A Lyon, le musée des Confluences présente une exposition sur les grandes épidémies humaines

De longues tiges de métal aux manches en bois brillent sous la lumière tamisée : elles servaient à cautériser les plaies ou à administrer l’extrême-onction sans trop s’approcher des malades de la peste. Sur le grand tableau qui surplombe la fenêtre, des cadavres clairs sont retrouvés dans les rues de Marseille, en 1720, lors de la dernière épidémie en France.

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A quelques mètres de là, un costume de « médecin de la peste » avec un masque de corbeau surveille les visiteurs de son bec pointu. « Ce type de costume aurait été inventé par un médecin parisien au XVIIee siècle. Il est très présent dans l’iconographie, mais nous ne sommes pas sûrs qu’il ait été réellement porté. souligne l’anthropologue Mathilde Gallay-Keller, qui a conçu l’exposition Épidémies au musée des Confluences à Lyon (Rhône).

« Pas trop anxiogène »

Des sculptures en verre de virus, existants ou non, ouvrent et clôturent l’exposition. | STOFLET
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Des sculptures en verre de virus, existants ou non, ouvrent et clôturent l’exposition. | STOFLET

Inspiré d’une exposition à la Smithsonian Institution de Washington DC, mais plus axé sur une longue histoire que sur son modèle, Épidémies a été imaginé avant Covid. La récente pandémie n’est qu’effleurée, les suivantes sont esquissées, notamment par une sculpture en verre scintillant d’un virus grand format : Mutation future sans titre. « Nous avons essayé de ne pas rendre l’exposition trop anxiogène. » assure Hélène Lafont-Couturier, la directrice du musée. La musique apaisante et la largeur des allées réduisent le stress éventuel.

Les épidémies ont accompagné l’histoire de l’humanité, l’ont profondément influencée et ont généré des rites et des phénomènes culturels particuliers, montre cette exposition majeure. De la peste antonine décrite par Galien dans IIe siècle (en fait probablement la variole) jusqu’au SIDA qui a vu les patients devenir des activistes dans leurs soins.

De la variole au sida

Appareil photo microphotographique du Dr Roux. | OUEST-FRANCE
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Appareil photo microphotographique du Dr Roux. | OUEST-FRANCE

La section consacrée à la variole et à ses symptômes visuellement frappants reflète la dimension mondialisée que prennent les épidémies à partir du XVIe siècle.e siècle : un calendrier aztèque aux dessins explicites retrace la chronologie entre l’arrivée des Espagnols et le fléau. L’ancienne divinité indienne de la variole, Mariamman, à qui l’on offrait des ex-voto représentant les parties du corps les plus touchées, jouxte le démon japonais Hosogami.

Une sculpture rituelle béninoise hérissée de boutons rappelle “cette variation (immunisation par contact volontaire avec les lésions) y existait sans doute dès le XVIIIe siècle. Mais c’est aussi là que les derniers cas ont été constatés.» souligne Mathilde Gallay-Keller. La variole est le s la seule maladie humaine officiellement éradiquée, en 1980, car elle était uniquement humaine, sans réservoir animal.

L’épidémie de sida a modifié la relation entre le patient et la société. | OUEST-FRANCE
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L’épidémie de sida a modifié la relation entre le patient et la société. | OUEST-FRANCE

Les débuts de l’étude scientifique de « l’histoire naturelle » des maladies et notamment des interactions avec les animaux ne datent que de deux siècles, rappelle Épidémies. Un étonnant appareil photo de plusieurs mètres de long, conçu en 1887 par Émile Roux, cofondateur de l’Institut Pasteur, sert non pas à se tenir à l’écart des germes et vecteurs de maladies, mais à en prendre les meilleures photos. Mais il a fallu attendre les années 30 et le microscope électronique (il y en a aussi un dans l’exposition) pour visualiser les virus. A l’échelle de l’Humanité, c’était (presque) hier.

Jusqu’au 16 février 2025 au Musée des Confluences de Lyon.

Dix ans

Le Musée des Confluences, situé à la pointe sud de la presqu’île de Lyon, au confluent du Rhône et de la Saône, fêtera ses dix ans en décembre. Son architecture à facettes, sans façade principale, est déjà une curiosité. Sa collection rassemble celle de plusieurs musées disparus (dont le Muséum de Lyon et le musée Guimet à Lyon) et d’importantes donations. Elle présente en parallèle quatre expositions temporaires et une exposition permanente bien organisée en quatre parties (Origines, Espèces, Sociétés, Éternités). Il a accueilli 700 000 visiteurs en 2023.

 
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