Cela a été dit et montré mille fois : chez Hitek, nous sommes de grands fans de fantasy. Cependant, après plusieurs dossiers où nous avons pris le temps de défendre des films oubliés du genre ou de mettre en avant des projets que nous souhaitions soutenir, nous avons cette fois souhaité aborder le genre avec un peu plus de légèreté. Vous trouverez donc ici une liste de films au goût bien plus douteux. Au fil des années, ces projets sont devenus malgré eux des monuments de « nanar ». Attention, ici, le nanar est à distinguer du navet. Pour citer le site de référence sur ce sujet, Nanarland, les nanars sont des « mauvais films sympas » voire « tellement mauvais qu’ils en deviennent hilarants ». Maintenant que vous êtes prévenus, voici les plus gros bustes fantastiques à redécouvrir (et pourquoi).
#5 King Rising, Au nom du roi d’Uwe Boll (2006)
Sorti en 2007, Roi ascendant de Uwe Boll est une adaptation très libre du jeu vidéo Victoires de donjon. Après avoir commis les honteuses adaptations de Maison des morts et Seul dans le noir, Boll détruit cette fois une licence orientée fantasy avec l’accord prestigieux du studio Ateliers du XXe siècle. En effet, pour une raison qui échappe encore à presque tous ceux qui ont tenté de comprendre; les producteurs du film se sont dit que la meilleure manière de répondre au succès du Seigneur des Anneaux était d’embaucher un réalisateur déjà vilipendé par les trois quarts des geeks de la planète et de lui confier l’adaptation d’une franchise que seuls ces mêmes geeks connaissent. Parce que oui, ce nanar de luxe était initialement pensé comme la meilleure réponse possible à la trilogie de Peter Jackson.
Ici, pas de brave Hobbit ni de sage magicien devant survivre à mille périls dans une métaphore subtile des dangers de l’industrialisation et de la quête de pouvoir sur notre environnement, mais Jason Statham qui distribuera des torgnoles aux figurants canadiens portant une armure trop grande pour eux et maniant, sans grande dextérité, des épées en mousse. Malgré tout, cet effort insensé entre à peine dans notre top. En effet, si leLe film est riche de quelques séquences qui vous feront rire quelques instants nerveux et/ou moments de consternation incrédule, c’est surtout un peu trop long. Or, on le sait, les plus courts sont les meilleurs, surtout dans ce type de film. Il est cependant intéressant de noter que le film prévient très tôt les spectateurs sur sa véritable nature puisque dès sa première apparition, le personnage de Jason Statham est montré en train de cultiver des navets géants.
#4 Beowulf le Graham Baker (1999)
Ce film de Graham Baker tente de revisiter la légende du héros viking Beowulf, reste à affronter le monstre Grendel, mais avec Christophe Lambert, tout frais sorti du succès du premier Combat morteldans le rôle titre. Clairement inspiré de l’ambiance techno, cuir et kung-fu du « chef-d’œuvre » de Paul WS Anderson, ici l’épopée scandinave devient un spectacle improbable qui mélange tant bien que mal (mais encore assez mal) différents genres. Le film est une sorte de mélange entre univers médiéval fantastique et cyberpunk, traité avec un sérieux qui le rend involontairement hilarant. Entre une histoire décousue et une direction artistique complètement à côté du sujet, Beowulf se distingue également par ses effets spéciaux déjà archaïques à sa sortie et une bande-son digne d’une des compilations Réglage technologique (oui, ça existe vraiment).
Le spectacle tient ses promesses avec un Christophe Lambert en tenue de cuir et surinvesti, qui semble sincèrement croire qu’il joue du Shakespearemais qui passe son temps à affronter mollement des figurants roumains venus profiter du conseil d’administration. Le reste est à la hauteur, avecc son lot d’actrices seins nus, sa bande-son fatigante, ses seconds rôles en roue libre, ses dialogues improbables et une mythologie scandinave à peu près aussi respectée qu’un sexeur de filles au forum des carrières (oui, ce métier existe bien). Face à ce grand moment du tout, aussi déconcertant que déroutant, Au bout d’un moment, les nerfs cèdent et la stupeur laisse place à un rire d’abord nerveux, puis sincère.Une fois l’aberration acceptée, le film prend même un charme étrange.
#3 Les Barbares de Ruggero Deodato (1987)
Les Barbares, réalisé par Ruggero Deodato en 1987, avec son esthétique kitsch, ses muscles saillants et son humour involontaire est un film fantastique qui incarne parfaitement l’esprit des années 80. Ce classique culte suit les aventures de deux frères jumeaux, Kutchek et Gore, interprétés par les bodybuilders David et Peter Paul, qui doivent sauver la princesse Canary, kidnappée par le maléfique Kadar. Les frères Paul, peu habitués aux subtilités de l’art dramatique, compensent par leur physique imposant et une série de grimaces Des erreurs malheureuses qui les font souvent ressembler à des enfants de 8 ans coincés dans le corps d’haltérophiles dopés aux hormones. Pour l’amateur de fantasy, l’attraction principale de Les Barbares s’appuie finalement sur son caractère décomplexé et sa capacité presque surnaturelle à provoquer des rires involontaires, malgré la présence d’un généreux bestiaire de monstres et de sorciers.
