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Le jour où Ricciardo a acquis sa réputation de grand freineur

Nous sommes le 27 juillet 2014 : Daniel Ricciardo remporte un Grand Prix de Hongrie pluvieux, sa deuxième victoire en Formule 1, au prix de deux dépassements très audacieux ! Présent en Formule 1 depuis la seconde moitié de la saison 2011, il se démarque par être un pilote n’hésitant pas à retarder le freinage jusqu’au tout dernier moment afin de dépasser ses adversaires.

Les protagonistes

Mercedes s’apprête à disputer son 100ème Grand Prix de Formule 1 et, soyons clairs, la victoire l’attend. Depuis le début de la saison, les Flèches d’Argent de Lewis Hamilton et Nicolas Rosberg n’ont laissé que des miettes à leurs adversaires tant leur supériorité est évidente. Cependant, le Grand Prix du Canada a prouvé que les W05 n’étaient pas infaillibles : Hamilton a abandonné sur un problème de freins et le dysfonctionnement du groupe motopropulseur de Rosberg a offert la victoire à Daniel Ricciardo.

Sans compter les pilotes Mercedes, qui sont sur une autre planète, Ricciardo est l’homme fort de cette première partie de saison. Pour sa première année à Courses Red Bulll’Australien domine son coéquipier Sébastien Vettelquadruple champion du . Sa victoire au Canada et ses trois autres podiums le propulsent à la troisième place du classement général, avec neuf points d’avance. Fernando Alonso.

Le pilote Ferraridouble vice-champion du monde en titre, hérite cette saison d’une voiture encore plus difficile à piloter que la fameuse F2012. Seul un podium, en Chine, met un rayon de soleil sur un début de saison calamiteux pour le Cheval Cabré, qui a vu son directeur, Stefano Domenicali, démissionner et être remplacé par Marco Mattiacci.

La pluie s’en mêle

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Daniel Ricciardo au volant de la RB10 à Budapest.

Photo par : Images de sport automobile

Encore une fois, la fiabilité fait défaut chez Mercedes. Lors des qualifications, le moteur V6 turbo hybride de Hamilton est parti en fumée et l’a obligé à s’élancer depuis la voie des stands. Son coéquipier et rival pour le titre, Rosberg, s’élançait de la pole position. Comme en Allemagne une semaine auparavant, le Britannique doit remonter s’il ne veut pas perdre le contact au classement général. En raison de ses courtes lignes droites et de ses nombreux virages à chemin unique, le Hungaroring n’est pas le lieu idéal pour une telle chose. Mais les chances de Hamilton ont soudainement augmenté lorsque la pluie est tombée sur le circuit quelques minutes avant le départ.

Une erreur de pilotage dans les premiers mètres de course a donc surpris tous les spectateurs, le Champion du Monde étant tellement doué dans ces conditions. A l’entame du troisième virage, la Mercedes portant le numéro 44 part en tête-à-queue et heurte les barrières. Hamilton s’en sort bien, avec un aileron avant légèrement endommagé.

Aux avant-postes, Rosberg creusait déjà l’écart mais les fruits de ses efforts partaient en fumée lorsque la Safety Car intervenait après l’accident de Marcus Ericsson. Jenson Button, Daniel Ricciardo, cinquième et sixième, profitaient de la neutralisation pour s’engouffrer dans la voie des stands. Le premier conserve les pneus intermédiaires tandis que le second les troque contre des pneus slicks. Ayant déjà franchi la ligne d’arrivée à ce moment-là, les quatre premiers ne les ont imités qu’un tour plus tard et leur ont donné les clés de la course.

A la relance, le pari de Button ne lui donne qu’un avantage à court terme : la piste s’assèche, et la pluie ne revient pas. Le pilote McLaren doit rapidement observer un deuxième arrêt et abandonne la victoire.

Nouvelle crise chez Mercedes

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Daniel Ricciardo s’est imposé dès sa première saison avec Red Bull.

