Dans l’Indre, face à la crise sanitaire, la vaccination à deux vitesses exaspère les éleveurs

Dans l’Indre, face à la crise sanitaire, la vaccination à deux vitesses exaspère les éleveurs
Dans l’Indre, face à la crise sanitaire, la vaccination à deux vitesses exaspère les éleveurs

Au cœur du Boischaut Sud, ce mercredi 9 octobre, trois figures de l’élevage local se sont retrouvées autour d’une table au GAEC des Ossons, à Saint-Plantaire, l’air sombre. Autour de leurs cafés, la lassitude se lit sur les visages de Charlotte Buisson ainsi que de Nicolas Calame et Bertrand Joyeux, propriétaires de la ferme de cinquante hectares. Si la météo a déjà affecté les récoltes cet été, la nouvelle menace insidieuse est sanitaire : la fièvre catarrhale (BTV) et la maladie hémorragique épizootique (MHE) pèsent lourdement sur l’état des troupeaux.

« 2024 est la pire année agricole des vingt dernières années »

La campagne de vaccination lancée par l’Etat prévoit de distribuer 6,4 millions de doses pour les ovins et 5,3 millions pour les bovins. Toutefois, les éleveurs de l’Indre se sentent délaissés face à la gratuité de certains vaccins mais pas d’autres. “On ne comprend pas pourquoi la vaccination contre le FCO-8, qui fait des ravages dans le Sud-Ouest et nous touche particulièrement, n’est pas remboursée, alors que le FCO-3 l’est”demande Charlotte Buisson, éleveuse à Éguzon. En effet, jeudi dernier, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard a notifié la mise en place d’un fonds d’indemnisation d’urgence pour les éleveurs touchés par le FCO-3 et la vaccination gratuite contre ce sérotype dans toute la . En revanche, rien pour le sérotype 8.

Nicolas Calame, tire la sonnette d’alarme : « Les pertes sont mortelles mais aussi indirectes. Les béliers deviennent stériles, les brebis perdent leurs petits ou donnent naissance à des agneaux faibles. Tout cela est une perte. »

La carte des cas cliniques MHE et FCO, au 7 octobre 2024.
© (GDS France)

Récoltes détruites par la pluie

Pour les éleveurs de l’Indre, cette crise sanitaire est la goutte d’eau qui fait déborder le vase après une année agricole cauchemardesque. « 2024 est la pire année agricole des vingt dernières années »soupirent les éleveurs. Les pluies excessives ont ruiné les récoltes de céréales, tandis que le fourrage, bien que récolté en abondance, est de mauvaise qualité. « Et maintenant, nous devons faire face à ces maladies. C’est du stress au travail et des coûts supplémentaires. Nous demandons que les vaccinations soient prises en charge pour toutes les maladies et coûts indirects via le fonds d’urgence”insistent-ils.

Les moutons sont les plus touchés par l’épizootie qui décime les troupeaux, transmise d’un animal infecté à l’autre par la piqûre d’un moucheron du genre Culicoides, mais les moutons sont également touchés.
© (Photo NR, Matthieu Renard)

Bertrand Joyeux détaille les coûts qu’impose la vaccination. « Nous avons vacciné nos centaines de moutons et de bovins contre le FCO-3 et le FCO-8. Le vaccin FCO-8 est pour notre poche. À 4,30 € la dose, cela fait plus de 1 600 € à dépenser. Une charge de plus, un revenu de moins. » La situation est d’autant plus complexe que les premières aides de l’État n’arriveront qu’en 2025, trop tard pour beaucoup.

La situation en Indre

Selon Marjorie Bordet, directrice adjointe du Groupe de Défense des Maladies Animales de l’Indre (GDMA 36) :

> « En Indrenous sommes en quelque sorte à la croisée de toutes les maladies entre FCO sérotype 3, FCO sérotype 8 et maladie hémorragique épizootique (EMD). Dans le département, nous avons connu une quinzaine de foyers de FCO-8 depuis un peu plus de deux semaines, que ce soit chez les ovins ou les bovins. Il s’agit de foyers qui ont été déclarés suite à l’apparition de signes cliniques chez les animaux. On retrouve des animaux qui se mouchent, boitent et ont des œdèmes. Cela a été confirmé par des analyses PCR sur ces animaux. Nous avons encore peu de logements et nous espérons que cela ne va pas s’embraser dans les prochains jours. Concernant le FCO sérotype 3, nous avons un premier foyer confirmé dans l’extrême nord du département et rien pour le MHE. »

> « Concernant la vaccinationl’État a mis gratuitement des doses de vaccin FCO-3 à la disposition des éleveurs bovins et ovins de tout un territoire, y compris l’Indre. Pour le MHE, il existe aussi des doses gratuites mais cela ne concerne pas l’ensemble du département. Ainsi, toutes les communes du Sud ne sont pas en zone de vaccination donc le vaccin est à leur charge. »

 
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