Des scénaristes et des acteurs, personne n’a clairement lu le roman d’Alexandre Dumas, dont il ne reste ici qu’une reprise approximative de l’intrigue principale agrémentée de personnages tantôt réécrits, tantôt inventés. La distinction, reprise du livre et reprise par Dantès, entre la satisfaction de la vengeance et le désir de réparer une injustice n’est que thématique et ne traduit aucun besoin ressenti au plus profond de soi-même ; dès lors, comment espérer restituer l’ambiguïté du héros ? L’acteur de studio prend des poses, immortalisées par des ralentis de pompier, passe de la maigreur cadavérique à la boursouflure façon Rambo lors d’une séquence de remise en forme hilarante au fond d’une prison putride. C’est pourtant là qu’il a dû creuser, non seulement un passage souterrain vers la liberté mais surtout son intériorité tourmentée par des tiers ; l’abbé Faria n’est plus confesseur, il devient père Fouras, gardien d’un trésor aussitôt présenté et retrouvé.
La mise en scène publicitaire atteste du manque de perspective et de l’absence de lecture offerte au roman : ses plans captés dans tous les sens séduisent mais n’incarnent jamais, heureusement plus lisibles que ceux des pauvres Mousquetaires détruit par Martin Bourboulon l’année dernière. La musique sert de liant, semblable à celui utilisé pour combler les joints et les fissures : elle scelle les scènes et maintient le film dans un état permanent, dans une tension des plus artificielles qui impose une gravité que la mise en scène ne parvient pas à susciter. . A noter, le choix des gammes diatoniques descendantes jouées aux violons provient de la partition musicale d’Alexandre Desplat pour Harry Potter et les Reliques de la Mort : Partie 1 (David Yates, 2010)… Voici un nouvel exemple d’inflation au cinéma, sauvé par ses acteurs talentueux. A lire d’abord, à adapter ensuite !
