Le diabète de type 2, déjà plus fréquent que le type 1 chez les adolescents de certaines régions

Le diabète de type 2, déjà plus fréquent que le type 1 chez les adolescents de certaines régions
Le diabète de type 2, déjà plus fréquent que le type 1 chez les adolescents de certaines régions

MADRID _ Dans certains pays déjà, comme la Chine, le Mexique ou les États-Unis, l’incidence du diabète de type 2 dépasse celle du diabète de type 1 chez les adolescents de moins de 20 ans.

Il s’agit d’une épidémie émergente, a souligné le Pré Orit Pinhas-Hamiel (Centre médical Sheba, Israël) lors du 60e Congrès annuel de l’Association européenne pour l’étude du diabète (EASD) 2024 [1]car ces jeunes, dont la majorité sont obèses, ont une incidence de complications significativement plus élevée que les adultes diabétiques de type 2 ou les jeunes diabétiques de type 1.

Selon les données observées aux États-Unis, en 2017-2018, chez les 15-19 ans, l’incidence du diabète de type 2 (19,7 pour 100 000) dépassait désormais celle du diabète de type 1. (14,6 pour 100 000) [2].

« C’est la première fois que l’incidence du DT2 dépasse celle du DT1 chez les jeunes ! », a alerté le Pré Orit Pinhas-Hamieldirecteur de l’unité d’endocrinologie pédiatrique et du diabète du centre médical Sheba à Tel Aviv. Il y a quelques mois, une revue [3] a décrit ce raz-de-marée, avec des pays comme la Chine, l’Inde, les États-Unis, le Brésil et le Mexique en tête (données 2021).

Deux études – RECHERCHE et AUJOURD’HUI – dédié aux jeunes diabétiques

Les études SEARCH et TODAY se concentrent sur le diabète chez les jeunes, chacune avec des objectifs spécifiques.

L’étude SEARCH for Diabetes in Youth, lancée en 2000, est une étude observationnelle multicentrique menée aux États-Unis. Son objectif est d’estimer la prévalence, l’incidence et les complications du diabète de type 1 et de type 2 chez les jeunes. Quant à l’étude Treatment Options for T2D in Adolescents and Youth (TODAY), il s’agit d’une étude interventionnelle qui se concentre sur les adolescents atteints de DT2 pour évaluer l’efficacité des différentes options thérapeutiques.

Hypertension, dyslipidémie, néphrologie et neuropathie… près d’un tiers des jeunes atteints de DT2 ont deux complications

Le « diabète » – cette double épidémie mondiale mêlant obésité et diabète de type 2 – a des conséquences visibles dès le diagnostic, dont l’hypertension. AUJOURD’HUI, 11,6 % des adolescents étaient hypertendus au moment du diagnostic. Une étude menée à Hong Kong auprès de 391 enfants de moins de 18 ans a révélé que 22,5 % d’entre eux souffraient d’hypertension. Dans SEARCH, 27 % des jeunes atteints de DT2 depuis 1,5 ans étaient hypertendus.

Concernant la dyslipidémie, la même étude SEARCH a révélé que 27 % des jeunes avaient de faibles taux de HDL, tandis que 25 % avaient des taux de triglycérides élevés, 1,5 ans après le diagnostic. [4].

Dans l’ensemble, l’incidence cumulée des complications diabétiques à long terme a été évaluée chez 500 adolescents ayant participé à TODAY (âge moyen 26,4 ± 2,8 ans ; temps moyen depuis le diagnostic 13,3 ± 1,8 ans). [5].

La prévalence de base était de 19,2 %, tandis que l’incidence cumulée était de 67,5 % avec 15 ans de suivi.

Concernant les dyslipidémies, la prévalence initiale était de 20,8%, alors que l’incidence cumulée était de 51,6%.

Celui des néphropathies diabétiques de 54,8% et des neuropathies de 32,4%. La prévalence de la rétinopathie était de 13,7% pour la période 2010-2011 et de 51% pour la période 2017-2018.

Au moins une complication a été observée chez 60,1 % des participants et au moins deux chez 28,4 %. Comme prévu, les facteurs de risque de développement de complications comprenaient l’appartenance à une minorité raciale ou ethnique, l’hyperglycémie, l’hypertension et la dyslipidémie.

“Parmi ceux qui ont développé le DT2 à l’adolescence, le risque de complications, notamment microvasculaires, a augmenté de façon continue avec le temps et a touché la majorité des participants au jeune âge adulte”, souligne Orit Pinhas-Hamiel.

Gestion sous-optimale de l’hyperlipidémie et de l’hypertension

Parallèlement, le traitement par hypolipémiants et antihypertenseurs reste faible chez les jeunes atteints de DT2 [6]. La prise en charge de l’hyperlipidémie est sous-optimale, puisque seulement 5 % des jeunes atteints de diabète et de dyslipidémie reçoivent des médicaments adéquats. De plus, l’observance du traitement laisse à désirer. Dans la cohorte TODAY, par exemple, seul un tiers des participants présentant des taux élevés de LDL-C prenaient des hypolipidémiants, et seulement la moitié des jeunes hypertendus prenaient des antihypertenseurs.

Les récentes approbations de nouvelles interventions médicamenteuses pour perdre du poids et améliorer le contrôle glycémique chez les adolescents donnent de l’espoir
Pré Orit Pinhas-Hamiel

Focus sur la néphropathie diabétique, 1ère complication chez les jeunes atteints de DT2

La maladie rénale diabétique est la principale complication microvasculaire du DT2 chez les adolescents et elle est associée à une progression rapide ainsi qu’à un mauvais pronostic. L’histoire naturelle commence par une hyperfiltration, conséquence de l’obésité et d’une altération de la tolérance au glucose. Les modifications structurelles du rein peuvent être détectées dès un an et demi après le diagnostic.

