Broderie, bridge, Scrabble… Pourquoi les jeunes aiment-ils tant les activités de grand-mère ? – Édition du soir Ouest-France

Broderie, bridge, Scrabble… Pourquoi les jeunes aiment-ils tant les activités de grand-mère ? – Édition du soir Ouest-France
Broderie, bridge, Scrabble… Pourquoi les jeunes aiment-ils tant les activités de grand-mère ? – Édition du soir Ouest-France

Ils ont moins de 25 ans et ont développé une passion pour le tricot, la broderie, le Scrabble ou encore le bridge. Une tendance qui s’accentue depuis la crise du Covid-19 et qui est largement relayée sur les réseaux sociaux.

Et si le tricot au coin du feu, lové sous une couverture, remplaçait les sorties en boîte du samedi soir pour les jeunes générations ? Tricot, broderie, Scrabble, pêche ou encore bridge… Ces activités connotées « troisième âge » suscitent l’enthousiasme des moins de 25 ans qui n’hésitent pas à inonder les réseaux sociaux de vidéos de leurs créations ou de leurs meilleures stratégies de jeux de cartes.

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Carton du « l’époque de grand-mère » sur TikTok

Sur TikTok, la tendance « l’époque de grand-mère », où les internautes vantent les bienfaits d’adopter un quotidien « à l’ancienne », un carton. Recettes de soupes, astuces de grand-mère, projets de crochet… Par exemple, la TikTokeuse qui gère le compte « @khlomousse » partage son style de vie de « grand-mère », comme elle le revendique, avec ses 197 000 abonnés. Et la mayonnaise prend. Certaines vidéos comptent plus de 2 millions de vues. “22 ans, mais 80 ans dans ma tête”, » poste-t-elle fièrement devant la caméra.

@khlomousse Réponse à @Shaloma voici l’avancée du plaid carré mamie, vous en pensez quoi ? ???????????? #crochet #plaid #mamie #grannysquare ♬ son original – Chloé????????‍????

Sur Instagram, les comptes de broderie se multiplient également, mais avec une touche « génération Z ». Comme le compte « @brodepute », qui crée des broderies teintées de messages féministes et autres slogans politiques inspirés des manifestations.

La mise en scène de ces passions sur les réseaux sociaux est le revers caractéristique d’une génération bercée par la culture numérique. Cela s’explique, selon Elisabeth Soulié, anthropologue conférencière, spécialiste de la génération Z et auteure du livre La génération Z aux rayons X (éditions du Cerf), par l’absence de dissociation chez les jeunes, entre le virtuel et le réel. « Cette génération ne peut pas faire quelque chose sans que cela soit partagé. Elle a besoin de se connecter avec d’autres personnes passionnées par la même activité et de créer une communauté. »

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“Grâce au bridge, j’ai rencontré mes meilleurs amis et mon partenaire”

Vincent Gallais, de son côté, ne partage pas ses meilleures tactiques de jeu sur les réseaux sociaux, mais se passionne tout autant pour une activité habituellement prisée des grands-parents : le bridge. A tout juste 24 ans, il joue depuis plus de quatorze ans au célèbre jeu de cartes britannique. « J’ai commencé à l’école primaire lors d’une activité proposée par l’école à l’heure du déjeuner », il raconte l’édition du soir.

Aujourd’hui, le bridge a pris une part considérable dans sa vie. Avec plusieurs entraînements par semaine, il concourt également le week-end, une vingtaine par an. Originaire de Nantes (Loire-Atlantique), il vit à Lille (Nord), où il fait partie d’un club. « Grâce au bridge, j’ai rencontré mes meilleurs amis et mon partenaire. » il confie. Diplômé d’une école d’ingénieur, il en a même fait son métier. Aujourd’hui, il travaille pour FunBridge, le leader du jeu de bridge en ligne.

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« J’ai Arlettes et Yves comme partenaires de jeu »

Conscient de la réputation un peu dépassée de son sport, Vincent Gallais le défend : « L’image de quatre mamies jouant au bridge autour du thé de l’après-midi représente 1 % du jeu. Le vrai bridge se joue en club, en compétition, en effet la moyenne d’âge de l’équipe de France de bridge est de 30 ans. » Il lui arrive cependant de jouer avec des personnes doublement, voire triples de son âge, avec lesquelles il a même noué des amitiés. « J’ai Arlette et Yves comme partenaires de jeu et j’apprends beaucoup des personnes âgées, notamment sur le plan humain. » La principale différence en matière de jeu entre les générations ? « Lorsque nous sommes confrontés à un problème en bridge, nous avons le réflexe de sortir notre téléphone pour demander la solution à notre réseau. Pas la vieille école », il a souri.

« Un besoin de se reconnecter à soi »

Ces loisirs ressuscités du passé ont retrouvé une popularité nouvelle auprès des jeunes grâce au Covid-19 et aux confinements successifs. Comme un choix politique pour revenir à un mode de vie au ralenti, loin des pixels des écrans et du flux incessant des réseaux sociaux. Pour Elisabeth Soulié, cette tendance est une voie pour les jeunes qui ont grandi avec les réseaux sociaux, « renouer avec soi dans des moments de silence, revenir à une époque où l’on est moins sollicité et tendre vers plus d’authenticité », explique-t-elle.

Prendre plaisir à pratiquer des loisirs créatifs ou à participer à des jeux de société favoriserait également le développement, « un marqueur important pour la génération Z, plus que les précédentes », insiste Elisabeth Soulié, où « il y a un fort besoin de prendre soin de soi ».

 
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