A l’occasion de la diffusion dès vendredi sur Netflix de “Wallace et Gromit : La Palme de la vengeance”, les cinéastes Nick Park et Merlin Crossingham dévoilent les secrets d’un succès qui nous fait rire aux larmes depuis trente-cinq ans.
Par Cécile Mury
Publié le 2 janvier 2025 à 6h50
Mis à jour le 2 janvier 2025 à 18h14
WAllace et Gromit, les « stars » de la pâte à modeler du studio d’animation britannique Aardman, reviennent sur Netflix, plus hilarants que jamais, dans Wallace et Gromit : La Palme de la Vengeance. Nous avons rencontré ses deux réalisateurs, Nick Park (le « papa » originel du duo) et Merlin Crossingham, lors du dernier festival d’Annecy, pour la présentation du film. Où il est question de thrillers drôles, de machines infernales, de nains de jardin… Et surtout de créativité sans fin.
Le genre « gnome noir »
Nick Park. « Les nains de jardin ont toujours fait partie du monde des Wallace et Gromit. Et comme Gromit aime tellement prendre soin de ses parterres de fleurs bien-aimés, que se passerait-il si Wallace, avec les meilleures intentions du monde, décidait de l’aider en fabriquant un robot de jardin ? Et si ça tournait très mal ?… On s’est beaucoup amusé avec les codes du film noir, un genre qu’on adore, le contraste entre cette ambiance et nos personnages était très drôle. Je crois qu’on a inventé un sous-genre… Celui du « gnome noir » ! »
L’abominable Plumes McGraw
Merlin Crossingham. « C’est un pingouin… cambrioleur, redoutable ennemi de Wallace et Gromit, depuis le court métrage Mauvais pantalonen 1993. Au fil des années, il est devenu iconique ! Beaucoup de gens nous demandaient constamment son retour, et c’était l’occasion : il a trouvé sa place tout naturellement dans l’Histoire. C’est un anti-héros hilarant, d’autant plus qu’il est aussi impassible qu’un « vrai » gangster dans un film policier à l’ancienne…
Une caractéristique qui le rend en même temps très difficile à animer : il n’a aucune expression, et il ne parle pas ! Le public doit pouvoir comprendre ses intentions, tout en gardant cette froideur minimaliste. Nos animateurs sont particulièrement doués pour cela, ils maîtrisent parfaitement les petits mouvements subtils, les changements à peine perceptibles mais significatifs… Comme de vrais acteurs ! Et parfois, quand Feathers McGraw ne fait vraiment rien, tout est question de positionnement de la caméra. »
Mécanique drôle
MC“Toutes les machines créées par Wallace sont nées d’un grand mélange d’idées, au début de la production du film, dès l’étape du storyboard : comment rendre le spectacle unique et drôle, et quelle machine est encore plus ridicule et inutile que la précédente. pourrions-nous inventer? C’est le genre de questions qu’on se pose avant tout ! »
NP« Une fois l’idée trouvée, nous développons son design avec le directeur artistique et son équipe, pour nous assurer que les machines ont, enfin…, leur logique, au moins une sorte de crédibilité mécanique. Bien sûr, ils sont complètement fous, mais il faut pouvoir y croire, il faut qu’ils semblent fonctionner, et il faut que les animateurs soient capables de les manipuler pour donner l’effet souhaité. Certains d’entre eux sont très bons dans cette partie du travail. Savoir animer des machines est presque une compétence en soi ! »
Trente-cinq ans d’inventions
NP“Esthétiquement, Wallace et Gromit a évolué au fil du temps, depuis mon premier court métrage, Une belle excursion, en 1989. La forme de leurs visages, les sourcils de Wallace, le nez de Gromit, qui était plus petit au début. C’est un peu les premières représentations de Mickey Mouse, très différent de ce qu’il est devenu par la suite ! »
MC« Oui, mais leur complicité est restée la même. Je pense que c’est ce qui leur a permis cette longévité : toute la tendresse et l’humour qui ont rendu le public attaché à eux. L’esprit des débuts est toujours là : le plaisir, la spontanéité, l’art du stop motion, le côté « fait main ». »
NP« Toutes les technologies supplémentaires que nous utilisons aujourd’hui ne sont là que pour soutenir un savoir-faire et un art très « humains ». Nous n’utilisons les procédés de tournage numériques que lorsqu’ils correspondent vraiment au style du studio. Toutes nos décisions commencent par : « Pouvons-nous le faire « pour de vrai », devant la caméra ? Si la réponse est oui, nous choisissons toujours la solution artisanale. Nous disposons d’une excellente boîte à outils chez Aardman. Il nous suffit d’en tirer ce dont nous avons besoin pour réaliser nos films. »
Un homme et son chien
NP« Quand j’ai imaginé ces personnages, avant même mes études de cinéma, j’ai commencé par faire des sketchs où Gromit était un chat. Mais j’ai vite changé d’avis. La relation entre un chien et son maître est plus forte, elle m’a semblé plus intéressante, plus drôle, surtout s’il s’agit d’un chien taciturne, débrouillard, plus intelligent et plus « sage » que son « humain ». Gromit est un personnage nuancé et sensible. Dans Wallace et Gromit : Le mystère du lapin-garouon peut voir une affiche représentant nos deux héros. Au-dessus de Wallace, il est écrit ” Maître “, et au-dessus de Gromit, ” Esprit “. Le maître et l’esprit. Je pense que c’est plutôt juste ! »
Wallace et Netflix
MC« Notre studio, Aardman, a déjà collaboré avec Netflix pour Chicken Run : Nuggets La Menace, de Sam Fell (2023), et maintenant pour ce film : le travail commun a été très constructif, respectant notre liberté de création, ce que nous aimons et savons faire, ainsi que ce que nous rêvions d’améliorer. Car il n’est pas question de nous reposer sur nos lauriers. À chaque fois, nous voulons faire notre meilleur film. »
Wallace et Gromit La Palme de la VengeanceLe 3 janvier sur Netflix.