qu’en dit la science ? – .

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Le phénomène est fréquemment évoqué lorsqu’il s’agit de décrire une réaction ou un effet quasi magique, qui apaise ou éteint nos maux. Mais que sait-on réellement de l’effet placebo ? Sur quoi repose-t-il et quelle place a-t-il dans le soin ? Loin d’être purement imaginaire, elle s’appuie sur des mécanismes psychologiques, biologiques et environnementaux solidement documentés dans la littérature scientifique. Pour rappel, on parle d’effet placebo lorsque la prise d’une substance que l’on pourrait dire inerte, comme une solution saline ou une pilule sucrée, produit des effets bénéfiques (qu’ils soient physiologiques ou psychologiques) sur le patient. , même s’il n’a aucun effet pharmacologique.

Parmi les processus qui sous-tendent l’effet placebo, le premier et peut-être le plus important est appelé « attente ». Il désigne l’attente (en français) par le patient d’un résultat positif ou négatif après une procédure de traitement réelle ou fausse. Dans la littérature scientifique, l’attente est décrite comme pouvant, par exemple, être induite par suggestion verbale, lorsque l’expérimentateur (ou le soignant en réalité) conforte l’efficacité de la thérapie. La parole du soignant peut, à elle seule, induire l’effet thérapeutique du traitement sur le patient. Cette attente est soutenue et médiatisée par un effet « d’apprentissage ». Des études sur le pouvoir analgésique de l’effet placebo montrent qu’en étant stimulé et renforcé, il peut être mémorisé. Mais cela dépend du contexte émotionnel et cognitif du patient. L’effet placebo analgésique peut, par exemple, diminuer chez les participants atteints de la maladie d’Alzheimer, en fonction de la gravité de la maladie.

Conditionnement au travail

Le deuxième mécanisme clé contribuant à l’effet placebo est le conditionnement, tel que décrit par Pavlov. Dans l’expérience de Pavlov, un chien est conditionné à associer le son d’une cloche (stimulus neutre) à la réception de nourriture (stimulus inconditionnel), de sorte que l’animal salive dès qu’il entend le son. sonnette. Dans l’effet placebo, un mécanisme de conditionnement similaire peut se produire. Dans une étude, un groupe de patients a reçu un médicament augmentant la sécrétion d’hormone de croissance pendant deux jours, suivi d’un placebo. Chez ces sujets, une réponse hormonale a été observée après la prise du médicament, mais également après le placebo. Cependant, la sécrétion d’hormone de croissance n’a pas été observée dans un autre groupe, le « groupe témoin », qui n’a pas été conditionné et n’a reçu qu’un placebo.

Implications cliniques

L’effet placebo semble omniprésent dans le processus thérapeutique, que ce soit consciemment ou non. Cet aspect a été démontré dans des études avec un protocole particulier : le paradigme ouvert-caché (OHP), consistant à administrer des traitements de manière cachée ou ouverte aux patients. Dans une autre étude, les patients ont été divisés en deux groupes et informés qu’ils recevraient un analgésique puissant. Le premier groupe a reçu un traitement analgésique (morphine) de manière classique via une infirmière. Le deuxième groupe a reçu le même traitement via une machine, sans intervention humaine (délivrant le traitement de manière cachée). Les résultats ont révélé un effet analgésique significativement plus faible dans le groupe « caché » par rapport au groupe ouvert (avec intervention humaine), bien que le principe actif soit le même. Autrement dit, le rituel de soin est, en lui-même, un puissant inducteur de l’effet placebo.

Au-delà des effets analgésiques, l’effet placebo existe dans des situations cliniques très variées. Par exemple, il a été étudié dans la gestion des symptômes du syndrome du côlon irritable. Une étude a révélé, d’une part, que l’acupuncture placebo permet une réduction significative de la gravité des symptômes et, d’autre part, que cet effet est d’autant plus important qu’il existe une meilleure relation praticien-patient.

L’effet placebo a également été démontré dans la maladie de Parkinson. Une étude s’est penchée sur l’influence de l’effet placebo sur la bradykinésie (ralentissement des mouvements volontaires) chez des patients soumis à une neurostimulation, la Deep Brain Stimulation (DBS), une technique de stimulation cérébrale profonde utilisant l’implantation d’électrodes dans le cerveau. Le protocole consistait à activer et désactiver le DBS avec ou sans avertir le patient. Les personnes stimulées à l’avance présentaient nettement moins de symptômes que celles stimulées de manière secrète. À l’inverse, la désactivation manifeste de la neurostimulation a considérablement aggravé la bradykinésie par rapport à sa désactivation secrète.

Et l’éthique dans tout ça ?

L’effet placebo est un outil présentant un excellent rapport bénéfice-risque. Cependant, cela pourrait aussi être vu comme une forme de tromperie et de mensonge, car cela ne respecte pas le principe d’autonomie du patient, ce qui limite son utilisation dans la pratique. Cependant, le traitement placebo peut être éthiquement acceptable dans certaines situations où le médecin croit sincèrement à ses effets bénéfiques et où il est présenté honnêtement au patient, afin de garantir son autonomie et son pouvoir de décision. De nouvelles études montrent également qu’une utilisation transparente a des effets similaires à ceux d’un placebo classique et moins d’effets secondaires. Conscients de l’inactivité pharmacologique de leur traitement, les patients présentent généralement peu d’effet nocebo, c’est-à-dire des effets indésirables bénins, principalement d’origine psychologique, après administration d’un médicament inactif.

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* Adapté de : Moalic A, et al. Placebo : effet réel ou imaginaire, que dit la science ? Rév Med . 2023;9(840):1614-1617.

Publié dans Planète Santé magazine n°52 Mars 2024

 
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