Moins connu que le baby blues, le milk blues touche de nombreuses mamans

Moins connu que le baby blues, le milk blues touche de nombreuses mamans
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Temps de lecture : 4 minutes

Un accès de fatigue, une vague de mélancolie, une bouffée d’anxiété, voire un peu de dépression : de plus en plus de mères allaitantes déclarent traverser une ou plusieurs de ces phases à la fin de leur allaitement. Tous vivent en effet le milk blues – comme on l’appelle en référence au baby blues –, qui fait référence à la période de dépression ressentie pendant et après le sevrage de leur bébé. Un moment où la nouvelle maman doit accepter de mettre un terme à l’allaitement et au lien très fort qu’il crée entre elle et leur enfant.

Laurianne, maman d’un petit garçon, raconte qu’elle s’est retrouvée dans le dénuement à la fin de son allaitement. C’était pourtant son choix. «J’ai adoré allaiter. Le premier mois après le sevrage, malgré une décision mûrement réfléchie, j’ai eu une petite dépression. Je me suis remise en question mon rôle de mère, me demandant comment partager autant de moments intenses avec mon fils.

Une phase que traversent de nombreuses mamans, entre larmes, déception et nostalgie. Camille a vécu la période de sevrage de son fils comme le moment “le plus dur dans [son] post-partum. Elle s’en souvient de cette façon : “Je me sentais sans valeur, incapable de faire comme la plupart des autres mères, et je sentais en moi une part de jalousie face à toutes ces mères qui arrivent à allaiter sans problème, même pendant des années, alors que j’avais tout mis en place pour y arriver.” Sa baisse de moral dura un an.

En France, dans les maternités, 56 % des bébés sont allaités exclusivement au sein. Ce chiffre baisse rapidement : à 2 mois, seuls 35 % des bébés sont allaités exclusivement au sein. Cette baisse peut s’expliquer par différentes raisons : les difficultés d’allaitement (douleurs, faible lactation…) mais aussi le retour au travail, qui pousse certaines femmes à sevrer leur bébé.

Même si de nombreuses femmes ressentent le blues du lait à la fin de l’allaitement, très peu d’entre elles connaissent ce phénomène. “C’est en le vivant et en discutant avec des collègues et amis que j’ai réalisé qu’il y avait un vrai aspect psychologique à prendre en considération lorsqu’on arrête d’allaiter”, confirme Camille, qui est infirmière.

Une baisse de l’hormone de l’attachement

Contrairement au baby blues, qui touche 50 à 80 % des femmes qui viennent d’accoucher et qui a fait l’objet de nombreuses études et ouvrages, le milk blues n’a pas encore été étudié. « Aujourd’hui, on prépare les futures mamans à l’accouchement et à la mise en route de l’allaitement, mais elles disposent de peu d’informations sur l’arrêt de l’allaitement. On parle beaucoup du baby blues, mais pas du milk blues, même si les deux sont assez comparables, car ce sont plus ou moins les mêmes effets ressentis. développe Charline Gayault, sage-femme et auteure de Le Grand Guide de ma grossesse sereine.

S’il touche de nombreuses mamans qui allaitent, c’est parce que les milk blues, comme le baby blues ou la dépression post-partum, sont liés à la baisse des hormones et notamment à la baisse du taux d’ocytocine, l’hormone de l’attachement et de l’amour, dans le corps. «Pendant l’accouchement et les premières semaines du bébé, les mères sécrètent beaucoup d’ocytocine. Ils produisent encore plus pendant les tétées, ce qui crée un lien et un attachement très forts entre eux et leur bébé. Les femmes qui allaitent prennent des injections d’ocytocine à chaque tétée, ce qui rend le sevrage difficile, surtout s’il est soudain et non choisi. poursuit Charline Gayault.

Les blues du lait sont plus ou moins intenses selon les femmes : certaines ne le ressentent pas, certaines n’éprouvent qu’un petit pincement au cœur pendant quelques jours à la fin de leur allaitement ; d’autres, comme Camille et Laurianne, peuvent traverser une période d’inconfort plus profonde et plus longue. La déception de l’arrêt de l’allaitement, le sentiment d’échec de ne pas avoir pu allaiter son bébé autant qu’elle l’aurait souhaité ou encore la frustration d’un sevrage pas toujours choisi ou anticipé par la maman sont autant de raisons qui peuvent conduire à un blues du lait difficile.

« Il existe deux types de retraits, explique Céline Bourganeuf, consultante en lactation et présidente de l’Association française des consultantes en lactation. L’arrêt naturel, qui se produit sans problème, et l’arrêt provoqué, lorsque la mère ne peut plus allaiter ou s’arrête pour reprendre le travail par exemple. Le bébé décide aussi parfois d’arrêter de lui-même l’allaitement ; dans ce cas, on parle de grève alimentaire. C’est généralement lorsque l’arrêt est imposé ou vient du bébé que c’est plus difficile pour les mamans.

Un « deuil » à faire

Pas prêtes ou déçues de ne pas poursuivre leur aventure lactée, certaines femmes en parlent même. “chagrin” allaiter, qu’elles aient nourri leur bébé pendant quelques semaines, six, neuf ou même vingt-quatre mois ou plus. « Ce n’est pas une question de durée d’allaitement, mais plutôt d’acceptation de l’arrêt. L’allaitement est à 80 % émotionnel et à 20 % nutritif. Pour certaines mamans, le sevrage est une rupture du lien avec leur bébé, un deuil émotionnel et sentimental à faire. assure Céline Bourganeuf.

L’arrêt de l’allaitement devient alors une période de fragilité émotionnelle qu’il est important de surveiller. Selon Charline Gayault, s’il est normal de connaître une baisse de moral pendant quelques jours, celle-ci ne devrait pas s’installer avec le temps : « Si la dépression dure plus de deux semaines, il peut être nécessaire de consulter un professionnel de santé pour trouver soutien et soutien. Le post-partum est une période psychologiquement difficile et le blues du lait peut être un déclencheur de dépression post-partum, même plusieurs mois après la naissance du bébé. Si la crise s’éternise, il est également possible d’auto-évaluer son état psychologique à l’aide d’un questionnaire basé sur l’échelle d’Edimbourg, disponible en ligne gratuitement sur le site du gouvernement pendant les 1 000 premiers jours.

Et puis, même si le blues du lait frappe beaucoup de femmes, il est encore possible de l’atténuer en prenant du recul. « Lorsque cela est possible, pour éviter de subir un blues intense du lait, il est préférable de sevrer votre bébé progressivement. Si vous manquez d’ocytocine, vous pouvez la sécréter en câlinant votre bébé ou vos proches. Ce qui peut aussi aider, c’est de se faire du bien : sortir voir un ami, s’asseoir avec un thé et un carré de chocolat, prendre un bain, ou toute activité qui peut faire du bien, avec les gens qu’on aime », conseille Charline Gayault. Que les futures mamans se rassurent : comme le baby blues, le milk blues est passager et finit par disparaître.

 
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