L’auteur Marion Lejeune présente son premier roman à Aix-en-Provence intitulé « L’escale »

L’auteur Marion Lejeune présente son premier roman à Aix-en-Provence intitulé « L’escale »
Descriptive text here

Pour son premier roman, publié aux éditions « Le bruit du monde », qui vise à révéler une littérature capable d’enrichir nos imaginaires et d’élargir nos horizons, Marion Lejeune se place délibérément du côté de la fiction de plein air. Au départ de cette fiction qui rappelle les grands textes de Bernard Moitessier, Henri Decoin, Joseph Conrad de Miroir de la mer ou certains voyages évoqués par Jack London, on retrouve un voyage effectué par l’auteur aux îles Féroé, avec une escale très rapide. Le souvenir aussi deEntre ciel et terre de Jón Kalman Stefánsson, écrit à partir de récits d’explorations polaires. Cela signifie que L’escale respirez les embruns, les vagues, les durs rapports des marins étranglés ici par la solitude, et cette force que possèdent les îles, véritables aimants pour les êtres happés par leur puissance et qui cherchent eux aussi à s’en libérer.

Le lecteur est physiquement frappé par l’ampleur de cette nature qui devient un personnage à part entière avec, entre autres éléments, la collecte des œufs dans les falaises ou le Grind, cette étonnante et violente chasse à la baleine. Grigori, le personnage principal, est un marin russe du « Gren », un voilier commercial norvégien qui effectue ses derniers voyages. Il se retrouve menacé de mort par un camarade à cause d’une dette, et profite alors d’une escale sur l’archipel, territoire isolé de l’Atlantique Nord, pour trouver refuge à terre.

Réalistes, les descriptions physiques de chacun sont enveloppées dans des pages oniriques rendant les situations décrites encore plus terribles. Thomassen, par exemple, «marin puissant de la tête aux pieds“, évolue comme un animal familier du lieu,”sa démarche assurée, ses poings épais, légèrement serrés, pendant de chaque côté de son corps« . Il rappelle à bien des égards l’un de ces mystérieux personnages de Île au trésor de Stevenson dont la rage et la colère cachent l’âme d’un enfant perdu. Tout comme celui de Loukine, qui «laisse place à une souffrance qu’il retenait derrière ses sourires d’invité idéal« .

Un hymne à l’amour des livres

Traversant des paysages peuplés de moutons et de vent, Grigori découvre la vie des insulaires. Il sera fasciné par la façon dont Jon et Halle, un couple d’enseignants, ont investi les lieux en peuplant leur vie de livres. Au-delà de cette épopée maritime où les dangers rôdent partout, et où l’on assiste à des combats de rats sanglants organisés dans les cales du bateau, L’escale reste un hymne à la littérature et au charme enivrant de la prose panthéiste. Nous verrons comment tout cela s’organise et nous suivrons assez fasciné la rencontre entre Grigorine et Alda, une jeune fille qui découvre des nids qui »peut-être a-t-il marché autant qu’il a navigué, les sentiers de la plaine pierreuse sont l’ouvrage de ses seules foulées, elle sait comme lui ce que sont le vide et le vent, ses falaises sont un peu comme ses vergues, ils tirent leur subsistance de le même équilibre« .

Roman avec plusieurs entrées portant ces phrases d’Anna Milani sur la page d’annonce : «La question des limites était depuis longtemps surmontée. Les lieux n’étaient plus circonscrits, repérés sur des cartes immobiles. Ils ont déménagé avec le voyageur “, L’escale est un roman où une histoire poursuit l’autre. Implicitement développée est une analyse profonde de la nécessité de défendre la Nature attaquée par l’Homme, et où l’on rencontre de terribles menaces dans un texte pourtant empreint de douceur humaniste.

« L’Escale » de Marion Lejeune. Editions Le bruit du monde, 280 pages, 21€.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV « Je suis extrêmement déçu du résultat »
NEXT Ce fruit ne doit surtout pas être consommé avec ces médicaments, selon l’ANSM