Dans « Sidonie au Japon », Isabelle Huppert « perdue dans la traduction »

Dans « Sidonie au Japon », Isabelle Huppert « perdue dans la traduction »
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Sidonie (Isabelle Huppert) et Kenzo Mizoguchi (Tsuyoshi Ihara) dans « Sidonie au Japon », d’Elise Girard. MAISON D’ART

L’AVIS « DU MONDE » – À VOIR

Un film ne pourrait-il pas se donner pour mission de concilier comédie et élégie, sans tomber dans le compromis de la douce amertume ? C’est en tout cas à la croisée de ces humeurs contraires qu’Elise Girard (Belleville Tokyo2011 ; Oiseaux drôles, 2017), ex-attachée de presse cinéphile derrière la caméra, a enregistré son troisième long métrage, écrit avec Maud Ameline et feu Sophie Fillières, cinéaste et scénariste décédée à l’âge de 58 ans en juillet 2023, réputée pour son « coq » humour. l’âne.” On ne s’étonnera donc pas que ce récit de voyage, jonglant avec les tons, cherche sa mélancolie dans les formes cocasses du décalage et du déplacement.

Lire la critique (2011) : « Belleville Tokyo » : chagrin d’amour d’un cinéphile parisien

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Le titre donne le ton avec la candeur d’un album enfantin : Sidonia au Japon, c’est une occidentale en tournée dans un pays qu’elle ne connaît pas, et chez qui l’éloignement des choses ouvre une parenthèse intérieure cotonneuse. Et qui mieux pour l’incarner qu’une virtuose du déphasage comme Isabelle Huppert, qui, projetée aux antipodes, poursuit ici une série informelle de voyages en Asie après ses aventures avec le Sud-Coréen Hong Sang-soo (Dans un autre paysen 2012, et Le besoin d’un voyageuren 2024).

Sidonie embarque donc, en hésitant, pour un vol de seize heures vers Osaka, afin de soutenir la réédition de son premier livre, un best-seller. Son monteur, Kenzo Mizoguchi (Tsuyoshi Ihara) – aucun lien de parenté avec le célèbre réalisateur – l’attend à l’aéroport, puis l’accompagne dans une tournée de dédicaces et d’interviews.

Les deux forment immédiatement un duo dysfonctionnel : lui, très susceptible et réservé, elle, une petite Française rebondissante et décomplexée. Ils se retrouvent néanmoins sur le terrain du deuil, chacun traînant ses morts et sa tristesse dans l’âme. D’ailleurs, à chaque fois Sidonie, allant d’hôtel en hôtel ryokan (auberge traditionnelle), se retrouve dans l’intimité d’une pièce, des indices d’une troisième présence lui parviennent : fenêtre ouverte, bentos ouverts, cartes à jouer éparpillées sur les tatamis. Et comme au Japon il est admis que des esprits entourent les vivants, un fantôme (August Diehl) ne tarde pas à lui apparaître.

Chambre d’écho intime

Sidonia au Japon, dans toute la sphère de son héroïne, aborde le voyage en mode mineur, par petites touches, établissant une sorte de nuancier de bizarreries et d’inconvénients. La complexité du code de politesse japonais, auquel l’étranger reste insensible, est Source à la fois d’affrontements comiques et d’hésitations amères. L’utilisation sobre du plan statique met en place un petit théâtre de glissement autour de Sidonie, corps étranger au décor japonais. Mais c’est à l’expérience de la solitude que la mise en scène fait référence, par la largeur des cadres, son rythme langoureux et sa progression tranquille.

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