Réalisateur Ruggero Deodato, surtout connu pour ses films d’horreur comme Holocauste cannibale, ou ses films d’aventure palpitants comme Gungala, la vierge de la jungle et sa suite Gungala, la panthère nue (oui, ces films existent), semble ici avoir tenté de faire une épopée fantastique très sérieuse, mais s’est visiblement laissé prendre au piège. Le film change radicalement de cap au fil du temps, devenant une sorte de comédie volontaire (ou pas), mais vraiment déconcertant. Et malgré un casting de seconds rôles plutôt convaincant (à l’échelle du projet) et un joli succès au box-office français (675 000 entrées tout de même), le film n’en est pas moins une sublime absurdité. Évidemment, même aujourd’hui, le gros attrait du film reste les frères Paul qui n’hésitent jamais à péter pour se libérer d’une potence ou faire des bruits d’animaux pour montrer leur contentement.
#2 Kalidor, la légende du talisman de Richard Fleischer (1985)
Sorti en 1985, après le déjà peu glorieux Conan le Destructeur, Kalidor Est une tentative ratée (et trop) de profiter du succès de Conan le barbare de John Milius, sorti en 1982. L’idée ici est de féminiser le genre en adapter le personnage de Sonja rouge, une héroïne de bande dessinée vaguement inspirée d’un personnage créé par l’auteur Robert E. Howard. Ici, c’est Brigitte Nielsen qui incarne celle que le public français connaît alors sous le nom de Sonia la rousse. Sonja est une guerrière qui cherche à venger la mort de sa famille en affrontant la cruelle reine Gedren. Dans sa quête, elle est ponctuellement aidée par Kalidor (Schwarzenegger), un personnage mystérieux et musclé. qui, sûrement pour une question de droit, n’est pas officiellement Conan, mais personne n’est dupe.
Et si, à ce stade, vous vous dites que tout va bien, on ne peut que vous conseiller de vous plonger dans ce désastre pour vous rendre compte de l’ampleur des dégâts. Dialogues d’une naïveté déconcertante, blagues racistes, propos sexistes, effets spéciaux dignes d’un film d’Ed Woodet des costumes à l’ambiance soirée SM qui renforcent l’aspect ultra-cliché des années 1980. C’est très simple : on se croirait dans une de ces vidéos générées par l’intelligence artificielle à qui l’on demande de réinventer un film dans une version dark fantasy des années 80. Difficile cependant de nier son plaisir face à un résultat souvent très drôle, que nous recommandons vivement. Mention spéciale pour Schwarzenegger, qui n’a jamais eu l’air aussi désolé d’être dans un film, et une séquence de combat contre un monstre aquatique que les acteurs déplacent eux-mêmes pour simuler l’attaque.
#1 Donjons & Dragons de Courtney Solomon (2000)
Toute la rédaction d’Hitek essaie le plus régulièrement possible de vous convaincre de revoir ou de découvrir Donjons et Dragons : l’honneur des voleursqui est définitivement l’un des meilleurs films de 2023 et peut-être l’un des meilleurs films de cette première moitié de la décennie. En revanche, il est bien évident qu’on ne pourra jamais en dire autant de la première adaptation de ce célèbre jeu de rôle. Sorti 23 ans plus tôt, en 2000, Donjons & Dragons est probablement l’un des plus gros échecs du fantasy. Mais un magnifique échec ! C’est bien simple : rien ne va plus dans ce film. Si tous les films précédents de ce top sont certainement de vraies bêtises, ils ont tous toujours un petit quelque chose à sauver : ça peut être une réplique un peu moins bête que les autres, un monstre réussi, un mouvement de caméra surprenant, etc. Mais ici, rien, absolument rien, ne va pas.
Cependant, Cette catastrophe à grande échelle est ce qui fait la force de ce nanar aujourd’hui. On voit, avec une fascination presque morbide, le film sombrer de scène en scène dans un marasme indescriptible. C’est très simple : on a l’impression, tout au long du visionnage, que des comédiens au réalisateur en passant par les techniciens ou le monteur, tout le monde est venu faire un film différent. Aucun acteur n’est jamais sur le même ton que l’autre. On pourrait citer la pauvre Thora Birch qui tente de reproduire le jeu de Natalie Portman dans La menace fantômeMarlon Wayans qui tente d’imposer le rythme de son show En couleur vivante, Bruce Payne, à peu près aussi expressif que Steven Seagal sur Xanax, mais la palme revient au pauvre Jeremy Irons, qui surjoue tellement chacune de ses répliques qu’il donne l’impression de tenter de remporter un pari dont on ne connaît pas bien les enjeux. Brochette Cerise sur la Manticore : tout ce petit monde est plongé dans un film d’une laideur sublime.
On passera rapidement à la production sans inspiration surtout vous inviter à profiter de la déambulation systématique à chaque étape de la direction artistique : décors de studio systématiquement ratésdes décors naturels systématiquement mal choisis ou mal filmés, leur conférant une planéité vertigineuse ; les costumes ne sont jamais cohérents les uns avec les autres et des effets spéciaux paradoxalement aussi ratés qu’ambitieux. Le film est certainement l’un des plus laids que vous ayez jamais vu. Pour vous donner une idée, le Beowulf de Christophe Lambert, dont nous parlions un peu plus haut, pourrait bien être visuellement discutable, il a au moins l’avantage d’être cohérent dans sa direction « artistique », ce que ce pauvre type ne peut même pas prétendre Donjons & Dragons version 2000. Quoi qu’il en soit, le film est désormais un incontournable du cinéma moderne. En revanche, on ne peut honnêtement pas recommander les deux suites qu’il a engendrées et qui, là, sont d’authentiques et soporifiques navets.
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