Le Sénégal est encore loin de son objectif d’atteindre zéro décès dû à la rage d’ici 2025. Selon le programme de lutte contre les maladies tropicales négligées, en 2023, cinq décès ont été enregistrés dans le pays. Une situation qui a amené les acteurs à sensibiliser sur le comportement à adopter vis-à-vis du chien, le plus souvent responsable de ladite maladie mais également envers son propriétaire pour la vaccination annuelle du chien contre la rage.
A l’image de la communauté internationale, le Sénégal célébrera ce samedi 28 septembre la Journée mondiale de la rage dans la région de Fatick. Région qui a enregistré le plus grand nombre de signalements de cas de morsures de chien en 2023. Axée sur le thème « Raise obstacles à l’élimination de la rage » pour la santé humaine et « Briser les frontières de la rage » pour la santé animale, cette célébration prendra la forme d’une sensibilisation et d’un plaidoyer pour plus de ressources mais pour une meilleure connaissance des mesures préventives pour éviter la rage. Ainsi, en prélude à ladite journée, la Division de Lutte contre les Maladies (Dlm) à travers son Programme National de Lutte contre les Maladies Tropicales Négligées, la Direction des Services Vétérinaires du Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté Alimentaire et de l’Elevage (Masae) , a organisé hier à Dakar un atelier de sensibilisation afin de contribuer à l’atteinte de l’objectif de « Zéro décès humain lié à la rage ».
Selon le Dr Ndèye Mbacké Kane, coordinatrice de la lutte contre les maladies tropicales négligées, la rage une fois déclarée chez l’homme est mortelle. ” Plus de 99 % des cas humains dus à des morsures de chien concernent des enfants âgés de 4 à 14 ans. » dit-elle. D’où la nécessité de vacciner votre chien chaque année afin de prévenir la rage chez les enfants qui sont le plus souvent en contact permanent avec le chien de la maison.
Au Sénégal, la rage reste une maladie soumise à déclaration et surveillance obligatoire. Au vu de la situation épidémiologique, la rage connaît une recrudescence suite aux morsures de chiens, le plus souvent errants ou semi-domestiqués.. En 2024, les services de l’élevage ont dénombré au total 1.469 chiens domestiques vaccinés et 1.419 chiens errants éliminés. ” Entre 2013 et 2022, le système de surveillance des maladies du ministère de la Santé et de l’Action sociale a permis de notifier 30 338 cas d’exposition à la rage. Durant la même période, 25 cas de rage humaine ont été signalés. En 2023, cinq cas de décès humains liés à la rage humaine ont été signalés. Cela démontre à suffisance la circulation active du virus de la rage qui constitue un problème majeur de santé publique. » a fait comprendre le Dr Ndèye Mbacké Kane. Et d’ajouter : “” Le Sénégal, à l’instar de la communauté internationale, s’est engagé à éliminer la rage humaine transmise par les chiens d’ici 2030 et le programme national de lutte contre les maladies tropicales négligées (MTN) dans son nouveau plan stratégique 2022-2025 s’est fixé pour objectif d’avoir « Zéro décès lié à la rage ». d’ici 2025 ».
Pour cette année, le Docteur Anta Cheikh Guèye, membre de l’Ordre National des Médecins Vétérinaires du Sénégal (ONMS), a rapporté que «le virus de la rage circule dans le pays. Pour preuve, entre janvier et septembre 2024, 45 cas de rage ont été enregistrés chez les chiens, bovins, caprins et chevaux. « . Dans la lutte contre la rage, le Sénégal reste confronté à un problème de ressources financières selon les acteurs de la lutte contre la rage. Ainsi, bien qu’un vaccin soit disponible, l’absence de vaccination systématique et la forte population de chiens errants, le manque de sensibilisation des propriétaires de chiens à la vaccination préventive constituent des obstacles à la lutte contre la rage canine. ” Pour la prévention de la rage humaine causée par les morsures, les problèmes d’accessibilité financière au vaccin antirabique dont le coût n’est pas à la portée de la population générale et le manque de sensibilisation des populations sur l’importance de l’exposition post-soin, représentent facteurs expliquant les cas de décès liés à la rage en Afrique a déclaré le Dr Ndeye Mbacké Kane.
Manifestations de colère
Selon les professionnels de la maladie, la phase symptomatique débute souvent par une dysphagie, à savoir des difficultés à avaler, et divers troubles neuropsychiatriques, dont l’anxiété et l’agitation. L’hydrophobie, qui est le spasme involontaire des muscles du cou et du diaphragme à la vue de l’eau, est parfois observée chez les humains victimes de la rage.
Que faire en cas de morsure de chien
En cas de morsure par un chien, nettoyer immédiatement la plaie avec de l’eau et du savon, rincer abondamment et appliquer une solution antiseptique. Il est indispensable de consulter rapidement un médecin, qui pourra, selon le contexte, orienter la personne mordue vers un centre antirabique.
Les chiffres dans le monde
Dans le monde, des maladies transmises entre les animaux et les humains (zoonoses) émergent selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et représentent environ 60 % des maladies infectieuses émergentes chez l’homme. Parmi ces zoonoses on retrouve la rage qui est une maladie mortelle. Selon la Division des maladies tropicales négligées (MTN), environ 22 millions de personnes sont exposées chaque année dans le monde et près de 59 000 en meurent, dont la moitié sont des enfants d’âge scolaire. Plus de 95 % des cas humains de rage sont dus à des morsures de chien. “Elle est évitable à 100% par la vaccination des chiens mais continue de provoquer des décès, notamment en Afrique en raison de la circulation continue de la rage chez les chiens et des difficultés de gestion des cas de morsures.”
Rappelons que la Journée mondiale contre la rage est célébrée chaque année par la communauté internationale en hommage à l’anniversaire de la mort de Louis Pasteur, qui a mis au point le premier vaccin antirabique et posé les bases de la prévention de la rage. Il s’agit d’une campagne mondiale annuelle unique d’éducation et de sensibilisation sur la rage qui atteint des millions de personnes avec des messages de prévention.
Denise ZAROUR MEDANG
