clôturer le dossier de l’affaire Ranucci

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Christan Ranucci (au centre) aux mains de la police, le 6 juin 1974. AFP

« Un lundi de Pentecôte », de Patricia Delahaie, Belfond, « Noir », 362 p., 19,90 €, numérique 7 €.

Attelage drôle. Sur le mur du bureau où Patricia Delahaie a écrit Un lundi de Pentecôte, dans son appartement de banlieue parisienne, deux écrivains complètement opposés lui servent de figures tutélaires. A droite, un autographe signé Victor Hugo. Juste au dessus, un portrait de Céline. Un reflet de la complexité de l’écrivain. De Hugo, elle a gardé le goût des phrases lucides, l’envie de capter l’actualité et la haine de la guillotine. Mais elle cherche aussi la part d’humanité dans les âmes les plus sombres, comme Céline, une terrible antisémite. “Surtout, ce dessin me rappelle Pierre Pellerin, un homme qui ressemblait physiquement à Célineexplique Patricia Delahaie. Il dirigeait une pension pour enfants naufragés en Gironde où j’ai vécu de 11 à 13 ans. Le soir, il nous récitait Racine. C’était éblouissant. »

L’amour, le sang, les enfants perdus, la guillotine : tous ces ingrédients se retrouvent, minutieusement disposés, dans Un lundi de Pentecôte, un roman sombre qui revisite l’affaire Christian Ranucci. L’auteur n’a pas échappé à ce fait divers. En 1974, l’enlèvement puis le meurtre de Marie-Dolorès Rambla, 8 ans, marque la France. Ils ne peuvent qu’effleurer Patricia Delahaie, qui sort d’une période difficile : “Nous nous sommes permis beaucoup de choses envers les enfants dans ces années-làelle glisse. J’ai été plongé dans cette ambiance très « Famille grande »une allusion au récit de Camille Kouchner sur l’inceste qui a ravagé sa famille (Seuil, 2021).

Le procès, la condamnation à mort et l’exécution de Christian Ranucci, deux ans plus tard, ont eu un impact encore plus fort. Le livre de Gilles Perrault Le pull rouge (Ramsay, 1978) suscite alors une intense polémique autour d’une possible erreur judiciaire, dans une société en plein débat sur la peine de mort. « A l’époque, j’adhérais aveuglément à la thèse de Perraultse souvient Patricia Delahaie. J’avais 20 ans, comme Ranucci. J’ai regardé son visage angélique et j’ai pensé qu’il était impossible qu’il soit coupable. »

Pendant des décennies, elle a mis cette histoire de côté et a poursuivi une carrière de journaliste, où elle est devenue spécialiste des relations conjugales et familiales. Elle publie une vingtaine d’ouvrages sur ce thème. Jusqu’au jour où Belfond lui permet enfin de devenir romancière, son rêve d’enfant. Le faussaire (2022), son premier roman, inspiré de l’affaire Zawadzki, une sombre histoire d’« amants maléfiques », lui vaut la nomination de quatorze prix littéraires. Très encourageant, même si elle n’en gagne aucun. Le sujet du roman suivant a été choisi il y a longtemps : Ranucci.

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