Entretien avec Fanny Ledonné, responsable du département Santé et recherche médicale à la Fondation de France.
Pourquoi les maladies oculaires sont-elles un problème majeur de santé publique ?
Aujourd’hui, on estime que 207 000 personnes sont aveugles en France. Sous l’effet des changements démographiques et des modes de vie, les troubles visuels majeurs touchent 250 millions de personnes dans le monde. Leur incidence ne cesse d’augmenter, notamment celle des pathologies liées à la vieillesse. Par exemple, la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), qui obscurcit progressivement le champ visuel jusqu’à la cécité, était considérée il y a dix ans comme une maladie rare. C’est aujourd’hui la première cause de déficience visuelle après 50 ans.
Le développement des maladies oculaires chez les enfants constitue également un enjeu majeur, notamment en Asie où un grand nombre d’enfants sont touchés par la myopie. Des études ont prouvé que l’œil dépend, dans son développement, de tous les aspects environnementaux. Concernant la myopie par exemple, l’augmentation de son incidence chez les enfants s’explique notamment par la surexposition aux écrans et la sous-exposition à la lumière naturelle. Sur ce sujet, nous accompagnons des chercheurs de l’université de Bordeaux qui mènent actuellement une étude à grande échelle pour voir si ce qui a été mis en évidence en Asie s’applique également en Europe. Pendant huit ans, des enfants issus de milieux socio-éducatifs divers seront suivis pour l’évolution de leur vision et le développement potentiel d’une myopie.
Quelles avancées médicales ces recherches permettent-elles ?
Les maladies oculaires, comme la cataracte, la DMLA ou le glaucome, qui touchent particulièrement les personnes âgées, compromettent la vision et peuvent entraîner une détérioration de la qualité de vie. La recherche permet de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents à ces pathologies connues. Ainsi, nous pouvons désormais intervenir plus tôt et mettre en œuvre de meilleures stratégies de prévention et de soins.
Concernant des pathologies encore mal connues, comme les troubles du développement oculaire chez l’enfant, le principal enjeu des recherches que nous soutenons est de trouver des moyens de prévention en adaptant nos comportements individuels et collectifs. Les chercheurs travaillent notamment avec les pouvoirs publics pour adapter les pratiques scolaires afin de permettre un meilleur développement de la vision.
Pourquoi la Fondation de France a-t-elle choisi de s’impliquer dans ce domaine important et peu médiatisé ?
En 1980, la Fondation de France lance un ambitieux programme de soutien à la recherche sur les maladies oculaires, suite à l’héritage de Berthe Fouassier, qui a souhaité s’engager dans ce domaine de recherche après avoir retrouvé la vue. grâce à l’opération de la cataracte. Ce programme s’inscrit dans la durée, nécessaire à la recherche fondamentale. Il répond à un réel besoin des jeunes chercheurs et docteurs en ophtalmologie ou neuro-ophtalmologie qui nous ont alertés sur le manque de soutien financier dont ils bénéficient. Depuis 10 ans, la Fondation de France décerne chaque année un Prix de l’Oeil : d’une valeur de 50 000 €, il récompense des recherches originales ou innovantes en ophtalmologie ou en sciences de la vision. En plus de 30 ans, le programme a soutenu 219 projets pour un montant total de 10,4 millions d’euros.
POUR DE PLUS AMPLES
→ ► Maladies oculaires : 30 ans de soutien à la recherche
