SFD 2024 – Des projets francophones innovants pour améliorer la connaissance et la prise en charge du diabète

SFD 2024 – Des projets francophones innovants pour améliorer la connaissance et la prise en charge du diabète
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Décrire le diabète inflammatoire de type 2

Ces dernières années, nous avons commencé à phénotyper le diabète de type 2. Cependant, les marqueurs inflammatoires et immunitaires ne sont pas encore pris en compte dans cette catégorisation. Cependant, la littérature montre que la progression des maladies métaboliques peut être influencée par certains biomarqueurs, notamment inflammatoires. L’un des acteurs majeurs serait l’inflammasome NLRP3, un complexe protéique intracellulaire composé notamment de la protéine NLRP3 (NOD-like récepteur family pyrin domain-containing protein 3) et d’une protéase, la caspase-1. Ce complexe est activé par des signaux de stress cellulaire, notamment d’origine métabolique. Elle conduit à la production de cytokines pro-inflammatoires telles que l’interleukine IL-1 bêta. Dans l’obésité par exemple, les taux d’acides gras libres, de sucre dans le sang et de cholestérol peuvent activer l’inflammasome dans différents compartiments comme les monocytes circulants, le tissu adipeux ou les îlots de Langerhans. Tout cela favorise le développement du diabète de type 2 et de ses complications.

Le projet européen INTERCEPT-T2D vise à mieux caractériser ce diabète de type 2 dit « inflammatoire ». ” Nous souhaitons évaluer si les biomarqueurs peuvent prédire le risque de complications précoces chez les patientsexplique le Docteur Nathalie Esser (diabétologue, CHU Liège, Belgique). Nous souhaitons également déterminer si un traitement anti-inflammatoire pourrait prévenir la progression du diabète de type 2 et ses complications organiques. « . Sur ce point, une preuve de concept existe dans la littérature : des médicaments ciblant l’IL-1 bêta ont été évalués dans ce contexte et les données décrivent notamment un bénéfice sur l’équilibre glycémique, le risque cardiovasculaire ou les complications micro et macrovasculaires. Dans le projet européen, l’idée est d’évaluer un inhibiteur sélectif de l’inflammasome NLRP3, le dapansutrile oral via une étude de phase 2 randomisée en double aveugle (Dapan Dia Tria).

SFDT1 : mieux décrire les spécificités des diabétiques de type 1

Le projet SFDT1 est une étude de cohorte épidémiologique initiée en 2016 afin de « disposer d’une base de données épidémiologiques permettant les échanges d’expertise et qui donnerait du poids à la recherche francophone au niveau international », comme le précise le professeur Jean-Pierre Riveline (hôpital Lariboisière, Paris). Derrière ce souhait, « le fait que les diabétiques de type 1 ont un risque cardiovasculaire plus élevé que la population générale malgré l’absence de leurs propres facteurs de risque « . SFDT1 permettra donc d’identifier de nouveaux facteurs associés à ces événements.

L’étude, dont les inclusions ont débuté en 2020, vise un chiffre de 10 000 patients adultes et enfants, qui seront suivis activement pendant 10 ans, puis bénéficieront d’un suivi passif sur 30 ans. ” La base de données permettra d’exploiter des données médicales, des échantillons biologiques, des données de capteurs de glycémie, des données du Système National des Données de Santé (SNDS). » ainsi que les données issues de questionnaires patients sur différents paramètres psychosociaux (sommeil, activité physique, sexualité…). Actuellement, 3 252 personnes âgées en moyenne de 41 ans, dont 191 enfants, sont déjà incluses. Une cohorte témoin non diabétique, appariée sur l’âge, le sexe et la localisation, sera également constituée à partir des données du SNDS, afin de comparer l’état de santé et l’évolution parallèle de ces deux populations.

Certaines données seront prochainement publiées : notamment concernant les phénotypes de la population diabétique, l’étendue des troubles musculo-squelettiques chez plus d’un tiers des sujets, ou encore l’importance du risque cardiovasculaire en cas de surpoids ou d’obésité. De nombreuses autres études sont en cours, afin par exemple de décrire les spécificités de certaines comorbidités associées, comme la pathologie migraineuse ou les troubles du comportement alimentaire. Enfin, des travaux permettront de comprendre les déterminants de la détresse liée à la maladie qui touche un diabétique sur deux : anxiété, dépression, etc. mais aussi la recherche de marqueurs biologiques incarnant cette détresse, comme des marqueurs inflammatoires. Enfin, SFDT1 a rejoint le consortium européen Icare 4CVD pour aider à déterminer les premiers signes de risque cardiovasculaire dans cette population.

Vers une boucle fermée européenne innovante ?

Presque toutes les boucles fermées utilisées en Europe sont fabriquées aux États-Unis. L’Europe souhaite également développer ses propres technologies. Pour cela, elle a voulu évaluer « s’il est possible d’intégrer tous les aspects invasifs qui ne permettent pas au patient d’oublier sa maladie » explique le Professeur Eric Renard du CHU de Montpellier. Car les boucles fermées actuelles ont des limites : interventions externes (informations sur la consommation de glucides ou l’activité physique), administration sous-cutanée d’insuline potentiellement athérogène, capteurs de glycémie spécifiques, dispositifs externes stigmatisants, impact écologique.

Le projet européen MusiC4DIABETES vise à développer une micropompe à insuline implantable miniaturisée, fonctionnant de manière immédiate, automatisée et sécurisée. Elle est dirigée par plusieurs équipes européennes, notamment celle d’Éric Renard. Il utilisera la voie intrapéritonéale « plus physiologique », permettant notamment « pour retrouver la réponse au glucagon pendant l’hypoglycémie « . Le capteur utilisé ne sera pas un capteur enzymatique classique mais un microspectromètre permettant de mesurer la glycémie mais aussi les taux de lactate et d’hydroxybutyrate. La première permet de prédire le mouvement glycémique à la hausse ou à la baisse et permet donc à la pompe d’intervenir précocement. La libération d’hydroxybutyrate est un marqueur de sous-administration d’insuline et permettra à la pompe de s’adapter. L’ensemble miniaturisé sera invisible après implantation dans l’abdomen. Sa durée de vie devrait être de 8 ans.

 
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