Le cinéma aime la guerre. Avec de nombreuses productions centrées sur l’un ou l’autre conflit, le septième art n’hésite pas à le montrer dans sa plus grande atrocité. À Hollywood, la guerre du Vietnam a évidemment marqué les consciences et de nombreux films ont évoqué le triste sort des GI envoyés au front, comme Sectionbasé sur les souvenirs personnels de son réalisateur Oliver Stone. Mais en toute logique, ce sont les longs métrages plantés dans les oppositions mondiales qui constituent l’essentiel du peloton. Avec en tête les aventures de la bataille de 39-45, comme Nous devons sauver le soldat Ryanet son incroyable plongée au cœur du Débarquement. La Première Guerre mondiale est moins illustrée, mais des exemples existent encore, avec récemment cheval de guerre de Steven Spielberg, le même réalisateur que Ryan. Sorti en salles en 2012, le film suit un fidèle destrier au cœur des tranchées. Bien avant Spielberg, un autre cinéaste de renom s’était déjà penché sur « Der des der ».
Les chemins de la gloire, Un chef-d’œuvre antimilitariste longtemps inédit en salles
En 1957, Stanley Kubrick, puisqu’il s’agit de lui, aborde donc la Première Guerre mondiale dans Les chemins de la gloirediffusé ce lundi 11 novembre 2024, date de l’Armistice de 1918, à 20h55 sur Arte. Le réalisateur britannique, qui reviendra sur le genre en 1987 avec Veste entièrement en métal et son incroyable sergent instructeur, dénonce avec brio les horreurs de la guerre dans ce puissant réquisitoire antimilitariste, réalisé avec virtuosité. Si le film est aujourd’hui unanimement reconnu comme un chef-d’œuvre, il en fut longtemps autrement. Les chemins de la gloire était en effet invisible au cinéma en France pendant 18 ans, en raison de son scénario, qui met en lumière les oppositions au sein d’une même armée. En pleine guerre d’Algérie, son distributeur français United Artist a décidé de ne pas présenter l’œuvre de Kubrick à la commission de classement, étape obligatoire avant d’arriver en salles. D’autant plus qu’en Belgique, où Les chemins de la gloire Bien sorti, les militaires et les anciens combattants ont vivement critiqué le film. Il faudra donc attendre 1975 pour que le cinquième long métrage de Stanley Kubrick soit visible en France. Une autre production du cinéaste a connu le même genre de mésaventure, puisque le film culte Une orange mécanique (1971) a mis 24 ans avant d’être diffusé pour la première fois à la télévision française !
Kirk Douglas, un géant des tranchées
Les chemins de la gloire suit des soldats français qui piétinent dans les tranchées face à une position allemande en 1916. Toute attaque serait suicidaire. Cependant, afin de faciliter sa prochaine promotion, le général Mireau ordonne au colonel Dax d’attaquer. Ce dernier est fébrilement incarné par Kirk Douglas, géant hollywoodien décédé en février 2020, et père de Michael Douglas, avec qui les relations n’ont pas toujours été simples. Une sacrée famille. Et un classique à voir ou revoir en ces temps troublés…