« C’est le money time », résume un négociateur socialiste. A quelques heures de la déclaration de politique générale de François Bayrou, prévue ce mardi 14 janvier à 15 heures, les socialistes maintiennent la pression ce lundi pour obtenir la suspension immédiate de la réforme des retraites, principale concession qu’ils réclament comme condition pour pouvoir de ne pas susciter une censure immédiate de la part du gouvernement.
Dans l’après-midi, une délégation d’émissaires socialistes a été reçue pendant deux heures au ministère de la Santé. Ce lundi soir, à partir de 18h30, un nouveau rendez-vous était organisé à Matignon. Elle devait réunir, côté gouvernement, le Premier ministre François Bayrou, ses ministres de l’Économie et des Comptes publics, Éric Lombard et Amélie de Montchalin, et, côté socialiste, le patron du PS Olivier Faure et les présidents du parti. groupes parlementaires Boris Vallaud (Assemblée) et Patrick Kanner (Sénat).
Car c’est bien Matignon, en lien avec l’Élysée, qui décidera en fin de compte du sort de la tant décriée réforme des retraites. “Je crois que jusqu’à l’impression définitive du discours, les choses peuvent changer”, a déclaré un proche de Faure. Mais on ne peut pas nous reprocher de ne pas nous battre jusqu’à la dernière minute. Si nous sortons avec le scalp de la réforme des retraites, la victoire des Français sera majeure. » Dans le cas contraire, les 66 députés socialistes pourraient voter la censure. “Si après avoir cherché tous les compromis possibles, nous n’avons rien, nous ne siégerons pas tranquillement dans notre section de l’Assemblée”, menace le cadre socialiste.
Avant cette ultime réunion, une entrevue de deux heures a eu lieu ce mardi après-midi, entre 14 heures et 16 heures, au ministère du Travail, avenue Duquesne. Autour de la table pas moins de cinq ministres : Éric Lombard (Économie), Amélie de Montchalin (Comptes publics), Catherine Vautrin (Santé), Astrid Panosyan-Bouvet (Travail et Emploi) et Charlotte Parmentier-Lecocq (Autonomie et Handicap) font face à un délégation de quatre députés et quatre sénateurs. A Matignon, on explique que les points du projet de loi de finances (PLF) et du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) ont été revus mais qu’il n’a pas été question d’arbitrage sur la réforme des retraites. Les quatre ministres ont ensuite rendu compte à François Bayrou en vue de la décision finale.
Mais de l’avis de plusieurs participants socialistes, cette réunion ne s’est pas déroulée comme ils l’espéraient. « On commence tout juste à avoir des réponses précises et, sans surprise, le décompte n’est pas là », murmure un socialiste qui participait à la réunion au ministère de la Santé. Tout va se cristalliser dans les derniers instants. Ils nous ont renvoyés à l’étage suivant, et nous ne sommes pas satisfaits des réponses sur PLF et PLFSS. C’est en dessous du niveau d’écoute qu’ils avaient la semaine dernière. »
Un autre socialiste propose la même histoire. “Ça s’est très mal passé : le compte n’y est pas”, déplore-t-il. Ils nous ont présenté le même budget que Michel Barnier. On se moque du monde : c’est une comédie. Il y aura une censure jeudi s’il n’y a pas d’évolution. Après toutes ces discussions, ils pensent pouvoir nous faire avaler ça ! Il faut maintenant rouvrir la discussion et nous enverrons un message de fermeté dans les prochaines heures. »