Matthieu Lartot dénonce « le scandale de l’accessibilité » pour les personnes handicapées, malgré les JO de Paris

Matthieu Lartot dénonce « le scandale de l’accessibilité » pour les personnes handicapées, malgré les JO de Paris
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REAU ALEXIS / PRESSE SPORTIVE Après une récidive de son cancer en 2023, Matthieu Lartot s’est fait amputer de la jambe droite.

REAU ALEXIS / PRESSE SPORTIVE

Après une récidive de son cancer en 2023, Matthieu Lartot s’est fait amputer de la jambe droite.

HANDICAP – “Nous n’amputons pas le cœur.” C’est le titre du livre de Matthieu Lartot, sorti ce 4 avril chez Robert Laffont. Le journaliste sportif passionné de rugby raconte avec pudeur et de manière très touchante son parcours sportif, médical et journalistique, étroitement liés…

De son premier cancer au genou droit, alors qu’il n’avait que 17 ans, à l’amputation de sa jambe après une récidive en 2023, le rugbyman de France Télévisions parle de son combat contre la maladie et de sa détermination à vivre au plus près de sa famille et du sport, de ses raisons de vivre.

Aujourd’hui, il est en train de créer une association, Debout en bouts, pour aider les personnes atteintes de cancer et les amputées d’un membre à se doter de prothèses adaptées. Entretien.

HuffPost. Pourquoi tu écris ça « la notion de courage, lorsqu’il s’agit de lutter contre une maladie mortelle comme le cancer, ne semble pas pertinente » ?

Matthieu Lartot. C’était pour combattre ces phrases un peu vagues que nous avons tous dites un jour à quelqu’un confronté à la maladie. Sauf que, quand on vous annonce que vous avez un cancer, vous n’avez pas d’autre choix que d’y faire face et de vous battre. À mon avis, le courage n’a pas grand chose à voir là-dedans. Et puis, cela impliquerait qu’une personne qui meurt n’aurait pas été aussi courageuse que les autres… Le vrai courage est celui que nous dicte la volonté et non ce que le destin nous impose. Je préfère parler de force ou de détermination, de mentalité ou de résilience.

C’est la même chose lorsqu’on décrit les personnes handicapées comme « héroïques ». Il y a une sorte de fausse compassion derrière cela. Les regards un peu compatissants, qui inspirent une sorte de presque pitié, me dérangent un peu. Mais je ne blâme pas les gens, j’ai moi-même déjà dit un simple « bonne chance » à quelqu’un qui traversait une épreuve…

En arrivant à France Télévisions, la rencontre avec le journaliste Patrick Knaff vous marque particulièrement. Pouvez vous nous dire?

Cela a été très important dans mon parcours et décisif dans ce qui m’est arrivé plus tard. Il a semé en moi cette graine, celle de l’acceptation de l’amputation. C’était quelqu’un qui, malgré sa jambe manquante, brûlait la vie par les deux bouts, était un peu casse-cou, faisait parfois un peu n’importe quoi, car il s’était affranchi de tous les codes de la société. Le regard des autres ne lui importait pas. Cette liberté m’a beaucoup inspiré.

Un lien naturel s’est créé entre nous et ce qui l’a gêné, c’est qu’il s’est rendu compte que j’étais presque plus handicapée que lui ; Il pouvait sauter en parachute, skier sur une jambe, et je ne pouvais rien faire du tout. Il n’arrêtait pas de me répéter : « Coupe-toi cette jambe, tu seras plus calme et tu feras plus de choses « . Et quand j’ai pris cette décision, j’ai tout de suite pensé à lui, car il m’a fait accepter mon sort. J’ai eu cette chance grâce à lui d’avoir marché dans ma tête. Avoir une amputation était libérateur. Et je le dois en partie à Patrick. Parler de lui, c’était aussi une manière de lui rendre hommage, car il nous a quitté (il est décédé en 2006, NDLR).

Quand vous acceptez l’invitation de Faustine Bollaert à Ça commence aujourd’hui en mai 2020, vous parlez “sortir”. Pourquoi as-tu fait ça à ce moment-là ?

Je parle de « coming out », parce que j’étais déjà journaliste depuis 20 ans France Télévisions et je n’en avais jamais parlé publiquement. J’avais besoin de me débarrasser des centaines de questions qu’on me posait sur ma jambe. Ils étaient gentils mais lourds. C’est un véritable tournant, car si je n’avais pas fait cette émission, je n’aurais peut-être pas rendu publique ma récidive.

« J’ai peur que pendant 15 jours, on essaie de trouver des solutions temporaires, comme des flottes de taxis… Mais ce n’est pas une solution durable. Quel héritage laisserons-nous ? »

Un des passages les plus touchants du livre, ce sont les deux mois que vous passez au centre de rééducation Ladapt, en 2023, après votre amputation. Qu’est-ce qui vous a frappé là ?

Ce que je ne dis pas dans le livre, c’est qu’avant de rejoindre ce centre et l’amputation, je l’ai visité et j’ai rencontré les équipes. Tout d’abord, le bâtiment n’est pas très glamour. Et surtout, pour parler franchement, dans la petite cour devant, il y avait des gens en fauteuil roulant, des amputés, des gens de petite taille, des gens en convalescence et qui déambulaient… C’était vraiment une ambiance de cour. des miracles.

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Ce fut un choc visuel et me dire que j’allais être parmi eux deux mois plus tard n’était pas évident. Je ne pouvais pas m’imaginer. Et en fait, ce qui est incroyable, c’est que j’ai alors vécu probablement les moments les plus riches de ma vie d’un point de vue humain. Car tout est remis à zéro : pas de rang social, pas de religion, pas de couleur de peau, nous sommes tous dans le même bateau, avec des handicaps et des sévérités différentes, avec une solidarité extraordinaire et des gens qui chaque jour vous obligent à vous dépasser.

J’y ai rencontré des personnes qui ont été extrêmement importantes dans ma reconstruction et j’en suis reparti fier d’appartenir à cette communauté de destins. Cela m’a un peu réconcilié avec l’humanité.

Vous mentionnez les Jeux olympiques et ce que vous nommez directement « le scandale de l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite dans les enceintes sportives ». Pour vous, ces Jeux Olympiques sont-ils adaptés aux personnes à mobilité réduite (PMR) ?

Sur la promesse qui était de rendre accessibles les transports en commun et le métro parisien, rien ou presque n’a été fait. À peine 9 % du réseau du métro parisien est accessible aux PMR. S’il y a 12 millions de personnes confrontées à un handicap en France, ce n’est pas anodin. Et cela concerne aussi les femmes enceintes et les personnes âgées.

Durant les Jeux Paralympiques, il y aura 350 000 personnes handicapées à Paris. J’ai peur que pendant 15 jours, on essaie de trouver des solutions temporaires, comme des flottes de taxis… Mais ce n’est pas une solution durable. Une fois les jeux terminés, que restera-t-il de tout cela ? Quel héritage laisserons-nous ? Je sais que ce sont des arrangements compliqués et longs, mais lorsque les Jeux ont été attribués, cela faisait partie des promesses qui n’ont pas été tenues.

Dans les arènes sportives, cela dépend du lieu. Des évolutions ont été réalisées au Stade de France. Cela va dans le bon sens, mais de nombreuses enceintes en France sont vétustes et méritent d’être rénovées. Nous sommes en retard dans ce domaine. On a le sentiment d’être dans un état d’immobilité, auquel s’ajoute la lourdeur administrative.

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