La deuxième étape est caractérisée par une réduction du débit de filtration glomérulaire. A ce stade, « les modifications structurelles du rein sont typiques mais souvent réversibles », explique le spécialiste, faisant de cette période une période critique pour réduire les facteurs de risque. »

AUJOURD’HUI, l’incidence cumulée de la néphropathie diabétique est de 54,8 % (prévalence de base de 8 %). [5]. Dans SEARCH, après une durée de 8 ans, la prévalence de la maladie rénale diabétique était de 19,9 % chez les adolescents atteints de DT2, contre 5,8 % chez ceux atteints de DT1. Une méta-analyse a révélé que la prévalence globale de la macroalbuminurie parmi 730 enfants et adolescents DT2 était de 3,8 %. [6]. Les âges au moment du diagnostic du DT2 variaient de 6,5 à 21 ans, et la durée de la maladie variait du diagnostic à 15 ans après le diagnostic. [7].

Quant à la rétinopathie diabétique, elle était présente chez 50 % des participants de l’étude TODAY à l’âge de 25 ans, après 12 ans de maladie. Dans SEARCH, 56 % des jeunes souffraient de diabète après 12,5 ans de diabète. Par ailleurs, dans cette même étude, la prévalence de la neuropathie périphérique, évaluée après 8 ans, était de 22 % chez les adolescents atteints de DT2, contre 7 % chez ceux atteints de DT1.

Neuropathie autonome cardiovasculaire (CAN) est également très présent

Une diminution de la variabilité de la fréquence cardiaque a été observée chez 47 % des jeunes atteints de DT2 après une durée moyenne de maladie de seulement 1,7 an. Dans SEARCH, la prévalence du CAN, évaluée après 8 ans de maladie chez les adolescents atteints de DT2, était de 17 %, contre 12 % chez ceux atteints de DT1. [8].

Dans l’ensemble, 7,1 % des participants ont présenté trois complications : néphropathie, rétinopathie et neuropathie. L’incidence cumulée des complications microvasculaires était de 80 %.

De plus, les taux d’HbA1c se sont détériorés progressivement tout au long de la période de suivi. Environ 45 % des participants avaient une HbA1c d’au moins 10 % et 20 % avaient une HbA1c comprise entre 8 et 10 %. L’IMC restait constamment entre 35 et 37,5 kg/m2.

Les maladies cardiovasculaires, déjà très répandues chez les jeunes atteints de DT2

Les jeunes atteints de DT2 présentent un dysfonctionnement endothélial, une augmentation de l’épaisseur intima-média de la carotide, une rigidité artérielle accrue, une hypertrophie ventriculaire gauche, un dysfonctionnement diastolique et une capacité d’exercice maximale réduite, autant de facteurs prédisant une morbidité et une mortalité cardiovasculaires précoces. [9,10].

Dans AUJOURD’HUI, 17 événements cardiovasculaires graves ont été enregistrés, dont 4 infarctus du myocarde, 6 cas d’insuffisance cardiaque congestive, 3 événements coronariens et 4 accidents vasculaires cérébraux.

Dans une analyse des études TODAY et EARCH, même si la durée moyenne du diabète était similaire, les complications étaient plus fréquentes chez les jeunes atteints de DT2 que chez ceux atteints de DT1 : 2,5 fois plus pour les complications microvasculaires, 4 fois plus pour les complications macrovasculaires. [11].

Les jeunes atteints de DT2 perdraient 15 ans de vie

Dans SEARCH, une surmortalité a été observée chez les jeunes adultes pour chaque type de diabète, avec des différences de risque associées au type de diabète, à l’âge, à la race/origine ethnique et au sexe. [12]. Les ratios de mortalité étaient de 1,5 (IC à 95 % : 1,2-1,8) et de 2,3 (IC à 95 % : 1,7-3,0) pour le DT1 et le DT2, respectivement.

Les femmes avaient des taux de mortalité plus élevés que les hommes. Le diabète était la cause sous-jacente du décès dans 9,1 % des cas, autant que les maladies cardiovasculaires ou le cancer (10,9 %). Selon un modèle d’espérance de vie, les jeunes atteints de diabète de type 2 perdent environ 15 ans de vie.

Fini les troubles du comportement alimentaire, les syndromes dépressifs…

Au-delà de ces complications, d’autres sont souvent présentes chez les adolescents atteints de DT2 : environ 50 % présentent des troubles de l’alimentation (21 % chez ceux atteints de DT1), 19,3 % rapportent des symptômes dépressifs et 18,9 % expriment des pensées d’automutilation. 19,6 % souffrent du syndrome des ovaires polykystiques. Les scores Z de densité minérale osseuse au col fémoral et au niveau lombaire étaient significativement plus faibles chez les adolescents atteints de DT2 que chez les adolescents en bonne santé. La présence d’une maladie hépatique stéatosique associée à un dysfonctionnement métabolique (MASLMD) est également plus marquée.

« Les récentes approbations de nouvelles interventions médicamenteuses pour la perte de poids et l’amélioration du contrôle glycémique chez les adolescents donnent de l’espoir. Nous espérons qu’au cours de la prochaine décennie, la prévalence des complications chez ces jeunes atteints de DT2 diminuera. En attendant, une approche proactive est essentielle pour prévenir les complications liées au DT2 chez ces jeunes », a conclu le professeur Orit Pinhas-Hamiel.

Incidence mondiale du diabète de type 2 chez les personnes âgées de 20 ans et moins (/100 000) [3].

Pour en savoir plus : Lignes directrices consensuelles de pratique clinique ISPAD 2022 : Diabète de type 2 chez les enfants et les adolescents

Liens d’intérêt des experts : aucun

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