Le nombre de délits liés à la pornographie chez les mineurs, comme l’envoi d’un « nude » (photo de nu, en anglais), a été multiplié par douze en dix ans.
En Suisse, 83 mineurs ont été signalés à la police en 2012, contre 1024 en 2022. En Suisse romande, s’il y avait 10 signalements il y a 12 ans, 240 cas seront signalés en 2022. C’est la tranche d’âge des jeunes. personnes de 10 à 14 ans qui regroupe le plus grand nombre de dénonciations pour pornographie.
Récemment, en Valais, un garçon de douze ans a été arrêté chez ses parents pour avoir publié des photos pornographiques sur WhatsApp.
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Un crime plus facile à commettre qu’on ne le pense
Il suffit de quelques clics pour commettre le crime. Par exemple, envoyer une photo de soi nue est déjà une erreur.
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Les mineurs créateurs et diffuseurs (de contenus pornographiques) commettent deux délits
Pascal Fontaine, directeur de la prévention de la délinquance du canton de Vaud, explique que poser nu revient à être un « créateur » et partager l’image est un « diffuseur ». «Ils (les mineurs, ndlr) commettent deux délits», souligne-t-il mercredi dans La Matinale.
Lorsqu’il leur fait prêter attention, les mineurs « sont assez surpris ». C’est pourquoi la police et les écoles travaillent sur la prévention, non seulement pour parler du risque d’être victime, mais aussi d’être agresseur.
Le programme As de Cœur, principalement orienté vers des questions telles que le consentement, a ainsi été complété par un module sur les nus et le sexting. En classe, Céline Blaser, une des animatrices, demande aux élèves ce qu’ils feraient si on leur demandait d’envoyer une photo d’eux nus. « C’est touchant, confie-t-elle, parce qu’il y avait un garçon qui disait : ‘Normalement, tu ne devrais pas le faire, mais tu peux avoir confiance. Quand on est amoureux de quelqu’un, normalement, ça ne devrait pas poser de problème.
Plusieurs explications
Plusieurs explications justifient cette augmentation du nombre de crimes commis. D’une part, n’étant pas tous conscients des risques encourus, ces jeunes enfreignent la loi sans en avoir conscience. D’autre part, ils parlent aussi de l’immédiateté propre aux réseaux – des contenus transférés très rapidement sans vraiment les contrôler – et évoquent des situations de vengeance après une rupture ou encore des pressions du groupe.
“Ils seraient amenés à faire des engagements dans le cadre de certains jeux et puis parce qu’il y aurait ce besoin d’être accepté par leur groupe (…) et de voir clair”, relate Céline Blaser qui s’appuie sur ce que lui confient les étudiants.
Il n’est pas impossible qu’un mineur ayant un casier judiciaire américain puisse être répertorié comme délinquant sexuel.
La dénonciation via les géants du web est une autre explication de cette hausse. Ils ont également l’obligation de le faire.
«Les signalements parviennent à la police fédérale», explique Pascal Fontaine, «puis à la police cantonale pour traiter ces plaintes. Nous identifions et convoquons ces personnes et ce rapport remonte ensuite à la police fédérale qui le transmet au FBI américain. Et là, on « je ne sais pas trop ce qu’ils font avec ça. Il n’est pas impossible qu’un mineur ait alors un casier judiciaire américain et puisse être répertorié comme délinquant sexuel.»
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Pénalités encourues
Les sanctions sont fixées au cas par cas. Le tribunal pour enfants du Jura précise qu’il privilégie la prévention. Mais dans la pratique, des peines de travaux personnels (travaux d’intérêt général ou participation à des séances de sensibilisation) et des peines privatives de liberté ont déjà été prononcées.
Le canton de Zurich a ainsi renforcé ses interventions. Il arrête de plus en plus souvent des mineurs lorsqu’ils sont dénoncés pour pornographie.
A noter que la responsabilité pénale commence très tôt : à dix ans.
Sujet radio : Alexandra Richard
Adaptation web : Julie Marty