Vive la bêtise de nos politiques

Vive la bêtise de nos politiques
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Jamais les bobines de bêtisiers n’ont été aussi populaires. En plus de l’équipe deInfoman qui nous rend compte chaque jeudi soir des bourdes de nos politiques et des dérapages intervenant dans les conseils municipaux, nous pouvons compter sur Olivier Niquet, pilier de Le jour est (encore) jeunepour accomplir cette tâche.


Publié à 1h23

Mis à jour à 7h15

A ceux-ci s’ajoute Jean-Philippe Cipriani de l’émission Tout peut arriver qui, dans sa revue de presse hebdomadaire, ne manque pas de mettre en avant plusieurs pépites. Le style de Cipriani diffère de celui de ses confrères dans le sens où la bêtise n’émane pas tant des propos des personnalités ciblées que des commentaires dont il parsème ses clips. Sa démarche me rappelle celle de Yann Barthès, animateur de l’émission les jours En .

Et puis, il y a Frédéric Labelle qui rage tous les matins chez Paul Arcand, au 98,5. sur la gâchette, cette chroniqueuse excelle dans l’art de mettre en lumière bourdonner réseaux sociaux. Cela l’amène à braquer une loupe sur les déclarations de certaines personnalités, notamment politiques.

Bref, on aime rire aux dépens des élites. Car c’est là, finalement, le principe des bêtisiers : le bouffon qui se moque du roi.

Grand consommateur du genre, je constate que ce qui est stupide pour les uns ne l’est pas pour d’autres. Quand Frédéric Labelle sort un clip où on entend François Legault délirer en compagnie d’enfants devant le trou qu’on a creusé pour qu’il puisse planter un arbre, on réagira différemment si on est parents, si on déteste la CAQ ou, au contraire. , si nous aimons cette fête.

La bêtise est d’abord dans l’œil de celui qui le prend et le propose au public. Les bêtisiers sont des chroniqueurs (certains diraient avec un nez de clown) qui véhiculent des opinions. Face aux réseaux sociaux qui ne signalent les gaffes de personnalités que dans de courtes vidéos, ils ont une valeur ajoutée.

Je dois admettre que dans les quatre exemples cités, ces designers prennent leur rôle très au sérieux. Réaliser un bon bêtisier ou une revue de presse épicée demande beaucoup de travail.

On nous a toujours dit « les mots s’envolent, les écrits restent ». Ce n’est plus vrai. Aujourd’hui, toutes les déclarations publiques ont droit à la postérité et peuvent être répétées à tout moment dans l’espace public.

Parlez à Normand Marineau qui a fait l’objet d’un micro trottoir en 1962 à Radio-Canada alors qu’il avait 11 ans. Plus de 60 ans plus tard, il est devenu une star des réseaux sociaux grâce à sa façon de rouler ses « r ».

Qu’on se le dise, nous préférons voir la bêtise chez les autres, rarement chez nous-mêmes. Pourtant, nous sommes tous capables de bêtises. Si nos paroles devaient être enregistrées quotidiennement pendant plusieurs minutes, il est certain qu’Olivier Niquet pourrait nourrir des chroniques jusqu’à la fin de ses jours.

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PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Olivier Niquet

Les politiques et diverses personnalités sont pleinement conscients de cette chasse à la bêtise. Combien de fois les entend-on dire : « C’est sûr que je vais me retrouver Infoman en te disant ça. »

Je comprends que ces personnalités dont les déclarations sont scrutées à la virgule près soient prudentes. Mettez-vous à leur place. D’un côté, on les suit avec un micro et une caméra, et de l’autre, on leur reproche de faire un grand usage du langage de bois.

Nous n’aimons pas qu’un homme politique soit beige et lisse. Mais ironiquement, c’est souvent lorsqu’il commet une gaffe qu’il se rapproche le plus de l’authenticité.

Le journaliste Michael Kinsley, qui s’est beaucoup intéressé aux bévues des hommes politiques au cours de sa carrière (on appelle cela une « gaffe de Kinsley »), a dit un jour : « Une gaffe, c’est ce qui arrive lorsqu’un homme politique dit la vérité. »

Une des choses qui explique, je pense, le large choix d’absurdités dont disposent les chroniqueurs est notre propension à extraire les personnalités de leur place naturelle. Ah ! la célèbre phrase « Je suis sorti de ma zone de confort ! » « .

L’animal n’est jamais stupide lorsqu’il se trouve dans son habitat naturel. Mais lorsqu’il est placé dans des situations auxquelles il n’est pas adapté, il devient stupide. C’est le cas de personnalités qui acceptent d’entrer dans des décors qui ne sont pas les leurs.

Notre époque est un engrais 20-20-20 pour la bêtise.

Dernier constat, on a tendance à considérer comme plus bêtes les personnes qui s’expriment mal, qui parlent fort, qui sont grossières. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. La bêtise ne choisit pas une classe sociale. Le seul avantage qu’ont ceux qui manient mieux que d’autres la langue est de retarder le moment où la bêtise sera révélée.

Combien de fois ai-je été envoûté par les propos d’un soi-disant intellectuel pour me dire à la fin de son discours : « Finalement, ce qu’il vient de dire est stupide. »

La stupidité et ceux qui la propagent ont un bel avenir devant eux. Heureusement pour nous. Nous nous sentirons moins seuls. Et moins bête.

 
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