Ma réponse à la génération sans enfants

Ma réponse à la génération sans enfants
Ma réponse à la génération sans enfants

La maternité et la paternité sont, pour les parents, une renaissance : la plus grande aventure de toutes, défend Aziliz Le Corre dans un premier ouvrage inspirant, L’enfant est l’avenir de l’Homme (éditions Albin Michel). Un discours à contre-courant dans un monde qui ne génère plus, comme en témoigne la baisse conséquente de la natalité en Occident.

Cet essai décortique les mouvements militants « sans enfants » ; des « No Kids », qui refusent de donner naissance à des enfants dans un monde confronté au péril écologique, à certaines féministes, qui craignent que leur progéniture ne soit un obstacle à leur émancipation. Mais plus encore, cet ouvrage analyse les mentalités contemporaines, qui conduisent au rejet de l’accouchement. Parce que l’enfant apporte l’inattendu dans un monde soumis aux exigences des consommateurs.

En convoquant les maîtres de philosophie, Vladimir Jankélévitch, Emmanuel Levinas, Hans Jonas… le jeune essayiste de 28 ans honore la vie et la transmission. Aziliz Le Corre prouve à tous les jeunes qu’il est possible et nécessaire d’accoucher dans un monde en crise.


Le phénomène No Kids

Les femmes et les hommes ne procréent plus, convaincus de la nécessité d’arrêter d’accoucher. Les GINKS (Green Inclination, No Kids, littéralement « engagement vert, pas d’enfants »), aussi appelés les No Kids, craignent les conséquences écologiques de l’augmentation de la population, tandis que les childfree, « sans enfants par choix », prônent une émancipation des comment ils appellent “l’injonction de procréer”. Les revendications de ces militants font la une des médias progressistes et gagnent du terrain dans l’espace public. Des lieux « enfants interdits » se développent dans les transports, les restaurants, les locations de vacances, lors d’événements, comme… les mariages où l’amour est censé être célébré. Les chiffres sont clairs. Aux États-Unis, la démographie est au point mort. Dans l’Europe des Vingt-Sept, le taux de natalité est de 9‰ tandis que le taux de mortalité est de 13‰.

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Le reste après cette annonce

Cette chute s’accompagne d’une idéologie qui à la fois explique et accélère la tendance. Les No Kids nient l’humanité en ne la réalisant pas. Pire encore, ils la déconstruisent en désavouant ce sur quoi elle repose : l’altérité homme-femme ; la famille comme entité naturelle, dans laquelle l’enfant est le fruit de l’amour conjugal. Aujourd’hui, les enfants représentent un danger pour une humanité en proie au péril climatique. C’est un fardeau, dans un monde soumis à l’efficacité et aux profits. Un frein à nos existences égoïstes, guidées par le désir de consommation et de jouissance. La maternité a cessé d’être attractive, elle n’est plus l’apothéose de la féminité. C’est un obstacle à une carrière professionnelle. Un obstacle à l’épanouissement des femmes.

L’humanité renouvelée

La naissance est l’événement des événements. Elle devient le miracle qui sauve le monde. Il ne s’agit pas de la simple répétition cyclique de la vie, par laquelle un membre de l’espèce remplace l’autre : l’enfant est célébré comme un nouveau venu, doté d’un nom propre, destiné à une histoire singulière. La naissance reste l’événement qui permet les événements : elle rend toutes les aventures possibles. L’enfant porte un regard neuf sur les choses, il peut les réinventer et agir dans ce sens. C’est lui qui s’étonne d’une feuille morte tombée de l’arbre, regarde la marguerite qui a surgi parmi les mauvaises herbes, invente de nouveaux signifiants en s’appropriant le langage.

L’enfant est celui qui questionne et questionne inlassablement. Il n’est pas fatigué d’exister ; il s’émerveille du mystère du monde. Il habite la Terre et en fait son terrain d’exploration. Ce regard renouvelé sur le monde transforme celui des parents, contraints de se débarrasser de leurs idées toutes faites. Il arrive parfois qu’il leur redonne la vue. Generation réinvente notre avenir. L’avenir se vit à travers l’espérance fondée en cet homme nouveau qui nous continuera. Mais ne vous y trompez pas ! Ce renouveau ne fait pas table rase du passé. Au contraire, c’est en transmettant ce que nous avons reçu que nous pourrons préserver et faire ressortir ce qu’il y a de nouveau et de révolutionnaire chez chaque enfant. Parce qu’on ne construit rien sur des ruines. L’enfant est le lien entre ce que nous avons été, ce que nous sommes et ce que nous serons. Il est la seule possibilité de renaissance.

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L’engendrement nous inscrit dans notre propre généalogie : j’apprends qu’avant moi, mes propres parents se sont laissés surprendre par « cette » vie – la mienne. J’étais moi-même un enfant. Mais j’ai dû attendre d’être parent pour me rappeler que je l’étais. Et c’est en devenant parent que je m’intègre véritablement dans la lignée. En devenant mère, je deviens fille. Parce que je me rends compte de ce que j’ai reçu de mes parents dans mon ingratitude. Je me rends compte que mes parents ont fait de leur mieux pour m’offrir ce qu’ils pouvaient me donner, tout en faisant face à leur propre histoire et à leurs défauts intimes.

