Le documentaire « Jacques Ellul, un homme engagé », réalisé par son petit-fils, Jérôme Ellul, et produit par Mémoire de Bordeaux Métropole, sera projeté samedi 25 mai à la médiathèque de Pessac (1), qui porte le nom du penseur bordelais. Le jeune réalisateur, qui perpétue ainsi la mémoire de son grand-père, dévoilera l’homme derrière le penseur et l’écologiste de…
Le documentaire « Jacques Ellul, un homme engagé », réalisé par son petit-fils, Jérôme Ellul, et produit par Mémoire de Bordeaux Métropole, sera projeté samedi 25 mai à la médiathèque de Pessac (1), qui porte le nom du penseur bordelais. Le jeune réalisateur, qui perpétue ainsi la mémoire de son grand-père, dévoilera l’homme qui se cache derrière le premier penseur et écologiste.
Jérôme Ellul est le petit-fils de Jacques Ellul.
Collection personnelle JE
Qu’est-ce qui vous a motivé à écrire sur l’histoire de votre grand-père ?
Je m’y suis baigné. J’étais au collège à Bordeaux, mais je passais tous mes week-ends chez mes grands-parents. Quand il est mort, j’ai simplement vu qu’il y avait des livres à mon nom dans la bibliothèque. Cela commence à partir de là. S’en suit une démarche : d’abord, collectionner, retrouver des photos. Ensuite, il y a les maisons d’édition qui, petit à petit, vous appellent. J’ai franchi le pas car j’ai vu pas mal de documentaires qui me plaisaient. Celle de Serge Steyer (1994) ou de Michel Farin (1972).
Où avez-vous trouvé le matériel de ce documentaire ?
A la Mémoire de Bordeaux, à l’époque, il y avait des archives inutilisées. Cela a déjà été un vrai travail de régler les problèmes. Je possède quelques enregistrements audio des années 1980, et il se peut même qu’il y ait encore des archives à l’École nationale de la magistrature (ENM) car il avait donné des cours de philosophie du droit.
Collection personnelle JE
En tant qu’adulte, quel rapport entreteniez-vous avec ses pensées ?
J’ai étudié l’histoire : j’ai cité mon propre grand-père dans mes mémoires ! Il fait partie d’une bibliographie commune aux étudiants en droit et en histoire. Ainsi, en effet, en tant qu’étudiant en histoire, je n’ai eu aucun scrupule à le citer.
« Père de l’écologie moderne » et à contre-courant à la fois ?
Oui, car il analyse à la fois le processus de révolution industrielle, celui de propagande du progrès technique et toute cette civilisation des loisirs compensatoires. Ce qui va être inquiétant dans les années 1970 : tout le monde est sur l’idée de progrès, d’amélioration de la santé au travail.
Il est très loin des réseaux intellectuels et médiatiques de l’époque. Aujourd’hui, quelle est sa zone d’influence ?
Il existe une réception intellectuelle différente selon les pays. J’ai mesuré son influence lors d’un voyage aux États-Unis où nous avons voulu poursuivre sa réflexion, tant sur la théologie que sur la critique de la technologie. Sur ces deux aspects. Alors qu’en France, le côté chrétien est inquiétant. Jacques Ellul avait une pensée universelle, qui concernait toutes les sociétés dans un important processus de technicisation.
Collection personnelle JE
Que critique Jacques Ellul dans cette technicisation ?
C’est tout simplement le règne des images. Un mot enfoui sous une tonne de propagande. Nous y sommes, et j’y participe : j’utilise les médias, la technique, le montage vidéo, l’ordinateur, comme tout le monde. Je ne suis pas exempt de culpabilité…
J.érôme Ellul animera également un débat avec le public après la projection, samedi à 15h dans l’auditorium de la médiathèque Jacques-Ellul, Pessac. Gratuit. 05 57 93 65 40.
