Cindy Sherman fait diversion avec ses moches à Lausanne

Cindy Sherman fait diversion avec ses moches

Publié aujourd’hui à 18h12

Alors que des hordes de surréalistes centenaires envahissent tous les musées de Quai 10, Photo Élysée fait preuve (un peu) de résistance, malgré sa grande exposition Homme Ray. En présentant 14 des 36 dernières images réalisées par Cindy Sherman entre 2010 et 2023, l’institution photographique peut se targuer de présenter une icône de l’art contemporain, l’une des très rares femmes à s’être épanouie, dès ses débuts à la fin des années 70, dans un monde de l’art dominé par des figures masculines.

Héroïne de cinéma

Pour rappel, l’Américaine s’est fait connaître à travers ce que l’on pourrait appeler une forme de transformisme photographique. Utilisant le potentiel fictionnel de son médium, elle se met en scène de manière à mimer les films des années 50 et 60 (sa célèbre série « Untitled Film Stills »), pour s’inviter dans l’univers d’une mode poussée dans ses retranchements. ou dans l’histoire de l’art en réinterprétant des œuvres connues.

A la fois sujet et objet de son travail, Cindy Sherman et son œuvre caméléon ont souvent été interprétés comme un commentaire des stéréotypes féminins – la trame et les codes qui débordent du sujet, sa singularité.

Si elle a déjà poussé cette logique jusqu’à disparaître de ses images au profit des poupées, ses dernières œuvres, en noir et blanc, parfois rehaussées de légères touches de couleurs, exploitent les manipulations numériques de ses propres représentations. Dans une sorte de collage rassemblant des parties de son visage sans souci d’échelle, elle montre de nouveaux portraits d’elle-même où transparaissent à la fois les préoccupations cosmétiques et les traces de l’âge, à travers des visages paradoxaux. – et assez monstrueux – qui relèvent de la caricature. Les crevasses des rides rivalisent pour la précision du rendu visuel avec les couches de maquillage, tout aussi visibles.

«Je suis dégoûtée par la façon dont les gens se font beaux», disait-elle il y a près de quarante ans. Je suis plus fasciné par ce qui se passe dans les coulisses. Avec ses chimères photographiques, elle continue de dépeindre la disparition de soi, sous les forces incontrôlables de l’âge et les canons de beauté invoqués par un maquillage excessif et barbouillé. Mais l’aspect outrancier de ces personnages les pousse aussi vers le côté comique où les distorsions pop de ces visages suscitent un amusement anecdotique. Du rictus au rire, il n’y a qu’un pas…

Bulletin

“Dernières nouvelles”

Voulez-vous rester au courant de l’actualité? « 24 Heures » vous propose deux rendez-vous par jour, directement dans votre boîte email. Ainsi, vous ne manquez rien de ce qui se passe dans votre canton, en Suisse ou dans le monde.

Ouvrir une session

Boris Senff travaille dans la section culturelle depuis 1995. Il écrit sur la musique, la photographie, le théâtre, le cinéma, la littérature, l’architecture et les beaux-arts.Plus d’informations @Sibernoff

Avez-vous trouvé une erreur ? Merci de nous le signaler.

0 commentaire

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Comment prévenir le cancer de la prostate ? Résultats surprenants d’études sur l’éjaculation
NEXT Valady. Jean Couet-Guichot et Gaya Wisniewski, deux artistes en résidence dans la région