La musicologue Delphine Vincent met les compositrices à l’honneur

Publié le 10 avril 2024 à 12h31 / Modifié le 10 avril 2024 à 13h32

A cette époque, en 1795, lors de l’ouverture du Conservatoire de Paris, quelques rares femmes étaient admises mais uniquement pour le solfège, le chant ou le piano. Porter un corset et jouer d’un instrument à vent peut être dangereux. Et on craignait que le fait de souffler dans un hautbois ou dans une trompette ne déforme leurs visages. De manière générale, nous préférions ne pas voir de femmes dans les orchestres car les hommes auraient été « distraits ». Une autre époque, pensons-nous. Certainement.

Mais le nôtre n’est guère plus avancé en termes de parité entre musiciens. Exemple : la violoniste suisse Madeleine Caruzzo a été la première femme à intégrer l’Orchestre Philharmonique de Berlin en… 1982. Et regardez la fresque du Café Mozart à Lausanne, jouxtant le Conservatoire, elle n’est composée que d’hommes. Restons avec Mozart. Pas Wolfgang Amadeus mais Maria Anna, sa sœur. Dans le travail Les silences de la musique sous la direction de la musicologue Delphine Vincent et de l’historienne Pauline Milani, on apprend que sa carrière a été « tuée dans l’œuf ». Mozart Sr. a encouragé sa brillante carrière d’interprète mais a entravé sa carrière de compositrice. Les femmes doivent occuper les places qui leur reviennent. « L’hégémonie masculine dans la culture ne peut fonctionner que si les femmes jouent leur rôle subordonné », a-t-on soutenu.