Depuis novembre 2023, les pharmacies sont autorisées à vacciner sans prescription médicale. Si les patients s’en réjouissent compte tenu de l’attente pour obtenir un rendez-vous dans un cabinet médical, les pharmaciens sont plus sceptiques. Ils dénoncent un acte sous-payé.
Êtes-vous à jour de tous vos vaccins ? Les Français se posent cette question et beaucoup pensent qu’ils trouveront la réponse en allant chez le médecin. Ce n’est pas complètement faux.
Or, de nombreux Français ignorent que depuis novembre 2023, ils peuvent se rendre en pharmacie pour se faire prescrire et administrer le vaccin aux patients de plus de 11 ans, sans passer par le médecin traitant.
«Je pense que les patients ne sont pas trop conscients. Cela reste le schéma traditionnel, les patients vont chez le médecin, puis ils viennent chez nous pour récupérer le vaccin et nous vaccinons. », constate Quentin Gouttebaron. Dans sa pharmacie située dans le 2e arrondissement de Lyon, il réalise très peu d’actes de ce type.
Il aimerait cependant mettre à profit sa formation. «Cette nouvelle formation nous permet de revoir tous les vaccins du calendrier»explique le pharmacien qui a déjà appris à injecter le vaccin contre la grippe et le coronavirus.
“On s’est dit que c’était une bonne avancée pour la profession, que ça nous permettait d’avoir un peu plus de responsabilités et de faire progresser notre métier”, ajoute le praticien formé sur une journée.
Même si de nombreux patients ne sont pas encore au courant de ce nouveau décret, son approbation est quasi générale.
“C’est une bonne chose, c’est rapide, c’est pratique” se réjouit un client qui n’en est pas à sa première vaccination en pharmacie.
« J’ai confiance dans les pharmaciens. Ils sont très professionnels. C’est moins effrayant que d’aller chez le médecin., ajoute une autre cliente en attendant de payer ses médicaments. Elle a également reçu son injection en pharmacie, seulement 2 jours après avoir pris rendez-vous.
Et l’argument qui revient sur toutes les lèvres : «ça désengorge les cabinets médicaux». Nous savons à quel point il peut être compliqué d’obtenir un rendez-vous chez le médecin !
Un consensus que les patients ne partagent pasCe n’est pas le cas de la majorité des pharmaciens, dont beaucoup refusent de pratiquer cet acte. « Le coût de la formation reste élevé », souligne Véronique Nouri, présidente de la fédération des pharmaciens du Rhône. Elle dénonce également un acte sous-payé.
La vaccination sur prescription médicale est payante 7,5 euros contre 9,6 si c’est le pharmacien lui-même qui prescrit le vaccin.
« 2,10 € pour une prescription qui nous prend quand même plus de 5 minutes, ça prend 15 bonnes minutes, le temps de regarder son carnet de vaccination avec le patient, de regarder les vaccins qui lui manquent peut-être, ça ne vaut pas la peine de souffrir pour quelques”, ajoute le praticien en pénurie de collaborateurs.
La Cnam et les deux syndicats de pharmaciens sont actuellement en négociation pour demander une revalorisation de la loi sur la prescription. En attendant des retours positifs, la fédération appelle à la grève le 30 mai.
