Réduisez les dépenses avant d’augmenter les impôts. Patrick Martin, président du Medef, a transmis au Premier ministre Michel Barnier une liste de mesures qui permettraient à l’Etat de sauver “plus de 30 milliards d’euros”.
« A la veille de votre déclaration de politique générale, j’ai souhaité exprimer nos inquiétudes sur la situation économique et budgétaire et partager avec vous nos propositions contribuant à une réduction durable des dépenses publiques. », écrit Patrick Martin au chef du gouvernement dans une lettre consultée par l’AFP.
La lettre envoyée lundi détaille les efforts déployés pour “considérer” avant « des réflexions sur une éventuelle augmentation des impôts, quelle qu’elle soit ». Le patron des patrons prône ainsi un renforcement de la lutte contre la fraude sociale, estimé par le Haut Conseil pour le financement de la protection sociale à 13 milliards d’euros annuels. A cet effet, le Medef recommande « une meilleure coordination entre les différentes organisations sociales » et le renforcement des contrôles.
Le dirigeant souligne également l’existence de 438 organismes publics représentant “81 milliards d’euros de dépenses”juger « Il est impératif d’envisager les fusions, les mutualisations et les externalisations » de ces opérateurs étatiques, pour générer 3 milliards d’économies, selon les calculs du cabinet EY.
Il estime que 800 millions d’euros pourraient être économisés par an en réformant le système social des frontaliers qui perçoivent actuellement des allocations chômage en France tout en cotisant dans le pays où ils travaillent. Le président du Medef cite aussi les 12 milliards d’euros qui, selon EY, pourraient être économisés en « finaliser la transformation numérique des administrations publiques ».
« Contrôler l’absentéisme dans la fonction publique »
Il appelle également à « maîtriser l’absentéisme dans la fonction publique »plus répandu que dans le secteur privé, ce qui suggère le maintien d’un jour de carence et d’un taux de remplacement limité à 90% dans ce secteur. Il appelle enfin à la reprise “immédiat” projets de simplification et de transposition.
Hausse d’impôts : le Medef “prêt à discuter” sous conditions
Patrick Martin a déclaré à la presse que son mouvement était « prêt à discuter d’une hausse de l’impôt sur les sociétés », que le Premier ministre a dit ne pas exclure pour les plus grandes d’entre elles, à la double condition que l’Etat fasse des efforts d’économies. « beaucoup supérieur » ce qu’il demanderait aux entreprises, et que la contribution de ces dernières « n’arrête pas la dynamique d’investissement et de création d’emplois ».
Entreprises financièrement gâtées ces dernières années
Selon un document consulté par le journal Le mondele gouvernement étudie une augmentation du taux de l’impôt sur les sociétés (IS) jusqu’à 8,5 points, pour les entreprises réalisant plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel. Cela pourrait rapporter jusqu’à 8 milliards d’euros, selon le quotidien. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, le taux de l’EI est passé progressivement de 33,3% à 25% dans le cadre d’un “politique d’approvisionnement”destiné à promouvoir le développement des entreprises et, par conséquent, l’emploi.
À 25 %, le taux français reste cependant supérieur au taux moyen observé dans les 150 pays de l’OCDE, qui est de 21 %, selon l’organisation. Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, consulté en tant qu’expert lors du séminaire gouvernemental de vendredi, s’est récemment déclaré favorable à « un cocktail bien proportionné »en raison de “trois quarts et quart” des réductions de dépenses et des augmentations d’impôts. Le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, s’est également déclaré favorable à « des gestes exceptionnels » des grandes entreprises, qui ont été plutôt gâtées financièrement ces dernières années.
(Avec l’AFP)