Un voyage à Venise au cœur de la Biennale d’Art

L’artiste aborigène Archie Moore est le lauréat du Lion d’or de la Biennale d’art de Venise 2024, qui lui a été décerné par un jury samedi 20 avril. C’est la première fois que ce prix est décerné à un Australien. Le plasticien de 54 ans a composé une installation intitulée « Kith And Kin » (expression désignant l’entourage d’une personne), qui comprend un arbre généalogique monumental dessiné à la craie blanche sur les murs et le plafond. 3 484 noms manuscrits, dont certains estompés, figurent sur les branches qui, selon le créateur, dateraient de 65 000 ans. Au centre de la pièce, une grande table est recouverte de piles de documents gouvernementaux relatifs aux décès d’Autochtones en garde à vue. L’effet est saisissant.

Membres du collectif Mahku, composé d’Amérindiens du Brésil, devant la fresque du pavillon central de la Biennale qu’ils ont réalisé.

Emmanuel Coissy

La 60e édition de la Biennale d’Art de Venise est ouverte au public du samedi au 24 novembre 2024 (visite guidée recommandée), après quatre jours d’avant-premières pour les professionnels. Fondée en 1895, c’est la plus ancienne exposition du genre et la plus grande. Tous les deux ans, il rassemble les œuvres d’artistes du monde entier (88 pays cette année) qui concourent dans trente pavillons nationaux permanents du Jardins réels (Jardins Royaux) et dans d’autres dispersés dans toute la Sérénissime. Par exemple, le pavillon du Saint-Siège se trouve cette fois dans la prison pour femmes de l’île de la Giudecca.

Prôner l’ouverture et l’humanité

La Biennale fait écho à l’actualité. Même les plus tragiques. Le pavillon israélien, protégé par des soldats à la gâchette, annonce qu’il n’ouvrira qu’après la libération des otages détenus par le Hamas et lorsqu’un cessez-le-feu entrera en vigueur. Tandis que les files d’attente s’étirent devant les pavillons les plus populaires, celui de Russie n’attire quasiment personne. AuArsenalele pavillon ukrainien évoque la résistance à l’invasion russe et l’exil de la population provoqué par la guerre.

Une fresque de Maurizio Cattelan sur la façade de la prison pour femmes qui abrite le pavillon du Saint-Siège.

AFP

L’événement artistique est avant tout une rencontre internationale qui prône des valeurs telles que l’ouverture et l’humanité. Chaque édition comprend une exposition centrale, conçue par un commissaire. Celui-ci, intitulé « Stranieri Ovunque / Foreigners Everywhere » (Les étrangers partout) est l’œuvre d’Adriano Pedrosa, directeur du musée d’art de São Paulo au Brésil. Cette thématique est un prétexte pour interroger notre rapport à l’altérité, notamment lorsque l’étranger est considéré comme étrange. Plusieurs pièces traitent de la question de l’exode et de l’immigration.

L’installation « Le Musée de l’ancienne colonie » de Pablo Delano est également spectaculaire, qui reflète la relation ambiguë qu’entretiennent les États-Unis avec Porto Rico. A voir également le bel accrochage de centaines de portraits hétéroclites, dont un autoportrait de Frida Kahlo surveillé par un gardien, qui donne le vertige.

La Suisse s’expose à Venise

L'exposition « Civilisations super supérieures » de l'artiste Guerreiro do Divino Amor est un sanctuaire fou dans le pavillon suisse.

L’exposition « Civilisations super supérieures » de l’artiste Guerreiro do Divino Amor est un sanctuaire fou dans le pavillon suisse.

Samuele Cherubini/Pro Helvetia

La Suisse est bien sûr là, dans la Cité des Doges. L’exposition centrale présente des tableaux de la peintre lausannoise Aloïse Corbaz (1886-1954), figure de l’Art Brut qui fut internée pendant quarante-six ans dans un hôpital psychiatrique et y réalisa l’essentiel de son œuvre. Une vitrine abrite son « Cloisonné de Théâtre », un tableau au format étonnant : 14 mètres de long sur 1 mètre de large.

Le pavillon suisse accueille « Civilisations super supérieures », une exposition folle conçue par Guerreiro do Divino Amor, né à Genève et vivant au Brésil. Le tout est à la fois un temple païen éclairé par des néons et une farce fellinienne pleine d’icônes suisses.

L'artiste japonais Verdy devant la statue qu'il a créée  Swatch.

L’artiste japonais Verdy devant la statue qu’il a créée Swatch.

Emmanuel Coissy

D’une icône suisse à l’autre… Swatch est le partenaire principal de la Biennale d’Art de Venise depuis 2011. L’art est intrinsèquement lié à l’âme de l’horloger biennois, notamment dans le design de ses montres. Pour cette édition, la marque collabore avec Verdy, un artiste japonais star en Asie, qui a érigé une statue de 4 mètres dans le Jardins. Il représente Vick, un personnage fétiche qu’il a créé.

Dans les bâtiments duArsenale, l’exposition Swatch Faces 2024 dévoile le travail d’artistes en résidence pendant trois à six mois au Swatch Art Peace Hotel de Shanghai. Il faut admirer deux tapisseries (patchwork, broderie) de Leo Chiachio et Daniel Giannone, un couple à la ville et sur scène qui y définissent un espace de poésie.

Le Palais Expérimental

Confort, décoration et emplacement font partie de ses atouts. Il Palazzo Experimental est un petit bijou (32 chambres et suites) encore méconnu : l’hôtel quatre étoiles a été inauguré à l’été 2019. Si vous n’y séjournez pas, vous pourrez vous restaurer dans son restaurant, l’Adriatica. , ou passez le soir au bar puisque les cocktails sont une spécialité de l’établissement.

Fondamenta Zattere al Ponte Lungo, 1411

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Facebook Al Covo

Un cadre chaleureux et une terrasse bordée de parasols. Al Covo est une institution dont on ne se lasse pas. Le restaurant, tenu par une famille depuis 1987, est le spécialiste de la cuisine vénitienne raffinée où poissons et fruits de mer sont à l’honneur.

Campiello de la Pescaria, 3968

 
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