Cancer du rein. L’immunothérapie confirme sa place dans le traitement des formes avancées et localisées – -

Cancer du rein. L’immunothérapie confirme sa place dans le traitement des formes avancées et localisées – -
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Le Professeur Laurence Albiges, oncologue médical à Gustave Roussy et spécialiste des tumeurs urologiques, revient pour nous sur les récentes annonces faites lors du congrès international d’oncologie de l’ASCO dédié aux cancers génito-urinaires.

Pouvez-vous nous rappeler quel est le traitement actuel du cancer du rein localisé ?

La pierre angulaire du traitement est la chirurgie. Tout ou partie du rein est retiré : on parle alors de néphrectomie totale ou partielle. Les patients sont ensuite surveillés pour détecter une éventuelle récidive et intervenir dans les plus brefs délais.

N’existe-t-il pas de traitement pour réduire le risque de récidive du cancer du rein ?

Dans d’autres localisations cancéreuses, il existe des traitements dits adjuvants, qui sont administrés à cet effet en postopératoire. Dans le cancer du rein, aucun traitement ne s’est avéré efficace. La situation a changé cette année.

Parce que les résultats présentés lors du dernier congrès de l’ASCO-GU ont changé la donne…

Ce sont en effet les résultats de l’étude Keynote-564. Cet essai clinique a testé l’efficacité du pembrolizumab (Keytruda©), une immunothérapie, chez des patients atteints de la forme la plus classique de cancer du rein, à savoir le cancer du rein à cellules claires, et à haut risque de récidive. Le traitement a été administré, après l’intervention chirurgicale, toutes les 3 semaines pendant un an.

Des résultats précédents, présentés en 2021, avaient déjà montré que ce traitement permettait de réduire le risque de rechute. De nouvelles données montrent que cela améliore également la survie globale. Autrement dit, grâce au pembrolizumab, davantage de patients sont guéris. Il s’agit du premier médicament, administré comme adjuvant, à démontrer un tel bénéfice dans le cancer du rein.

La prise en charge des patients va-t-elle changer ?

En réalité, la situation a déjà changé pour nos patients à haut risque de rechute depuis décembre 2023, lorsque les autorités sanitaires ont accordé un accès anticipé à ce médicament. C’est un traitement bien toléré. Cependant, il peut y avoir des effets secondaires qui correspondent à un système immunitaire hyperactif : dysfonctionnement de la thyroïde, éruption cutanée, etc. Exceptionnellement, ce traitement peut déclencher des maladies auto-immunes. C’est pourquoi les patients doivent être informés des risques et étroitement surveillés.

Qu’en est-il de la prise en charge du cancer du rein métastatique ?

Depuis 2019, nous avons eu 2 stratégies de première ligne1 qui consistent à combiner 2 soins. Dans la première, on combine un anti-angiogénique et une immunothérapie. Dans la seconde, nous combinons 2 immunothérapies.

Lors de l’ASCO-GU, nous avons eu la présentation des données de mise à jour à long terme de ces différentes stratégies. Ils montrent qu’un patient sur 10 est en rémission complète, et pour certains d’entre eux, depuis 5 à 10 ans. C’est considérable. Cela signifie que certaines maladies peuvent être contrôlées au fil du temps.

Comment choisir entre les 2 stratégies de traitement ?

Actuellement, notre choix se fait en fonction du profil du patient et de la maladie. Gustave Roussy mène actuellement un essai clinique européen, Care1, pour déterminer s’il serait possible d’identifier des patients qui répondront mieux à l’une ou l’autre stratégie grâce à l’utilisation de biomarqueurs.

Y a-t-il eu d’autres progrès ?

Oui, il s’agit cette fois de la qualité de vie des patients. Il faut savoir que l’immunothérapie s’administre actuellement par voie intraveineuse, sous forme de perfusion de 30 minutes. Une étude vient de montrer que l’injecter par voie sous-cutanée, comme un vaccin par exemple, ne change pas son efficacité.

Ces résultats ne sont pas spécifiques au cancer du rein. Une étude précédente l’avait démontré dans le cancer du poumon. C’est extrêmement important car cela signifie que les patients resteraient beaucoup moins longtemps à l’hôpital.

À l’avenir, les immunothérapies pourraient-elles même être administrées dans les villes ?

Pour l’instant, leur administration se fait toujours par voie intraveineuse et à l’hôpital, sauf dans le cadre d’une hospitalisation à domicile. Mais on peut imaginer qu’à terme le patient n’aura plus besoin de se déplacer. Pour y arriver, les autorités sanitaires devront d’abord accepter cette forme sous-cutanée puis son administration en dehors de l’hôpital. Le cancer du sein a ouvert la voie aux thérapies ciblées, nous espérons donc que l’immunothérapie le fera également.

1. Les traitements de première intention dans les états métastatiques sont les premiers traitements administrés lorsque le cancer devient métastatique ou lorsqu’il a été immédiatement diagnostiqué.

Docteur en biologie, journaliste scientifique et rédacteur en chef du site du magazine Rose

 
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