L’élu Bernard Travier a claqué la porte du conseil d’administration

L’élu Bernard Travier a claqué la porte du conseil d’administration
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Suite à la procédure d’alerte déclenchée par l’auditeur et face à « l’absence de réponse », l’ancien vice-président de la culture de la Métropole vient de démissionner du conseil d’administration de l’Orchestre national de l’Opéra Montpellier.

Quelle est la situation financière de l’association qui gère l’Orchestre de l’Opéra National de Montpellier ?

C’est tellement inquiétant que le commissaire aux comptes a lancé une procédure d’alerte, qui pourrait conduire à un redressement judiciaire, voire à une liquidation. Le déficit prévisible à la fin de cet exercice sera de 1,4 million d’euros. Les fluides, les salaires et les dépenses augmentent. Les 3 millions d’euros versés pour la location du Corum – 12 % du budget de l’Opéra, un cas unique en – pèsent lourd. Sur ce point, on ne s’en sortira pas sans renégocier un amendement. Cela devrait être possible puisque la Ville et la Métropole détiennent une participation majoritaire dans Montpellier Events, qui gère Corum. Ce n’est pas la subvention exceptionnelle de 500 000 €, votée l’an dernier par la Métropole, qui permettra de redresser la situation. D’autant que la Région réduit ses soutiens et paie en retard, ce qui engendre des coûts supplémentaires.

Selon vous, que faudrait-il faire ?

Des mesures de bon sens ont été préconisées par le rapport réalisé par Laurent Bayle, demandé à juste titre par Michaël Delafosse (maire et président de la Métropole), et remis aux membres du conseil d’administration le 26 octobre. Il recommande le développement des coproductions, notamment avec Toulouse et Avignon, la réalisation d’une étude d’audiences, la réalisation d’économies, notamment sur le coût très élevé de certains spectacles, la mise en place d’un suivi précis des recettes prévisionnelles et réalisées…

Ces recommandations ont-elles été mises en œuvre ?

Lors du dernier conseil d’administration, le 19 février, aucune annonce de mesures de relance inspirées du rapport Bayle n’a été faite. J’ai donc démissionné ce jour-là. Je l’ai expliqué dans une lettre à Michaël Delafosse et au préfet François-Xavier Lauch. Et j’en ai informé les élus de la Métropole lors du dernier conseil municipal, le 2 avril. Ce jour-là, j’ai profité de l’inscription de crédits au budget 2024, concernant la rénovation de la façade de l’Opéra, pour expliquer mon grande préoccupation.

La situation économique n’explique-t-elle pas aussi les difficultés ?

Cela les aggrave, mais le problème fondamental est qu’il n’y a pas de projet clairement défini à tous les niveaux. L’Opéra est géré par une association dotée d’un budget de 24 millions d’euros, comptant plus de 200 salariés, alors que c’est un EPCC (Établissement Public de Coopération Culturelle) qui devrait en être responsable. Beaucoup de choses en découlent. Le rapport Bayle constate également l’absence d’un secrétariat général qui devrait notamment être chargé du pôle mécénat, qui mériterait d’être professionnalisé. Seulement 350 000 € ont été réalisés sur les 650 000 € budgétisés… Un manque d’orientations dans la programmation a également été constaté. Le Junior Opera, qui connaît un réel succès, géré par une structure externe, devrait être rapproché de l’Orchestre de l’Opéra. Et comment ne pas constater l’absence de directeur musical depuis près d’un an (Michaël Schonwandt, qui l’a dirigé de 2015 à 2023, n’a pas été remplacé. Le choix de son successeur a été fait début février et devrait faire l’objet d’une annonce officielle très prochainement).

Expresso bio

Agé de 73 ans, Bernard Travier est né et a étudié à Montpellier. Il y crée le cabinet Doria Avocats, qui fêtera ses 50 ans en 2025. Professeur agrégé à la faculté de droit jusqu’en 2015, il rejoint tardivement la magistrature, de 2005 à 2012. Spécialisé en droit judiciaire privé et en procédures civiles, il a publié de nombreux livres et articles. Il est chevalier des arts et des lettres.

Il rejoint l’association Opéra Comédie lors de sa création en 1979. Il revient au conseil d’administration en 2014, lorsqu’il est nommé vice-président de la culture de l’Agglo, puis de la Métropole en 2015, jusqu’en 2020. Chevalier des Arts et Lettres, il est marié, père de deux enfants et grand-père de deux petits-enfants.

C’est tout le secteur culturel qui semble souffrir aujourd’hui…

Comme je l’ai dit lors du dernier conseil métropolitain, la Cour des comptes constate que le modèle économique des festivals est en danger. Leurs déficits sont structurels. Montpellier Danse, c’est 430 000 € pour 2023. Les Folies d’O, je ne sais pas comment elles survivent avec une subvention réduite de 50 %. Le festival Radio France a perdu 350 000 € depuis que la Région l’a quitté. Le Printemps des Acteurs et les théâtres vont tous connaître des difficultés pour une raison très simple : les compagnies qui disposaient auparavant de moyens importants sont désormais en grande difficulté financière. D’où une augmentation des coûts techniques pour les festivals. Enfin, il existe un projet de fusion entre le Centre Chorégraphique National et Montpellier Danse dont on ne sait absolument rien. Aucun élu n’a été informé.

Comment la politique culturelle de la Métropole peut-elle s’inscrire dans un tel contexte ?

A l’occasion de la candidature de Montpellier à Capitale européenne de la culture 2028, j’ai dit aux maires que nous ne serions pas vainqueurs. Je pense qu’il est temps de réfléchir à une nouvelle politique culturelle. D’autant qu’avec l’annulation de plus de 200 millions d’euros de crédits, le ministère de la Culture ne pourra plus redistribuer autant de financements.

 
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