L’écologie, largement absente des élections en Inde

L’écologie, largement absente des élections en Inde
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En octobre 2023, New Delhi est redevenue la capitale la plus polluée du monde et ses 30 millions d’habitants ont dû endurer des niveaux inhumains de particules fines. En décembre dernier, la grande ville de Chennai a été confrontée à des inondations massives. Enfin, Bangalore, la Silicon Valley indienne, est confrontée depuis deux mois à la pire sécheresse de son histoire.

Bien que ses mégalopoles soient au bord d’un gouffre écologique et que, dans les campagnes, les agriculteurs soient confrontés à des conditions climatiques toujours plus extrêmes, l’écologie reste absente des priorités politiques en Inde, élection après élection.

Les grandes élections législatives qui ont débuté le 19 avril et se poursuivront jusqu’au 1er juin, à l’issue desquelles sera désigné le prochain Premier ministre du pays, ne font pas exception.

“ L’écologie a disparu de la campagne électorale »

“ C’est encore pire que lors des élections précédentes »dénonce pour Reporterre Bhavreen Khandari, co-fondatrice de Warrior Moms. Cette militante écologiste utilise son réseau pour sensibiliser les habitants de New Delhi à la pollution de l’air. “ Auparavant, nous étions au moins sollicités lors des débats ou consultés par les partis politiques. Mais cette année, l’écologie a disparu de la campagne électorale. »

Élu en 2014, Narendra Modi vise un troisième mandat à la tête du pays le plus peuplé de la planète. Son Parti du peuple indien, le Bharatiya Janata Party (BJP), prend en dix ans le contrôle des principales chaînes de télévision du pays et instaure un culte de la personnalité. Sous sa gouvernance, se vante du BJPL’Inde est passée de la onzième à la cinquième puissance économique en termes de PIBet deviendra le troisième d’ici 2029 s’il est réélu.

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Les élections législatives ont débuté le 19 avril et se poursuivront jusqu’au 1er juin.
Fernando Stankuns / CC PARNCSON 2.0 Acte/Flickr

Résolument productiviste et couplée à une rhétorique jouant sur la peur des musulmans, la campagne de Narendra Modi ne laisse aucune place à l’écologie. Face à ce leader de plus en plus autoritaire, l’opposition s’est regroupée au sein d’une coalition pour “ sauver la démocratie ». Une cause existentielle capable de fédérer les différents partis qui la composent et de créer un déferlement chez les électeurs, mais cette urgence démocratique brandie contribue aussi à reléguer aux oubliettes l’urgence climatique.

Fait notable pour qui veut se consoler, la classe politique indienne ne pratique pas le climato-scepticisme de l’extrême droite occidentale et les programmes des partis comportent plusieurs pages consacrées à l’écologie.

La chaleur extrême pourrait perturber le vote

LE BJP rappelle que l’Inde, de par son nombre d’habitants, est un élève modèle en termes d’émissions de carbone, et salue les grands programmes lancés par Narendra Modi dans le solaire et l’hydrogène. Le principal parti d’opposition, le Parti du Congrès, promet de renforcer le code environnemental indien, largement vidé de sa substance sous l’ère Modi.

De bonnes intentions… surtout en principe. “ C’est aussi parce que les citoyens indiens ne considèrent pas comme une priorité que les partis ne parlent pas d’écologie aux électeurs. »Juge Bhavreen Khandari.

“ En Inde, il existe une petite classe de privilégiés qui pensent pouvoir toujours se débrouiller avec la climatisation ou des pétroliers privés. Et le reste de la population qui souffre de la crise environnementale, mais qui est d’abord absorbé par sa survie quotidienne. »

Ironiquement, l’environnement pourrait encore être affecté pendant ces six semaines de votes, qui ont lieu pendant la saison chaude.

“ Compte tenu des prévisions de températures supérieures à la normale, une réunion est en cours pour atténuer les risques sur le scrutin »a déclaré la Commission électorale lundi 22 avril. Des risques loin d’être théoriques : ces dernières années, les rassemblements politiques sous une chaleur extrême se sont révélés carrément meurtriers pour de nombreux Indiens.

 
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