Magnat de la cryptographie –
Le Monténégro va extrader Do Kwon vers les États-Unis
Le spécialiste sud-coréen des cryptomonnaies Do Kwon, accusé de fraude massive, va être extradé vers les Etats-Unis, mettant fin à une longue bataille judiciaire.
Publié aujourd’hui à 19h53
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Près de deux ans après son arrestation au Monténégro, le spécialiste sud-coréen des cryptomonnaies Do Kwon, soupçonné de fraude portant sur plusieurs dizaines de milliards de dollars, va être extradé vers les Etats-Unis plutôt que vers son pays d’origine.
Le magnat de la crypto, de son vrai nom Kwon Do-Hyeong, est recherché pour la faillite de sa société Terraform Labs, fondée en 2018, et qui a développé les cryptomonnaies TerraUSD et Luna.
Le pays de son extradition a été annoncé vendredi par le ministère monténégrin de la Justice, mettant fin à une longue procédure judiciaire. Une décision immédiatement dénoncée comme « illégale » par les avocats de l’intéressé.
“Le ministre de la Justice Bojan Bozovic a pris la décision autorisant l’extradition du suspect Kwon Do Hyeong vers les Etats-Unis”, a indiqué le ministère dans un communiqué.
Do Kwon a été arrêté en mars 2023 à l’aéroport de Podgorica, la capitale monténégrine, alors qu’il s’apprêtait à embarquer sur un vol à destination de Dubaï, en possession d’un faux passeport costaricain. Il était en fuite depuis des mois, ayant fui la Corée du Sud, puis Singapour, avant que son entreprise ne fasse faillite en 2022.
Son extradition a été demandée par Séoul et Washington pour son rôle présumé dans une fraude liée à la faillite de son entreprise qui a effacé environ 40 milliards de dollars (38 milliards d’euros) de valeur et ébranlé les marchés financiers mondiaux. crypto-monnaie.
Reprise politique
Intervenant trois mois avant les élections législatives au Monténégro, son arrestation a été utilisée dans la campagne par le Premier ministre sortant, Dritan Abazovic, accusant un opposant, Milojko Spajic, qui deviendra chef du gouvernement à l’issue du scrutin, d’avoir entretenu des liens avec avec Do Kwon.
Les médias locaux ont affirmé en juin 2024 que Spajic avait investi 75 000 euros dans la société Terraform Labs en 2018, citant un tribunal américain.
Après une série de décisions des tribunaux monténégrins, approuvant puis annulant les demandes d’extradition, la Cour constitutionnelle du pays a levé mardi le dernier blocage.
Elle a validé la décision de la Cour suprême qui avait jugé en septembre que les conditions étaient réunies pour l’extradition de l’entrepreneur vers la Corée du Sud ou les Etats-Unis. En laissant au garde des Sceaux le soin de trancher sur ces demandes « concurrentes ».
« Le ministère de la Justice a pris en considération tous les faits et circonstances (…) tels que la gravité des actes criminels, la localisation des faits, l’ordre de dépôt de la demande (d’extradition)… ».
« violation grave des droits humains fondamentaux »
Selon la Cour constitutionnelle, Do Kwon « a accepté l’extradition » vers l’un ou l’autre pays. “Il n’a pas évoqué les conditions familiales (…) ni la séparation de la famille”, a expliqué le tribunal.
Toutefois, les avocats monténégrins de Do Kwon, Marija Radulovic et Goran Rodic, ont déploré le « refus », selon eux, du ministre de la Justice de leur rendre sa décision vendredi avant la fin de la journée. “Il s’agit d’une violation drastique des droits humains fondamentaux de Do Kwon, à savoir le droit à la défense et le droit de faire appel”, ont déclaré les avocats dans un communiqué transmis à l’AFP.
En affirmant que les tribunaux locaux avaient statué à deux reprises, « en évaluant les mêmes paramètres », que leur client pouvait être extradé vers la Corée du Sud, ils estiment que la décision du ministre est « illégale » et contraire à la Convention européenne d’extradition.
Un « génie »
Do Kwon a été arrêté avec son directeur financier. Ce dernier a été extradé vers la Corée du Sud en février. Les deux hommes avaient également dans leurs bagages des passeports belges portant des noms différents, selon un tribunal local.
Ce diplômé de Stanford, qui a travaillé chez Apple et Microsoft, a connu un succès rapide, attirant des milliards d’investissements et déclenchant un battage médiatique mondial. Les médias sud-coréens l’ont qualifié de « génie ».
Terra a été présenté comme une cryptomonnaie stable, un dollar pour un terra, censée être moins volatile qu’une cryptomonnaie classique comme le bitcoin dont le prix fluctue en fonction de l’offre et de la demande. Mais contrairement aux pièces stables plus grandes, sa stabilité était garantie par un algorithme plutôt que par ses propres réserves de devises ou d’autres actifs corporels.
Les experts ont expliqué que Kwon avait mis en place une chaîne de Ponzi, un montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements des clients existants principalement avec des fonds fournis par les nouveaux entrants. Il a déposé le bilan aux Etats-Unis de sa société Terraform Labs, basée à Singapour, avait indiqué la société en janvier.
La chute des deux monnaies aurait entraîné des pertes supplémentaires de plus de 500 milliards de dollars sur les marchés mondiaux des cryptomonnaies.
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