Pendre ou être pendu ? Voici l’histoire insolite de Jean Rattier, un condamné à mort devenu bourreau

Pendre ou être pendu ? Voici l’histoire insolite de Jean Rattier, un condamné à mort devenu bourreau
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La Corriveau, condamnée à pendaison pour le meurtre de son mari puis exposée dans une cage de fer, est probablement le cas de condamnation à mort le plus célèbre de notre histoire. Un autre cas de condamnation est certes moins populaire, mais tout aussi intéressant : il s’agit de l’histoire du bourreau Jean Rattier ! Retour sur un fait divers insolite de notre passé…

Le cas de Marie-Josephte Corriveau est probablement le cas de meurtre le plus connu de notre histoire. Sur cette photo apparaît la cage de fer dans laquelle est exposé le corps de celle surnommée « La Corriveau ». Ce cas particulier a particulièrement marqué l’imaginaire de la population de l’époque et plusieurs rumeurs et légendes se sont répandues par la suite à son sujet.

Domaine public

La mort par inhalation d’azote d’un individu accusé de meurtre, il y a quelques semaines en Alabama, aux États-Unis, a fait couler beaucoup d’encre et montre à quel point nos mœurs et nos valeurs ont changé au Québec et dans le Ouest. Beaucoup ont remis en question, à juste titre, la justification morale de punir le meurtre par de nouveaux meurtres.

Aujourd’hui, à l’exception de quelques rares endroits, comme certains États américains, la peine de mort n’est plus pratiquée dans les pays occidentaux. Cependant, cette pratique est pratiquée depuis longtemps dans notre pays. Elle fut confiée aux soins d’un métier bien particulier : celui de bourreau !

Le bourreau en Nouvelle-

Autrefois, le rôle du bourreau consistait soit à pratiquer des tortures punitives pour faire souffrir un coupable, soit à exécuter un condamné à mort. Officiellement appelé exécuteur de la haute justice ou maître des grands travaux, le nom vulgaire de bourreau lui fut donné par le peuple, qui méprisait généralement cette fonction et celui qui l’occupait.

Comme le souligne l’historien André Lachance, spécialiste du système judiciaire en Nouvelle-France et auteur de l’ouvrage Le bourreau au Canada sous le régime français, le bourreau était le bourreau du roi. Ce dernier était le seul autorisé – avec ses officiers – à juger un criminel en France et en Nouvelle-France en vertu du pouvoir que lui confère Dieu.

À l’époque, explique Lachance, « pour juger un accusé, on ne se basait pas comme aujourd’hui sur un esprit de justice, mais plutôt sur un désir de vengeance ». L’objectif était de punir et de dissuader par la peur, d’où le fait qu’il était normal à l’époque d’appliquer le droit du talion en torturant ou en exécutant publiquement un coupable.

Cependant, il était souvent difficile de trouver des individus disposés à devenir maîtres de grandes œuvres, ce qui explique pourquoi les juges obligeaient fréquemment les criminels à devenir bourreaux en échange de leur peine. C’est ce qui s’est passé le 17e siècle à un certain Jean Rattier.

Le crime de Jean Rattier

Jean Rattier, dit Dubuisson, est originaire de Saintonge, en France. En 1672, alors qu’il travaille comme domestique chez Jean Godefroy de Tonnancour, à Trois-Rivières, il épouse Marie Rivière, également saintongeaise. Le couple déménage en 1676 pour atterrir à Saint-François-du-Lac. C’est là que survient un événement tragique qui change considérablement le destin de la famille Rattier.

En 1679, lors d’une rixe impliquant plusieurs personnes, une jeune femme de 20 ans prénommée Jeanne Couc est tuée. Lors du procès tenu à Trois-Rivières, Jean Rattier a été reconnu coupable du meurtre de la jeune femme et condamné à la potence. Il décide de faire appel de la décision à Québec devant le Conseil souverain de la Nouvelle-France, qui joue le rôle de cour d’appel depuis sa création par Louis XIV en 1663.

Cependant, le verdict reste le même au Québec : Rattier est reconnu coupable et doit être pendu ! Mais il y a un problème. Le bourreau Jacques Daigre vient de mourir et il n’y a personne pour procéder à l’exécution de Jean Rattier.

Ce dernier se trouve alors confronté à un dilemme : soit il croupit en prison en attendant qu’on lui trouve un bourreau pour procéder à son exécution publique, soit il devient lui-même bourreau et peut en même temps retrouver sa liberté. Quel choix feriez-vous dans un tel cas ?

Pour Jean Rattier, il semble que le choix ait été assez simple. Selon son biographe André Lachance, Rattier s’empressa d’accepter l’offre d’emploi du Conseil souverain et devint le nouveau bourreau de la Nouvelle-France, poste qu’il occupa jusqu’à sa mort en 1703.

Au XXe siècle, la chaise électrique était le principal instrument utilisé pour tuer les condamnés dans de nombreux États américains. Cependant, les injections mortelles sont plus courantes aujourd’hui. Il y a aussi le récent cas de meurtre par inhalation d’azote en Alabama qui a suscité la controverse.

PHOTO AFP

 
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