l’histoire des dégâts inexorables de la vieillesse et l’appel au secours des souvenirs

Paul Auster est l’auteur de plus de trente ouvrages traduits en plus de 40 LANGUES. En 1987, son Trilogie new-yorkaise l’a rendu célèbre sur la scène littéraire internationale. En 2018, 4 3 2 1 est un monument de 1 000 pages relatant la vie d’un garçon d’origine juive né en 1947. Année de naissance de l’écrivain américain. Cette fois, avec Baumgartner (Actes Sud, mars 2024), ce court à la fois tendre et mélancolique, récit de la vieillesse de son personnage, Paul Auster nous propose une réflexion sur la mémoire de la vie lorsqu’elle commence à s’effriter.

L’histoire. Il y a des journées qui commencent mal. Il existe des petites casseroles en aluminium qui vous gâchent la vie. Sy Baumgartner, voyant cette maudite poêle, toujours allumée depuis le petit-déjeuner, la saisit à deux mains. Cri de douleur, brûlure et événements malveillants se succèdent. Des petits sinistres domestiques à une chute spectaculaire dans les escaliers. « Au moins, je ne suis pas mort », poursuit-il. “J’imagine que ce n’est pas anodin.”

C’est ainsi que se déroule la vie de Sy Baumgartner, veuf de 70 ans, Un professeur de philosophie de Princeton parle de la maladresse matinale va basculer. “Tout s’est effondré le jour de la poêle brûlée et est tombé dans les escaliers. Des événements à la fois burlesques et dramatiques qui le plongent dans ses pensées, dans ses souvenirs. Comment la vie tourne à droite ou à gauche selon le hasard et les coïncidences. On retrouve ici les thèmes favoris de l’écrivain américain.

Les plus belles pages de ce court roman sont consacrées à l’amour et au deuil. La femme de Sy est morte noyée. “Maintenant, c’est un moignon humain, un mi-homme ayant perdu la moitié de lui-même, et oui, les membres manquants sont toujours là, ils font toujours mal, au point qu’il a parfois l’impression que son corps est sur le point de prendre feu et de brûler. l’endroit.”

Le jour de la noyade, les vagues étaient énormes, l’eau bouillait, mais Sy sait qu’il n’aurait pas pu empêcher Anna de retourner une dernière fois dans l’océan. “Oui, elle serait encore en vie si elle n’était pas retournée dans l’eau, mais notre mariage n’aurait pas duré plus de trente ans si j’avais fait des choses comme essayer de la garder hors de l’eau. de l’eau si elle le voulait. La vie est dangereuse », Baumgartner a dit à Marion, sa thérapeute.

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Le romancier américain Paul Auster avec son épouse Siri Hustvedt à leur domicile de Brooklyn (États-Unis), le 31 janvier 2020. (EVA TEDESJO / DN / AGENCE DE PRESSE TT / AFP)

Anna va revenir à la vie à travers des apparitions, des rêves et surtout lorsque Sly retrouvera les manuscrits de sa femme. Stratagème d’écrivain et ode à la littérature de la part de Paul Auster. Dans ces manuscrits enfouis dans de vieux cartons, Anna raconte son histoire, Sly revit leur jeunesse, leur amour, leur rencontre. Comme toujours avec Auster, toutenchevêtrement, histoires et souvenirs.

Sy est donc veuf et professeur de philosophie, spécialiste de Kierkegaard et il a 70 ans. Paul Auster a 77 ans, n’est pas professeur de philosophie, mais il a déjà cité Kierkegaard dans ces romans. Sy est un écrivain comme Auster. Sy et Anna s’aiment et écrivent…

Paul et Siri Hustvedt aussi. Les machines à écrire sont des fétiches du roman, elles le sont pour Paul Auster, on se souvient de sa passion pour son Olympia portable, fidèle depuis 1974. Auster n’est pas veuf, mais comme à son habitude, il mélange dans son récit, autobiographie et fiction. Il y aura aussi ce père d’origine polonaise qui possède un magasin de vêtements, la place du père à Auster est centrale.

Laissons là la course aux indices même si les grands lecteurs de Paul Auster s’y retrouveront. Dans Baumgartner, l’écrivain travaille toujours sur la reconstruction et la destruction de la mémoire qui sont ses thèmes de prédilection. Enfin, la question de la maladie et des chemins tortueux qu’elle emprunte à l’esprit émerge en filigrane au fil des pages. Le corps qui abandonne, l’homme qui boite et se débat. Et quelque part sur une page vers la fin, Auster écrit : “Alors, le vent au visage et le sang qui coule encore de la blessure sur son front, notre héros part à la recherche de secours… » L’écrivain est toujours un héros. Ce qui pourrait être un début de réponse à la question : est-ce le dernier Paul Auster ? Les héros ne meurent jamais.

« Baumgartner » aux Éditions Actes Sud, 208 page 16 euros

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« Baumgartner », le roman de Paul Auster publié chez Actes Sud. (QUE)

Extrait : « Baumgartner est assis à son bureau dans la pièce du premier étage qu’il appelle parfois son bureau, son cogitorium ou son trou. Plume à la main, il est à moitié engagé dans une phrase du troisième chapitre de sa monographie sur les pseudonymes de Kierkegaard lorsqu’il lui vient à l’esprit que le livre qu’il doit citer se trouve en bas dans le salon, là où il l’a laissé avant de monter se coucher. le jour précédent. En descendant les escaliers pour le récupérer, il lui revient. aussi qu’il a promis à sa sœur de l’appeler ce matin à 10 heures heures, et comme il est presque 10 heures heures, il décide d’aller dans la cuisine passer le coup de fil avant de récupérer le livre dans le salon. Mais en entrant dans la cuisine, il s’arrête brusquement, frappé par une odeur âcre et pénétrante. Il se rend compte qu’il y a quelque chose qui brûle, et alors qu’il s’approche du poêle, il voit que l’un des brûleurs avant est resté allumé et qu’une flamme faible mais persistante grandit. rongeant le fond de la petite casserole en aluminium, il en utilisa trois heures plus tôt pour cuire les deux œufs durs qu’il mange au petit-déjeuner. Il éteint le feu puis, sans réfléchir, c’est-à-dire sans prendre la peine de saisir une manique ou un torchon, il retire du feu le cuiseur à œufs en ruine, encore fumant, et se brûle la main. Baumgartner crie de douleur.

 
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