Sorti le 16 octobre, la dernière production de Gilles Lellouche est devenue un véritable phénomène en salles avec déjà près de 3 millions d’entrées.
Il n’y a pas que l’amour qui fait « wow ». La dernière production de Gilles Lellouche, ouf mon amour qui raconte l’histoire d’amour passionnée mais torturée de deux adolescents d’origines sociales différentes sur plusieurs années est déjà l’un des plus gros succès français de l’année 2024. Depuis sa sortie le 16 octobre, le film cumule près de 3 millions d’entrées, ce qui en fait déjà la production française la plus appréciée au cinéma de l’année 2024.
Si les Français sont allés en masse au cinéma durant le mois d’octobre (+10,8% d’entrées sur un an selon le Centre National du Cinéma), le succès de ouf mon amour est multifactorielle. Soutenu par un casting cinq étoiles (François Civil, Adèle Exarchopoulos pour ne citer que le duo principal), une promotion réalisée avec beaucoup de succès, mais aussi un excellent bouche à oreille pour une sortie en pleine fête de la Toussaint, Gilles’ Le film Lellouche a surtout réussi la prouesse de toucher le public adolescent. Sur les réseaux sociaux, et notamment TikTok, de nombreuses personnes commentent des extraits du film.
Selon une étude de l’institut Vertigo, 29% des spectateurs de ouf mon amour sont âgés de 14 à 25 ans, rivalisant ainsi avec les blockbusters américains, comme Deadpool et Wolverine (27%) ou Dune : partie 2 (25%). Ce film sur un premier amour vibrant sur fond de guerre des gangs fait effectivement rêver la jeune génération. Avec de tels chiffres, ouf mon amour semble avoir un beau chemin devant lui. Si le long métrage figure donc bel et bien dans le top 10 des films les plus vus en France au cinéma, il reste tout de même loin derrière les deux productions françaises les plus appréciées de l’année, à savoir Un petit quelque chose en plus (10 millions d’entrées) et Les comtes de Monte-Cristo (9 millions d’entrées).
Synopsis – Les années 80, dans le nord de la France. Jackie et Clotaire ont grandi entre les bancs du lycée et les quais du port. Elle étudie, il traîne. Et puis leurs destins se croisent et c’est l’amour fou. La vie va tenter de les séparer mais rien n’y fait, ces deux-là sont comme les deux ventricules d’un même cœur.
Le public attendait ouf mon amour des bases solides, mais pour la critique, la projection cannoise, véritable tourbillon d’images et de musique, n’en a pas moins été une douche froide. Dans l’ensemble, les critiques de la presse sont assez mitigées. Certains se sont laissés emporter par le geste du cinéma, comme Première qui salue “la générosité” dont fait preuve Lellouche, qui en fait beaucoup, parfois trop, mais qui finit par séduire par sa sincérité. Le Parisien salue un film « vibrant et romantique » à la mise en scène enflammée et aux acteurs émouvants (Malik Frikah est notamment unanimement salué pour son premier rôle au cinéma), tout en dénonçant la complaisance dont fait preuve le film envers la violence dont fait preuve le protagoniste incarné par François Civil. Pour The Huffington Post, si l’histoire d’amour faite de violence et de dépendance dépeinte “ne fait pas rêver”, le long-métrage reste “waouh à regarder”.
Plus Amour ouf a ses nombreux détracteurs. Télérama déplore un « fourre-tout épuisant ». Dans le détail, c’est le manque de contrôle que reprochent les médias culturels et une « ambition un peu trop grande pour ça ». Malgré “une envie de cinéma aussi sincère que bruyante”, le réalisateur fait beaucoup de point de vue mise en scène et mélange des genres, le tout servi par “une vision très fleur bleue de l’amour”, malgré des performances d’acteurs saluées. Les Inrocks sont plus catégoriques, estimant que le film est « formellement pléthorique et assez nauséabond dans son propos ». Même son de cloche pour Le Point, qui estime qu'”il y a trop de tout comme dans un grand pudding au romantisme échevelé et qui déborde de partout”. Cela n’a pas empêché le film de recevoir une standing ovation de 15 minutes lors de sa première cannoise, un record pour cette édition… Mais de repartir bredouille en termes de récompenses.
17 ans de gestation
ouf mon amour est un film que Gilles Lellouche souhaitait réaliser depuis plus de 17 ans. C’est Benoît Poelvoorde qui lui offre le roman de l’écrivain irlandais Neville Thompson, Jackie aime Johnser, d’accord ? publié en 1997, lui conseillant d’en faire un film. Pendant des années, Gilles Lellouche a tenté de réaliser une « comédie romantique ultra violente », mais le projet a pris du retard. Enfin, après le succès de Grand bainpremière comédie réalisée par Gilles Lellouche, ouf mon amour est annoncé en marge du festival de Cannes 2021. Il faudra attendre encore trois ans avant que le film ne sorte en salles, le réalisateur écrivant le scénario conjointement avec Audrey Diwan (L’événement, Emmanuelle…).
Comme son nom l’indique, ouf mon amour retrace une histoire d’amour épique comme seul le cinéma peut la raconter, celle de Jackie et Clotaire. Ils se sont rencontrés adolescents, dans les années 1980, dans le Nord de la France. Alors que leurs origines sociales les opposent, ils tombent follement amoureux l’un de l’autre. Mais lorsque Clotaire est accusé d’avoir commis un crime, il est condamné à douze ans de prison et perd Jackie. Lorsqu’il part, à 27 ans, il est bien décidé à reconquérir celle qu’il aime et à rattraper le temps perdu.
Ajoutées à ce scénario romanesque et romantique, les rumeurs de véritable romance entre les deux stars du film (qui agacent les deux principaux intéressés qui refusent d’y répondre lors de la promo), de quoi titiller la curiosité.
Un casting de rêve
ouf mon amourc’est aussi un casting complètement époustouflant. Si Gilles Lellouche travaille « uniquement » à la réalisation et n’apparaît pas comme acteur dans le film, il a réuni autour de lui les plus grands noms du moment. François Civil (Les trois mousquetaires) and Adèle Exarchopoulos (La vie d’Adèle, je verrai toujours tes visages) incarnent les deux amants en adultes, quand ils sont Mallory Wanecque (Le pire) et Malik Frikah (Apache) qui incarnent leurs versions adolescentes. Autour d’eux, une myriade de seconds rôles évoluent : Alain Chabat (La ville de la peur), Benoît Poelvoorde (C’est arrivé près de chez toi, Podium), Vincent Lacoste (Illusions perdues, Hippocrate), Jean-Pascal Zadi (Tout simplement noir, en place), Elodie Bouchez (Je verrai toujours tes visages), Karim Leklou (BAC Nord, Le monde est à vous), Raphaël Quenard (Yannick) et Anthony Bajon (Prière) viennent tous répondre aux protagonistes.
Gros budget
Verser ouf mon amourGilles Lellouche a vu les choses en très grand : drame romantique, film de gangsters, scènes ultra-violentes ponctuées de scènes de danse, reconstitution des années 1980 et 1990, tubes (The Bure, Prince…), mise en scène soignée et photographie percutante… La presse déçue a dénoncé un “fourre-tout” au Festival de Cannes, obligeant Gilles Lellouche à réviser partiellement sa copie (le film est raccourci de 20 minutes par rapport à la version projetée sur la Croisette, nous apprend Le Parisien). En conséquence, le tournage a duré plusieurs mois, de nombreux décors ont été utilisés et l’équipe a été élargie à 90 personnes. A tel point que, selon le CNC, le film aurait coûté 35,7 millions d’euros.