Entretien. Hakim Jemili, Roman Frayssinet… L’humoriste John Sulo fait revenir le stand-up au Havre

Entretien. Hakim Jemili, Roman Frayssinet… L’humoriste John Sulo fait revenir le stand-up au Havre
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Par Victor Massias
Publié le

17 avril 24 à 19h20

Les plus observateurs ont reconnu son visage dans le film Tirailleursavec Omar Syet en Les méchantsde Mouloud Achour Et Dominique Baumard. Mais c’est surtout sur scène qu’il brille à Paris.

Originaire du district de Mont Gaillardau Havre (Seine-Maritime), John Sulo a réussi à se lancer dans le stand-up. Aujourd’hui, l’humoriste de 37 ans ramène l’art de la valve sur ses terres avec l’événement Je n’ai pas envie d’en rireÀ Palais des Régateset voit les choses en grand.

« Medina, je l’ai beaucoup taquiné sur son poids ! »

Nouvelles: Au début, la scène ne vous paraissait pas évidente.

Jean Sulo : Mon grand frère était l’ami de Médine. J’ai toujours traîné avec eux dès mon plus jeune âge. J’étais un peu le gamin qui énerve tout le monde, qui veut jouer au basket avec eux. Je les ai vus faire leur truc. Et puis, pour ma part, j’ai été un des premiers à avoir un ordinateur et internet dans le quartier. J’aimais réparer des PC, coder, faire de la mécanique, de la maintenance… Mon premier surnom, au Havre, était DRC, pour Doctor Computer. Je réparais les ordinateurs d’appartement en appartement, dans toute la ville. Elle est parvenue aux oreilles de Sals’a, le patron du label Din Records.

Alors, avez-vous immédiatement rejoint l’équipe ?

JS : Oui, finalement, je suis revenu parce que j’étais un geek. Sals’a m’a dit que Médina gagnait beaucoup de force, qu’il allait peut-être arrêter son métier pour se concentrer uniquement sur la musique et m’a proposé de récupérer tout le code informatique, de devenir community manager – on disait webmaster à l’époque – , gérer les newsletters, etc. Je gérais les pages Facebook, le MySpace, je discutais avec Orelsan, c’était fou, je m’épanouissais vraiment. Le site e-commerce Le Savoir Est Une Arme a explosé, ce fut un gros succès, la musique a bien fonctionné aussi. Je les suivais partout, je faisais un peu de tout et j’étais surtout un farceur. Médina, je l’ai beaucoup taquiné sur son poids !

“Je suis un enfant de Canal Plus”

Le stand-up est à la mode aujourd’hui, mais pas à l’époque. Comment avez-vous décidé de vous lancer ?

JS : J’ai commencé le théâtre à 12 ans grâce à Ismaël Habia, qui a été mon animateur et qui m’a fait monter sur scène. Il m’a expliqué comment cela fonctionnait et a planté cette graine dans mon cerveau qui a mis du temps à pousser. Ensuite, j’ai rencontré Sébastien-Abdelhamid, qui est originaire de Canteleu. Nous parlions déjà sur Twitter car nous sommes normands. Il a réalisé un tournage pour sa première sur Canal Plus et il a demandé sur Twitter qui souhaitait participer. J’y suis allé avec mon frère, il y avait Morsay, Vincent McDoum, Monsieur Octopus… On a fait un gâchis impossible et Sébastien m’a dit qu’il me voulait sur tous ses tournages. J’adore Inconnus, Nulles, Nowhere Else… Je suis un enfant de Canal Plus, donc j’étais content. J’en ai parlé à Sals’a, il m’a dit : « Fonce ! Je ne veux pas que tu atteignes 40 ans et que tu sois frustré.

Nous avons donc dû quitter le Havre pour Paris…

JS : Je suis arrivé dans une fourmilière. Les premières années ont été un peu compliquées, mais j’ai tenu bon. J’ai regardé les scènes ouvertes, j’ai traîné au Paname Art Café, la scène de référence du stand-up français, pour voir comment ça fonctionnait. J’ai réussi à faire une première scène, mais j’ai vu mes défauts : mon vocabulaire, ma diction. Petit à petit, c’est parti, j’ai fait mon nid et je n’ai pas fini.

“J’ai joué mon spectacle pendant deux ans”

Avez-vous réussi à vous créer une place rapidement ?

JS : Ce qui m’a permis de me stabiliser, c’est Clique TV. Ce sont eux qui m’ont fait confiance. J’ai eu un contrat à durée indéterminée avec eux pendant des années et j’ai pu me concentrer sur mon art car je n’avais plus la pression financière. J’ai eu un spectacle, Solo avec Sulo, où je recevais tous les comédiens, on parlait en coulisses. Cela nous a permis de nous ouvrir, de montrer aux gens ce qu’ils ne voient pas. J’ai utilisé cette émission pour découvrir mon métier, voir comment les gens travaillaient. Et surtout ça m’a donné de la crédibilité sur scène. Mais j’ai dû arrêter parce que les gens me voyaient comme un journaliste ou un présentateur.

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Alors que tu voulais être reconnu comme artiste de stand-up…

JS : Oui, du coup, le Covid a fait qu’on s’est séparé d’un commun accord avec Clique. Je me suis lancé dans le stand-up, j’ai lancé mon spectacle et j’ai joué pendant deux ans dans mon spectacle intitulé « Champion ». J’ai apprécié, mais je sentais que je pouvais faire mieux, je n’étais pas au niveau que je voulais, alors j’ai arrêté d’y jouer.

L’affiche du premier rendez-vous du Havre d’en Rire. (©Havre d’en rire)

Hakim Jemili pour le premier, Roman Frayssinet pour le second

Vous lancez désormais Haven of Laughs dans votre ville natale. Quel est le but ?

JS : Je souhaite ouvrir une scène qui permettra aux Havrais d’avoir un Comedy Club une fois par mois. L’humour avec une touche stand-up est quelque chose qui manque dans notre ville. J’ai très envie de faire un événement avec des comédiens de qualité, expérimentés, qui viennent tester leurs nouvelles blagues ou une partie de leur spectacle.

Y aura-t-il un événement chaque mois ?

JS : Exactement ! Pour le premier, nous avons une très belle affiche. On connaît surtout Hakim Jemili, mais Urbain et Marine Leonardi sont aussi très forts. Et puis il y aura Pilou, notre MC local. Ce que je voulais, c’est aussi mettre en valeur nos talents, pas que ce soient juste des gens d’ailleurs qui viennent faire rire les Havrais. Je laisserai toujours une place à quelqu’un du coin. La prochaine date, le 28 mai, la tête d’affiche sera Roman Frayssinet.

Tu as l’air d’avoir beaucoup d’idées !

JS : Dans un ou deux ans, j’aimerais monter un vrai festival d’humour comme il y en a dans les plus grandes villes de France. Puissions-nous vraiment devenir une ville où les gens aiment rire et partager. Avec le soutien de la ville, nous y arriverons. Et puis, il faut encourager les jeunes à faire du théâtre. Il n’y en a pas assez. Si Ismaël Habia n’avait pas mis la graine dans mon cerveau, je ne sais pas ce que j’aurais fait…

Informations pratiques :
Un havre de rire, au Palais des Régates, au Havre
Premier rendez-vous le 29 avril 2024 (Hakim Jemili, Marine Léonardi, Urbain, Pilou)
Deuxième date le 28 mai 2024 (Roman Frayssinet, autres artistes à venir)
Pour acheter des billets, cliquez ici.

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