La cinéaste Sophie Deraspe s’approprie l’histoire vraie de Matyhas Lefebure, racontée dans son roman D’où viens-tu, berger ? (Leméac, 2006), pour réaliser une fresque cinématographique intitulée Bergers et présenté en ouverture du Festival Cinemania ce mercredi.
Dans son sixième long métrage, la réalisatrice raconte l’histoire d’un jeune publicitaire montréalais qui décide de tout quitter pour devenir berger en Provence.
La genèse de l’histoire pour moi remonte à 2015. Je ne m’attendais pas à une aventure qui demande autant d’années, autant de préparation.
a avoué Sophie Deraspe au micro de l’émission Pénélope sur ICI D’ABORD.
Dans le film BergersMathyas rencontre une fonctionnaire qui a elle aussi quitté son emploi et ensemble ils entament une transhumance avec un troupeau de moutons. Le film met en lumière la tradition du sud de la France consistant à transporter les troupeaux de moutons des bergeries vers les Alpes au printemps.
Matyhas Lefebure a donné carte blanche à Sophie Deraspe qui tenait entre ses mains le roman tiré de sa propre vie.
Il savait que j’allais m’adapter avec respect. J’ai eu ma propre expérience là-bas avec lui et j’y suis retourné. J’ai vécu les impacts de ce rapport au vivant, ce rapport à la nature brute, le rapport aux animaux, aux gens, leur façon de parler, de bouger, d’interagir les uns avec les autres. Cela a influencé mon écriture et c’était essentiel.
Le processus d’écriture du cinéaste est teinté de simplicité. J’ai voulu laisser de côté les mots et me concentrer sur ce que le cinéma peut transmettre de façon magistrale à travers la grandeur des images, explique-t-elle. Je sais que ce film a une magie que l’on a vécue et qui se transmet à l’écran quand on reprend possession du monde.
Un film humain
L’équipe du film était entourée et accompagnée de vrais bergers qui font partie du résultat final. On ne nous aurait jamais confié un troupeau
dit Sophie Deraspe.
Une envie de collaborer avec les gens du lieu
tout au long de la production du film, était nécessaire. J’ai réalisé ce film avec des partenaires sincèrement curieux. Nous n’aurions jamais pu faire le film sans les bergers
dit-elle.
Pour incarner Mathyas, le seul rôle québécois du film, Sophie Deraspe a rencontré plusieurs comédiens. C’est Félix-Antoine Duval qui avait tous les atouts pour devenir l’apprenti berger au centre de l’histoire.
Dans la réalité comme dans le film, un berger quitte la Provence et marche avec son troupeau pendant 17 jours. C’est un nomade, précise le réalisateur. Il dormira dehors avec le troupeau ou dans le van qui le suit, mais pas toujours.
Dans le film, il n’y a pas besoin d’un grand discours intellectuel ou politique. Se mettre ainsi en marge du monde est un choix punk en soi.
L’histoire de Bergers permet, selon elle, de changer notre rapport au travail et la vitesse de vie. Le message est ancré dans une proposition de détachement de la matérialité, un voyage hors du capitalisme.
Travaillez avec votre cœur
Bergers a remporté le prix du meilleur film canadien au 49e Festival international du film de Toronto (TIFF) en septembre dernier. Sophie Deraspe a remporté le même prix en 2019 pour son précédent film, Antigone.
Le dernier film de Sophie Deraspe a été présenté en première mondiale lors de la 49e édition du TIFF à Toronto.
Photo : TIFF
Le secret de ces succès ? Travaillez avec votre cœur. Malgré toute notre préparation pour BergersJe me suis dit qu’il fallait aussi se laisser prendre par la réalité, explique-t-elle. Faire un film comme celui-ci, c’est avant tout ouvrir son cœur et son esprit et laisser tout ce qui arrive arriver.
Bergers sera présenté en ouverture du Festival Cinemania (Nouvelle fenêtre) ce mercredi 6 novembre. Le long métrage sortira au Québec le 15 novembre.
Avec les informations de Pénélope.