Mère nature est facétieuse. Au fil des années, elle façonne le visage de Philippe Dumas pour en faire un sosie du musicien David Crosby, référence majeure de la culture américaine, membre du groupe Crosby, Stills & Nash, et compagnon de voyage de son idole, Neil Young. Finalement, Philippe Dumas n’est pas mécontent de la ressemblance. Il plante le décor d’une vie gourmande, traversée de passions pas si coupables.
A Tréméven, “pas à cause du football !” »
Philippe Dumas a grandi dans le 13ème arrondissement de Paris. Chaque été, ses grands-parents l’emmenaient à Saint-Quay-Portrieux (22). Là, il a attrapé le virus de la mer et… du club de football de l’En Avant de Guingamp. En 1986, il s’installe à Tréméven, à une vingtaine de kilomètres de la capitale de l’Argoat. « Pas à cause du football ! », précise celui qui était alors jeune professeur, tombé amoureux de Lydie, une fière Guingampaise. Le couple a deux enfants. Philippe emmènera sa famille à chaque finale de Coupe de France à Guingamp, contre Nice en 1997, puis à deux reprises, contre Rennes, en 2009 et 2014.
« Je l’ai vu 35 fois ! »
Philippe Dumas fréquente aussi les stades pour une autre passion, encore plus dévorante : Neil Young, surnommé « The Loner », référence absolue du folk rock. «Je suis tombé dedans quand j’étais petite. Je l’ai vu 35 fois ! “, il compte. La première fois, c’était à Quimper, au stade de Penvillers, en 1982. Il se souvient de tout, même des titres des chansons sur lesquelles il portait Lydie sur ses épaules. Leipzig, Berlin, Dresde, Carhaix (29), ou encore Berkeley et Mountain View, au sud de la baie de San Francisco… Il n’a cessé de suivre les tournées de l’artiste, gagnant largement ses rayures « Rusty », nom donné aux fans de Neil Young.
Jusqu’à 60 invités
En 2001, il s’inscrit sur un site consacré à Neil Young, pour échanger avec d’autres fans. Une idée lui vient : inviter ceux qui le souhaitent, chez lui, pour un week-end barbecue, histoire de discuter jusqu’à ce qu’on arrête de parler du « Loner ». À l’été 2003, ils étaient une dizaine. Au bout de trois ou quatre ans, Philippe et Lydie voient arriver jusqu’à 60 convives, qui séjournent, quand la maison déborde, dans les hôtels des alentours et – c’est la tradition – réservent intégralement, le vendredi soir, le « Siam Café », le Tréméven. restaurant. Autre tradition : chacun a droit à un t-shirt, orné d’un croquis réalisé par un designer breton. Jean-Claude Fournier a proposé ses services en 2015. Alain Goutal, Nono, Christophe Lazé, Jean Solé, Franck Margerin… ont suivi. « J’espère convaincre Julien Solé pour l’année prochaine ! », sourit Philippe.
“En fait, on retrouve nos amis”
Parmi les « Rusties » qui font la transhumance à Tréméven chaque été, il y a Michel, surintendant des hôpitaux de Monaco, François Guillez, le grand fan français de Bob Dylan, des Normands, des Niçois, des Charentais, un Grenoblois, un Alsacien. , Allemands, Belges… Quelques Bretons aussi, comme le Bigouden Denis Stéphan, président de Harvest Breizh, fan club breton de Neil Young, ou le Briochin Philippe Falusi, guitariste remarquable qui, dans les années 1990, officiait au sein de la « Médecine Dure » groupe. Le week-end des retrouvailles est rythmé par plusieurs petits concerts. «C’est une fête autour de Neil Young mais, en fait, on retrouve nos amis», résume Philippe.
“Nous ne pouvons pas nous arrêter”
Tous les amis étaient présents au lendemain du 21 septembre 2012 : ce jour-là, un court-circuit électrique provoqué par le sèche-linge atteint le bâtiment Tréméven. « Tout a brûlé. Le lendemain, nous sommes allés acheter des sous-vêtements et des chaussettes à Saint-Brieuc », se souvient Philippe. L’incendie a également emporté ses 2 200 CD pirates de Neil Young et sa guitare Epiphone de 1972. Une semaine plus tard, il recevait un carton contenant… une Epiphone de 1972. « Notre fille, Maïlis, avait collecté de l’argent auprès de tous ses amis. Cela m’a fait un sacré choc », avoue Philippe. La famille a regagné son domicile en juillet 2014. Le meeting d’été a depuis repris ses droits. « On ne peut pas s’arrêter », sourit Philippe Dumas car, comme le chante Neil Young, « il vaut mieux brûler que mourir lentement ».