de vieux films inconnus qui dormaient dans les greniers

de vieux films inconnus qui dormaient dans les greniers
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Ces films amateurs réalisés entre 1939 et 1945 nous permettent d’entrer dans l’intimité de familles prises dans les tumultes de l’Histoire. « C’est voir cette époque à travers le regard de l’habitant », explique l’historien Marc Pottier, auteur d’une série documentaire pour France 3 Normandie.

La main qui tient l’appareil photo tremble un peu. Le mouvement est maladroit. En juin 1939, Pierre Le Bihan « marchand de grains à Conches-en-Ouches dans l’Eure » filme les énormes navires de guerre de l’escadre de l’Atlantique faisant escale au Havre. Des milliers de visiteurs se pressent pour admirer les cuirassés puissamment armés, comme pour se rassurer.

Le 19 juin, grâce à son nouvel appareil photo, Pierre Le Bihan a également immortalisé l’entrée au port du Normandie, le plus grand paquebot du monde, fierté nationale. Personne ne le sait encore, mais quelques jours plus tard, le Normandie effectuera son dernier voyage. La bobine de Pierre Le Bihan contenait une petite partie de notre Histoire.

La série documentaire Quand les Normands filmaient la guerre s’appuie sur des films de famille, des images d’amateurs qui dormaient dans des cartons rangés dans de vieux placards, oubliés dans la pénombre des greniers. Ces dernières années, ils ont été collectés et numérisés par Normandie Images et par les Archives départementales de la Manche. Certains particuliers avaient également confié des bobines à la Fabrique du Patrimoine.

« Ce sont des images exceptionnelles, d’abord parce qu’à cette époque les caméras étaient rares. De plus, les bobines ont échappé à la destruction de 1944 et, par miracle, elles ont résisté à l’épreuve du temps. » explique l’historien Marc Pottier. “Ils sont aussi exceptionnels car ils permettent de porter un autre regard sur cette époque. Les films montrent l’intimité du quotidien. Ils racontent comment les gens ont vécu les privations et les difficultés. C’est une histoire proche de la réalité.

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Communiant en juin 1040 à Gisors. Dans la rue, une longue file de voitures : des réfugiés belges et néerlandais fuyant l’avancée des troupes allemandes. La guerre se rapproche.

© Normandie Images

Quelques mois plus tard, Fernand Bignon filme la première communion de sa fille à Gisors au printemps 1940. Elle marche sur le trottoir. La voix de l’historien guide notre regard. En arrière-plan, une longue fille de voitures s’étend à l’infini. Les réfugiés de Belgique et des Pays-Bas ont fui lorsque les troupes allemandes ont envahi leur pays.

Le communiant ne les voit pas. Elle est d’abord préoccupée par le vent qui souffle sur son voile immaculé. “C’est un cinéma intimistenote Marc Pottier, mais quand on regarde en arrière, on peut comprendre beaucoup de choses.

Les épisodes de trente-trois minutes seront diffusés jusqu’à l’été. Ils couvrent la période allant de la déclaration de guerre à la libération. « Nous arrivons à une époque où les témoins de cette époque disparaissent, souligne Maud de Bohan, déléguée aux antennes de France 3 Normandie. Avec ces films, on entre dans le cœur des familles. Les personnes filmées sont confiantes. Le regard est sympathique. C’est captivant. Ces images ont la force de l’intimité.

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En 1940, un convoi de l’armée anglaise, fraîchement débarqué dans un port normand, se dirige vers le front sous le regard des passants. La confiance règne toujours…

© Normandie Images

Sous l’occupation, il est strictement interdit d’utiliser un appareil photo. On filme alors l’occupant sous le manteau, ou protégé derrière les rideaux d’une fenêtre. “Dans le Cotentin, quelqu’un a également filmé en toute discrétion un soldat allemand dans une épicerie, dit Marc Pottier. Il discute avec l’épicier et sa fille. Cela montre aussi toutes les ambivalences de la relation entretenue avec l’occupant.

La caméra capture des scènes du quotidien. « On a quelqu’un qui montre sa voiture garée dans le garage parce qu’il n’y a plus de carburant. Il filme son vélo : la petite reine est le moyen de transport du moment. Nous filmons les lapins dans les clapiers car ils « constituent la base de l’alimentation. Quelqu’un montre comment faire du sucre avec une betterave.

Une bobine contenait cette scène étonnante : des Normands réquisitionnés pour monter la garde devant un poteau télégraphique afin de prévenir des actes de sabotage. « Notre mémoire de la guerre, c’est le Débarquement puis la Bataille de Normandie », souligne Marc Pottier.

Ces films ont le mérite de rappeler la longue période de l’occupation, les files d’attente devant les magasins, les balades à vélo pour se ravitailler, la vie quotidienne. Les gens nous racontent leurs expériences, peut-être dans l’idée de le montrer plus tard… »

Marc Pottier

Historien, réalisateur de la série documentaire Quand les Normands filmaient la guerre

Personne n’a filmé le Débarquement. Nous devons nous contenter des films et des images de propagande produits par les opérateurs militaires. Des caméras amateurs, en revanche, montraient la réalité des destructions et de la vie quotidienne dans les décombres.

« Nous avons tous des histoires de guerre dans nos familles.note Maud de Bohan. Ces histoires, c’est un peu les nôtres, celles de nos grands-parents, de nos arrière-grands-parents. Nous avons tous de vieux albums de famille. Avec ces films, c’est comme si de vieilles photos en noir et blanc prenaient vie. Les visages prennent vie. Ce sont nos histoires de famille.

Production Keren, écrit et réalisé par Marc Pottier

Diffusion sur France 3 Normandie samedi et dimanche à 19h

Un documentaire de 52 minutes, production Keren, réalisé par Stéphane Miquel à partir de ces images sera diffusé le 5 juin en deuxième partie de soirée.

 
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