« Avec plein de danseurs je peux dessiner des choses », le Gardois Sadeck Berrabah au Zénith Sud avec Murmuration

Installé à Vauvert, Sadeck Berrabah est passé par Montpellier après avoir quitté l’est de la où il a vécu, un temps, dans la rue. Le danseur et chorégraphe a développé un vocabulaire chorégraphique basé sur la géométrie et la réaction en chaîne qui a fait un tabac sur Internet au point qu’il a reçu des demandes de stars internationales comme Shakira. Avec « Murmuration » au Zénith le 26 avril, il s’inspire du vol des étourneaux en plaçant 40 danseurs sur scène.

Votre spectacle Murmure est présenté à Montpellier la semaine prochaine. Est-ce un peu comme jouer à la maison ?

C’est exactement ça. J’ai hâte de prendre ce rendez-vous. J’aurais tous mes amis, ma famille. Ça va être incroyable.

Vous habitez Vauvert dans le Gard, mais Montpellier a été déterminante dans votre parcours un peu chaotique ? Quand tu as quitté l’Est de la France, tu dormais dans la rue.

J’ai déménagé de la rue à Montpellier. A la base, je suis de Forbach. J’ai un ami qui m’a dit « je descends à Montpellier, qu’est-ce que tu fais ? ». C’était le milieu de l’été, je ne faisais pas grand chose, alors je suis descendu. Je ne connaissais pas la ville. Juste de nom. En arrivant à Montpellier, je me suis dit : « je ne repars pas, je reste ici ».

Avez-vous trouvé du travail ici et recommencé à danser ?

Je n’ai jamais arrêté de danser. Cela a toujours fait partie de ma vie. A Montpellier, j’ai rencontré une autre communauté de danseurs. Je me suis senti très bien intégré.

A-t-on pu vous voir danser dans la Comédie ?

J’ai fait des spectacles de rue sur Comedy. Nous nous sommes entraînés au Triangle, à côté du Polygone.

« Ne jamais abandonner » est un précepte qui semble bien vous convenir ?

Cela fait partie de mon personnage. Dès que j’ai une idée en tête, je me lance. Peu importe ce qu’on me dit. J’essaie.

Vous avez collaboré avec Shakira, Chris Brown, Jennifer Lopez et même pour le passage de la flamme entre les de Tokyo et de Paris. Le succès est au rendez-vous, mais vous souhaitez rester serein en Occitanie ?

Outre ma carrière, j’ai la chance d’avoir une vie de famille. Je suis père de trois filles. C’est cette vie que j’aime. C’est mon équilibre. Je suis très bien entouré. Les étoiles, les paillettes, etc., c’est génial, mais ne nous mentons pas, j’ai besoin de stabilité. C’est mon parcours qui me donne cette mentalité.

Tu as fait beaucoup de petites formes, avec Murmure aviez-vous besoin de confronter votre monde sur scène ?

J’avais déjà créé « Géométrie variable ». Cela a fonctionné en vidéo. Nous l’avons ensuite fait sur scène et ça a marché aussi. je voulais l’essayer avec Murmure. Cela vient également d’une vidéo. Mais la scène m’a toujours attiré. Et les commentaires des gens quand ils voient Murmure sur scène, il est bien plus fort qu’en vidéo. La vidéo reste virtuelle, un écran. En live, on ressent les énergies, on sent les danseurs compter, chaque mouvement, chaque énergie.

Avez-vous observé les ballets des étourneaux ?

Je suis un amoureux de la nature. J’avais en quelque sorte besoin de fuir la ville et d’aller dans les forêts, les champs. Dans l’est de la France, on a la chance d’avoir beaucoup de murmures. Cela m’a toujours fasciné. C’est le dessin qui m’a donné ça. J’ai le désir de comprendre des événements ou des choses. Je voulais décortiquer. Lorsque vous voyez une masse d’oiseaux, lorsque vous zoomez, c’est plein de petits individus qui font des choix. Un instant, en tournant à gauche, tout le monde le suit. J’ai donc utilisé mon vocabulaire chorégraphique pour essayer de recréer ça.

Votre spectacle est comme une formule. Vous appliquez trois principes fondamentaux : les lignes de carrosserie, les isolations et les points fixes.

Au-delà de voir les bras qui bougent, c’est vraiment une compréhension du corps. Ce n’est même pas un style de danse mais un concept qui relie ce que j’aime, à savoir le dessin, l’aspect visuel des choses. J’utilise un avant-bras comme un trait de crayon. Et avec beaucoup de danseurs, je peux dessiner des choses. Mais pour bien dessiner, il faut comprendre la technique. Cela signifie comprendre votre corps. Si on fait un alignement d’individus et qu’il y en a un qui n’a pas compris les lignes du corps, cela se verra tout de suite. La ligne sera rompue. Isolations et points fixes, nous y ajoutons un ingrédient supplémentaire qui est la compréhension des énergies. Dans mes murs de danseurs, si quelqu’un n’a pas la même énergie que celui d’à côté, malgré le respect des lignes, cela se verra. C’est plein de petits paramètres à comprendre pour avoir une chorégraphie parfaitement exécutée.

Il y a 40 danseurs sur scène, tous coordonnés. Cela doit être une concentration constante pour eux ?

C’est aussi du travail. Je fais un parallèle avec les arts martiaux qui ne sont que répétition. Un mouvement est répété pendant un an pour le maîtriser parfaitement. Après Montpellier et Toulouse, on atteindra la 100ème date, mais malgré ça, ils continuent de s’entraîner pour atteindre la perfection.

Vous n’avez pas été très assidu à l’école, mais vous utilisez les mathématiques, en vous appuyant notamment sur la suite de Fibonacci.

Je pense que le format scolaire ne me convenait pas du tout. J’étais un étudiant un peu rebelle. Mais toutes les matières de ma scolarité m’ont intéressé par la suite. Je comprends maintenant ce qu’ils voulaient m’apprendre. Et donc, je fais beaucoup d’allusions à la suite de Fibonacci, le nombre d’or. La murmuration est aussi un hymne à la nature. Il y a donc beaucoup d’images et d’hommages aux mathématiques et à la nature. Tout est connecté. C’est de cela que parle cette émission.

Vendredi 26 avril à 20h Zénith Sud, 2 733 avenue Albert Einstein, Montpellier. ​​: 32 €.
 
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