Generation réinvente notre avenir

Le lien rompu par l’émancipation nécessaire à la vie d’adulte se reconstitue ainsi dans un étrange paradoxe : en devenant véritablement adulte dans la maternité, je redeviens enfant. En ayant moi-même la responsabilité d’un enfant, j’accepte d’avoir été ce petit être fragile dans les bras protecteurs de mes parents. Je les imagine dans le dénuement de cette rencontre avec leur nouveau-né. Eux-mêmes emportés dans ce tourbillon de la vie. S’approprier les propos d’André Suarès : « Ce n’est rien de naître : il faut renaître » ou ce titre éblouissant de Pablo Neruda : Né pour naître.

N’ayez pas peur d’avoir peur !

L’humanité est confrontée à une menace sans précédent : celle de sa propre destruction. C’est seulement parce que nous pouvons craindre la disparition de l’humanité que s’impose l’évidente nécessité de la préserver. Sa valeur réside dans sa possibilité d’être. Une nouvelle éthique de la responsabilité implique le désir de prendre sa part et de l’exercer de la manière la plus naturelle possible – en devenant père et mère. S’y opposer, c’est rendre obsolète la possibilité de prendre soin de son environnement et de toute vie humaine. […] Il faut donc à la fois surveiller les effets de notre action et perpétuer le cycle de la vie en éveillant les enfants à la responsabilité qu’ils portent en eux. Parce que les enfants sont des hommes potentiels.

Rappelons aussi que ce n’est pas seulement la fragilité humaine que nous révèle la peur, mais celle de la vie en général. Chacun doit être conscient de son pouvoir, et de ses effets, pour renoncer à sa toute-puissance. La peur doit provoquer en nous un sursaut pour agir pour prévenir les catastrophes. Nous comprenons que la possibilité de toute vie sur Terre ne se limite pas à la vie humaine. L’altérité, au sens large, évoque tous les êtres vivants. Une écologie humaine n’oppose pas l’homme à la nature. Elle les intègre dans un même écosystème, depuis les plantes jusqu’aux humains, sans les mettre sur un pied d’égalité. Si l’homme reste au sommet de l’échelle des valeurs, cela ne lui donne pas le droit de devenir maître et destructeur de la nature. Il doit entrer en relation avec tous les êtres vivants, en reconnaissant que son maintien dépend de notre pouvoir.

Une communauté de destin

Lorsqu’Emmanuel Macron prônait en janvier 2024 un « réarmement démographique »certaines féministes ont poussé des cris d’indignation […]. Mais le rôle d’un homme politique n’est-il pas de préserver et de développer les forces de ceux qui l’ont porté au pouvoir ? J’ai évoqué précédemment le sentiment de responsabilité du parent envers le nouveau-né, pensé par Hans Jonas. Le philosophe étend l’analogie à l’homme d’État. Cette dernière a pour mission de prendre en charge la vie de la communauté dans son ensemble, car la vie humaine, comme le destin des nations, est périssable. Son rôle est de protéger cette fragilité. L’homme d’État doit défendre le patrimoine de sa patrie, mais aussi les institutions de son pays pour que le foyer national soit préservé. Une communauté de destin qui œuvre pour l’avenir de ses enfants et pour la protection de ceux qui les portent ; N’est-ce pas là que résident les fondements de toute société stable ?

Préserver la maison

Au cœur de l’idéologie progressiste No Kids se trouve la volonté de déconstruire tout déterminisme. Les déconstructeurs recherchent le progrès pour le progrès – l’amélioration, la nouveauté et le rejet de toute tradition sont le destin. Tout ce qui appartient au passé est dépassé. Le donné naturel et sa permanence à travers les siècles est un dangereux esclavage dont il faut se libérer. “Rien n’est plus dangereux pour toi que ta famille, ta chambre, ton passé”écrivait André Gide dans Aliments terrestres. Au risque de paraître subversif, je soulignerai l’évidence. La famille est un déterminisme dont on ne peut, par définition, se débarrasser. Cela vient de la nature, plus encore que de la culture. Et reste biologique. Comme la naissance, la différence des sexes, la vieillesse, la mort, elle est immuable. Rien n’est plus précieux que nos enfants, notre maison, notre héritage. Espérer que les couples durent, qu’ils se génèrent et que l’oikophilie prospère, c’est œuvrer pour le bien commun.

La famille est un déterminisme dont on ne peut, par définition, se débarrasser.

« Ils vivaient heureux et avaient de nombreux enfants »une fois terminé les histoires pour enfants. Redonnons à cette formule toute sa noblesse et toute sa pertinence. Il nous appartient désormais de perpétuer la civilisation de l’amour que l’Occident a bâtie. L’avenir nous regarde.

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L’enfant est l’avenir de l’homme, Aziliz Le Corre, Albin Michel.

© Albin Michel

 
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