Mortelle Raclette // By François Descraques. With Faustine Koziel, Jessé Rémond Lacroix and Bérangère McNeese.
Dans le vaste paysage de la production cinématographique française, certaines œuvres suscitent curiosité et attente par leur apparente originalité. Raclette mortelleun moyen métrage de François Descraques (Le visiteur du futur), en fait partie. Avec un titre intriguant et un concept qui mêle parodie slasher et comédie absurde, ce film avait toutes les cartes en main pour surprendre. Il s’agit malheureusement d’une promesse non tenue, d’un exercice bancal qui peine à convaincre, tant par son humour que par son exécution. Le pitch initial, bien qu’original, a suffi à susciter l’intérêt. Dans un chalet de montagne isolé, une équipe de jeunes comédiens tourne un film porno éco-responsable intitulé « Tire-Fesses ».
L’héritier d’une société de cinéma X décide de changer de genre en embauchant, pour son nouveau film « PNEU-FESSES », une animatrice d’intimité également formée au tournage éco-responsable. Une première pour elle. Et pour l’équipe qu’elle soutiendra. Mais la petite troupe, en tournage dans un chalet savoyard isolé, va vite se retrouver coupée du monde par une tempête de neige et une panne de wi-fi.
Le projet, aussi improbable qu’insolite, se veut en phase avec les enjeux environnementaux : des accessoires en bois des Vosges et une animatrice d’intimité encadrent ce curieux tournage. Une idée qui aurait pu donner lieu à une satire mordante et décalée, mais qui s’effondre vite sous le poids d’une écriture superficielle et maladroite. La suite de l’histoire plonge dans une série de meurtres mystérieux, avec une tentative de fusionner humour potache et suspense horrifique. Cependant, ni l’un ni l’autre ne fonctionne vraiment. Les scènes censées provoquer le rire tombent à plat, et les moments de tension peinent à s’installer, faute de mise en scène efficace. La comédie, pierre angulaire de Raclette mortelles’appuie sur une accumulation de jeux de mots et de références cinématographiques.
Même si quelques lignes peuvent faire sourire, la majorité des blagues sont aussi lourdes que prévisibles. Loin d’être percutants ou innovants, ces bons mots donnent une impression d’humour académique, dénué de subtilité. Les personnages, quant à eux, s’enferment dans des caricatures trop rigides pour être attachantes. Le réalisateur pompeux, l’acteur naïf et immature, ou le coordonnateur de l’intimité bienveillant mais envahissant : chacun est cantonné à un rôle stéréotypé qui limite toute possibilité de surprise ou d’évolution. Il en résulte une dynamique d’ensemble qui s’essouffle rapidement, faute d’idées véritablement nouvelles. Là où le film aurait pu briller, c’est dans sa dimension horrifique.
Le slasher est un genre qui, bien que balisé, offre de nombreuses occasions de bouleverser astucieusement les codes. Mais ici, le cadre montagnard isolé est peu exploité. La majorité des scènes se déroulent dans une seule salle, ce qui limite fortement l’immersion et la variété visuelle. Quant aux meurtres, ils sont trop espacés pour maintenir un rythme soutenu et manquent cruellement d’impact, même dans un registre parodique. Loin d’être effrayantes, ces séquences peinent aussi à provoquer le moindre sursaut de surprise ou de peur. Ce qui déçoit le plus Raclette mortellec’est le sentiment d’un potentiel inexploité. Le concept d’un film porno éco-responsable qui vire au cauchemar est une idée qui aurait pu donner lieu à une œuvre singulière, audacieuse et mémorable.
Malheureusement, tout semble ici limité : le scénario, les personnages, et même l’ambition du projet. Le réalisateur François Descraques, connu pour son travail créatif sur Le visiteur du futursemble avoir opté pour la facilité avec ce moyen métrage. Loin d’être une satire acérée ou une comédie audacieuse, Raclette mortelle se contente d’une approche superficielle qui ne parvient pas à divertir pleinement ou à laisser une impression. D’une durée d’environ une heure, Raclette mortelle aurait pu bénéficier d’un rythme plus dynamique et d’un récit plus serré. Cependant, même dans ce format court, le film a l’impression de s’éterniser inutilement. Certains passages semblent remplis pour atteindre une durée minimale, tandis que d’autres sont bousculés sans réel soin.
Cette gestion maladroite du temps renforce l’idée d’un projet inachevé, comme une esquisse jamais transformée en œuvre achevée. Les jeunes comédiens réunis pour le film, dont Jesse Rémond-Lacroix et Esteban Vial, font preuve de bonne volonté. Leur jeu d’acteurs, volontairement exagéré dans les fausses scènes de tournage porno, suggère une certaine énergie. Cependant, lorsqu’ils doivent adopter un ton plus sérieux, leurs performances manquent de conviction. Ce contraste met en lumière les limites du casting, qui méritait peut-être une meilleure orientation pour profiter pleinement de son potentiel. Il ne faut pas tout jeter Raclette mortelle. Le film bénéficie de quelques idées amusantes, notamment dans la façon dont il joue avec les codes cinématographiques.
Certaines références cinématographiques, bien que parfois forcées, parviennent à faire sourire les spectateurs avertis. De même, le concept même de comédie éco-porno-horreur reste suffisamment original pour intriguer. Enfin, la brièveté du film peut être considérée comme une qualité : en ne s’étirant pas davantage, il évite de sombrer complètement dans l’ennui. En résumé, Raclette mortelle est une œuvre qui aurait pu surprendre par son audace et son originalité, mais qui finit par décevoir par son manque d’ambition et sa maladresse d’exécution. Ni vraiment drôle ni vraiment effrayant, le film laisse une impression d’inachevé, comme une tentative avortée de combiner satire et horreur. Pour ceux qui recherchent une comédie absurde ou un slasher décalé, d’autres titres s’avéreront probablement plus satisfaisants.
Remarque : 3/10. Bref, un téléfilm qui rate sa cible. Dommage car l’idée était bonne et il y a des moments très drôles.
Sortie le 25 décembre 2024 sur myCanal