Photo de: Sutton Images

Plus en retrait dans le peloton, Hamilton a profité de la neutralisation pour se hisser aux portes du top 10 après 13 tours. Moins à l’aise sur le mouillé, Rosberg recule. Très vite, il devient évident que les pilotes Mercedes vont (encore) se croiser… Le rendez-vous tant redouté par Toto Wolff, directeur de l’équipe, est reporté à la fin de l’épreuve en raison de stratégies différentes : deux arrêts pour Hamilton, trois pour Rosberg .

Après le dernier arrêt au stand du Britannique, au 39e tour, il sort des stands en cinquième position et devance Rosberg, qui ne s’est pas encore arrêté. A ce moment, la radio du numéro 44 crépite. Nous lui faisons savoir que son coéquipier est plus rapide et qu’il doit s’écarter. La réponse est sans équivoque : « Je ne vais pas ralentir pour Nico. S’il peut s’approcher pour passer, alors laissez-le me dépasser.

Inutile de dire que Mercedes est sous pression. En agissant ainsi, Hamilton préserve ses chances de victoire, qui sont loin d’être nulles, mais il compromet grandement celles de son équipier. Au final, Rosberg ne dépassera jamais Hamilton et effectuera son dernier arrêt avec une bonne vue sur le diffuseur de son coéquipier.

Ricciardo au bout du suspense

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Un sourire musclé !

Photo de : Andy Hone / Images de sport automobile

Hamilton n’est pas le seul à adopter une stratégie à deux arrêts. Alonso a également décidé de ne s’arrêter que deux fois, lui permettant de prendre la tête du classement lors du troisième arrêt de Ricciardo. Pour la première fois cette année, l’Espagnol a une chance de gagner une course. Cependant, ses pneus usés se sont détériorés, et petit à petit, Hamilton et Ricciardo se sont jetés sur lui.

Les spectateurs du monde entier sont debout alors que le trio de tête entame les derniers tours. Alonso est clairement à l’arrêt, mais les pneus de Hamilton montrent également des signes de faiblesse. Le pilote Ferrari donne tout pour rester devant, quitte à emprunter l’échappatoire à la chicane. Les tours s’enchaînent : 65ème, 66ème, 67ème tour… Il ne reste plus que quatre boucles à parcourir et l’Asturien est toujours en tête ! Mais entre-temps, un dépassement s’est produit dans ses rétroviseurs.

Au 65e tour, Ricciardo rejoint Hamilton, par l’extérieur, au troisième virage. La tentative de dépassement n’a pas abouti, l’Australien a failli sortir de la piste. Mais il a confiance en ses freins, bien plus que ses adversaires. Quelques minutes plus tard, il retente la même manœuvre et cette fois, ça marche ! Même s’il a parcouru une plus grande distance que Hamilton, Ricciardo s’est positionné idéalement pour le virage suivant et a dépassé la Mercedes. On exulte dans le garage Red Bull, mais il reste encore une voiture à dépasser.

Dans les deuxième et troisième secteurs, le RB10 se rapproche du 4-T. Alonso est en bonne voie pour finir sur les jantes, mais un bon run dans le dernier virage pourrait lui donner suffisamment d’avance pour rester en tête avant l’avant-dernier tour. Mais c’est sans compter l’appétit monstre de Ricciardo qui, après avoir activé le DRS, se jette à l’intérieur dès le premier virage. L’opération est propre, nette et sans bavure.

Tout comme au Grand Prix du Canada, Ricciardo n’a pas tremblé lors des dépassements pour la victoire en fin de parcours. Son deuxième succès en F1 est encore meilleur que le premier, et ce n’est pas le dernier de la saison. Dès le Grand Prix suivant, en Belgique, il profite d’un accrochage entre les pilotes Mercedes pour remonter sur la plus haute marche du podium.

 
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