en 2012 par trois docteurs en physique de l’UCLouvain (Michel Herquet, Geoffroy Piroux et Vincent Boucher, trio rejoint au fil du temps par deux autres associés, Mihailo Backovic et Caroline Vandenplas), le New Louvan L’entreprise s’est rapidement distinguée par le développement de solutions technologiques innovantes, avancées et sur mesure. Elle a déjà réalisé plus de 400 projets dans des secteurs très divers. Près de la moitié des quarante salariés de B12 sont titulaires d’un doctorat.
Intelligence artificielle : la Wallonie est-elle en retard ? Les start-up montrent la voie à suivre
Avec une croissance annuelle moyenne de 15% et rentable depuis ses débuts, B12 n’a jamais eu à lever de fonds auprès d’investisseurs. L’entreprise, dont le chiffre d’affaires de près de 4 millions d’euros est réalisé à 80% auprès de clients belges, était dans une phase d’internationalisation. Deux options s’offraient aux cinq fondateurs et partenaires de B12 : poursuivre l’aventure « stand alone », ce qui aurait nécessité de trouver les moyens nécessaires pour accompagner cette croissance hors de Belgique ; ou rejoindre un groupe ayant les moyens de réaliser cette ambition.
mouette« L’accent mis par Yuma sur la qualité des services proposés et la volonté d’avoir un impact positif pour les clients, avec des valeurs humaines alignées sur celles de B12, nous ont convaincu qu’il s’agissait d’une opportunité unique d’apporter notre contribution.
« L’attention portée par Yuma à la qualité des services proposés et la volonté d’avoir un impact positif pour les clients, avec des valeurs humaines alignées sur celles de B12, nous ont convaincu qu’il s’agissait d’une opportunité unique d’apporter notre contribution »explique Michel Herquet, associé-gérant de B12, qui dit avoir été «étonné » par l’expertise des cinq autres sociétés ayant déjà intégré Yuma. La combinaison des forces au sein de Yuma »nous permettra d’élargir la portée de nos projets et de fournir des solutions sur mesure qui répondent aux défis complexes auxquels les entreprises sont confrontées ». L’équipe B12 continuera donc à servir ses clients, mais avec la possibilité de faire appel à d’autres entités Yuma selon les besoins (et, réciproquement, en matière d’IA). B12, assure Pascal Laffineur, disposera des ressources financières nécessaires pour accompagner sa croissance et recruter de nouveaux talents, ainsi que des forces commerciales de Yuma et de ses partenaires.
Yuma envisage-t-elle encore d’autres acquisitions ? “Pourquoi pas, répond laconiquement Pascal Laffineur. Mais nous disposons désormais d’une masse critique suffisante pour assurer la transformation numérique des entreprises. Il s’agit désormais de démontrer notre capacité de croissance organique et la valeur ajoutée de notre modèle économique ». L’objectif, sur une période de 2 à 3 ans, est de porter le chiffre d’affaires à 150 millions d’euros (contre 100 millions actuellement).
