M.Arie-Claire Carrère-Gée, ministre déléguée chargée de la coordination gouvernementale, ne manquera pas de questions épineuses à articuler entre les différents gestionnaires de portefeuille au sein du gouvernement de Michel Barnier.
La nomination de Bruno Retailleau à l’intérieur a rapidement donné des ailes aux défenseurs de la ligne dure sur les questions migratoires. Dans ce domaine, les interfaces avec le Ministre de la Santé susciteront notamment l’attention, voire la mobilisation, des acteurs.
Deux dossiers concernent directement Geneviève Darrieussecq, ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, et serviront d’utiles baromètres sur l’efficacité de la « coordination gouvernementale ». D’abord, l’avenir de l’aide médicale d’État (AME), objet de toutes les manipulations symboliques au service d’un discours martial sur le durcissement de l’accueil des étrangers. Une variation plus subtile se construira sans doute dans le discours politique – et dans la pratique – concernant la place essentielle occupée par les médecins titulaires d’un diplôme délivré à l’étranger.
« Contradiction morale, sanitaire et économique »
Sur l’épouvantail de l’AME, dont la suppression empêcherait les diagnostics précoces – aggravant le pronostic des pathologies – et renforcerait le recours spontané aux urgences hospitalières coûteuses et essoufflées, beaucoup a déjà été dit par les associations comme par les professionnels. dans le domaine médico-social. La formule de la Fédération hospitalière française résume l’argumentation en évoquant « une contradiction morale, sanitaire et économique ».
Sur la démographie médicale globale, comme sur la répartition territoriale des praticiens, aujourd’hui largement soutenue par des médecins étrangers, les données du Conseil national de l’Ordre des médecins fournissent des informations éloquentes. La place des médecins étrangers est cruciale dans l’offre de soins. À 1est En janvier 2023, 234 028 médecins étaient actifs en France, dont 48,8 % de femmes et 51,2 % d’hommes. Les moins de 40 ans représentent 28,5% des effectifs, ceux de 60 ans et plus 31,1%. L’âge moyen des médecins est de 50,5 ans. Les médecins diplômés à l’étranger occupent au fil du temps une place de plus en plus importante. Alors qu’en 2010 ils représentaient 7,1 % des médecins actifs, ils en représentaient 12,5 % en 2023.
Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « Non au démantèlement discret de l’aide médicale d’État »
Ajouter à vos sélections
L’augmentation de la proportion de médecins actifs titulaires d’un diplôme étranger est particulièrement sensible parmi les spécialistes, qu’ils soient médicaux ou chirurgicaux. Ils représentent 19,8 % des médecins spécialistes chirurgicaux actifs et 16,9 % des médecins spécialistes actifs (hors médecins généralistes). La Roumanie, la Belgique et l’Italie sont les trois principaux pays d’obtention des diplômes des médecins en exercice titulaires de diplômes obtenus au sein de l’Union européenne (UE), hors France.
Il vous reste 51% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.